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Relation avec les parents, équipes stables, priorité au langage : comment des collèges font réussir des élèves défavorisés (enquête de l’académie de Nantes)

5 novembre 2005

Extrait du site de l’académie de Nantes, le 04.11.05 : Les réussites paradoxales aux évaluations d’entrée en sixième

Synthèse des observations et analyses réalisées sur le terrain, article repéré par « L’Expresso » du 04.11.05

L’analyse comparée des résultats aux évaluations à l’entrée en sixième (1) pour tous les collèges de l’académie a montré qu’il existait une disparité importante entre établissements sur le territoire académique mais aussi, et c’est là un élément très mobilisateur pour tous les acteurs du système éducatif, qu’il n’y avait pas de corrélation systématique entre les scores obtenus par les élèves et leur origine sociale, la catégorie socioprofessionnelle de leurs parents.

Ainsi des collèges présentant des taux de PCS défavorisées supérieurs à la moyenne académique figuraient parfois dans le peloton des établissements où les élèves réussissaient bien, voire très bien les tests d’évaluation ou, du moins, obtenaient des résultats bien meilleurs que des collèges accueillant des publics plus favorisés. Là où une forme de fatalité sociale aurait laissé attendre des résultats faibles, on se trouvait au contraire face à de véritables réussites scolaires, en français comme en mathématiques. C’est cet aspect paradoxal des résultats de l’évaluation 6ème que le groupe Pôle pédagogique a souhaité explorer.

Dans un premier temps, ont donc été retenus quatre collèges. L’un offre des résultats excellents, pour une population scolaire où les PCS défavorisées se situent dans la moyenne académique ; il s’agit du collège Milcendeau à Challans. Les trois autres sont des établissements aux PCS nettement défavorisées, mais qui affichent cependant des résultats moyens, voire bons, aux évaluations : on trouve dans cette catégorie le collège Stendhal de Nantes, le collège Tiraqueau de Fontenay-le-Comte et le collège Alfred Jarry de Renazé. Il a été ensuite demandé aux IEN en charge des circonscriptions correspondant à ces collèges de choisir deux écoles (une, pour ce qui concerne le collège de Renazé), en essayant de varier au mieux l’échantillon : petite/grande école, école rurale / de ville, écoles de ZEP, école d’application, etc. Ont été concernées les écoles suivantes :

(...)

Après qu’un calendrier et un programme eurent été élaborés, chacune a fait l’objet d’au moins une journée de visite par un groupe composé de l’IEN de la circonscription accompagné, pour chaque école, de deux IA-IPR, l’un de Lettres, l’autre de Mathématiques.
Ces visites croisées ont consisté en observation de cours, de français et de mathématiques en priorité, mais aussi d’anglais, en consultation des outils des élèves (cahiers, manuels, référents...) et ont donné lieu à chaque fois à des entretiens, des discussions, des rencontres avec les enseignants. Sur certains sites, l’observation a pu porter sur des activités moins « ordinaires » : séance de « travail personnel contractualisé » en CM1-CM2, atelier de liaison Grande Section - CP. Dans tous les cas, le groupe d’inspecteurs a eu le souci de ne pas se cantonner au niveau d’enseignement du CM2 et de réaliser des observations dans diverses classes, afin d’avoir une vue d’ensemble du parcours suivi par les élèves dans une même école.

Pour ces visites, le choix a été fait de limiter volontairement les ambitions de l’enquête. Il n’était pas question, étant donné la modestie des moyens mis en oeuvre, l’étroitesse de l’échantillon, la non prise en compte d’un nombre important de paramètres connexes, de prétendre à un travail « scientifique », de réaliser une étude visant à poser des conclusions « définitives ». On a seulement souhaité que ces visites croisées puissent faire apparaître quelques éléments pouvant expliquer la réussite des élèves, notamment dans les deux disciplines, français et mathématiques, autour desquelles s’articule l’évaluation 6ème. Il s’agit donc moins d’un travail réflexif appuyé sur des méthodes scientifiques que d’une enquête pragmatique visant à un peu mieux comprendre le fonctionnement de ces « écoles de la réussite ».

Les enseignants ayant été informés par l’IEN que ces visites ne correspondaient en aucune façon à des inspections, il importait que l’observation de cours et plus encore le temps de rencontre se déroulent dans un climat d’ouverture et d’écoute. C’est dans ce sens qu’on a souvent profité de l’opportunité d’un déjeuner en commun pour donner un tour plus libre et plus convivial à ce moment. Dans le même esprit, on a évité toute demande injonctive de documents, tout questionnement trop vétilleux. On a privilégié à l’inverse les questions ouvertes du type « qu’est-ce que vous faites pour faire réussir vos élèves ? Qu’est-ce que vous avez fait évoluer dans vos pratiques ? Quelle analyse faites-vous de la réussite de vos élèves à l’évaluation d’entrée en sixième ? ... ». On a veillé, en fait, à être le plus perméable, le plus réceptif possible à toute parole, tout signe, tout document, tout élément susceptible d’aider à éclairer le paradoxe de ces réussites scolaires. Chaque visite a donné lieu à un compte rendu rédigé par l’équipe d’inspecteurs concernés.

(1) Les résultats utilisés ont été ceux de l’année scolaire 2003-2004, mais l’examen de ceux de l’année 2004-2005 a permis de constater que les collèges retenus pour établir une liste d’écoles à visiter figurent bien encore parmi les établissements obtenant des résultats satisfaisants, parfois excellents, compte tenu de la population d’élèves qu’ils accueillent.

Lire la suite sur le site de l’académie de Nantes (lien ci-dessus)

L’avis de l’Expresso après la lecture de ce rapport :

L’analyse comparée des résultats aux évaluations à l’entrée en sixième pour tous les collèges de l’académie (de Nantes) a montré qu’il existait une disparité importante entre établissements sur le territoire académique mais aussi... qu’il n’y avait pas de corrélation systématique entre les scores obtenus par les élèves et leur origine sociale... Ainsi, des collèges présentant des taux de PCS défavorisées supérieurs à la moyenne académique figuraient parfois dans le peloton des établissements où les élèves réussissaient bien, voire très bien les tests d’évaluation... Là où une forme de fatalité sociale aurait laissé attendre des résultats faibles, on se trouvait au contraire face à de véritables réussites scolaires, en français comme en mathématiques". C’est le cas par exemple d’élèves venus d’écoles comptant 69% de PCS défavorisées et 35% d’élèves étrangers. Le pôle pédagogique de l’académie de Nantes a enquêté pour connaître les clés de ces réussites inattendues. L’étude met en évidence plusieurs facteurs.

" Même si on constate dans la majorité des écoles visitées un manque d’ambition scolaire chez les élèves et leurs familles, une certaine pauvreté culturelle et langagière, contre laquelle des efforts importants sont menés, il y a partout un grand respect pour l’école, parfois au prix de gros efforts des équipes d’enseignants pour construire ou reconstruire une représentation positive de l’école auprès de certains parents" C’est que la qualité de la relation avec les parents, les efforts menés pour les intégrer dans la vie de l’école apparaissent comme des conditions de réussite. D’autres facteurs relationnels sont également importants : les établissements ont des équipes enseignantes stables, qui collaborent facilement et qui ont de bonnes relations avec des municipalités bienveillantes.

Reste la partie strictement pédagogique. " La place et la spécificité de chaque discipline sont nettement prises en compte, mais on insiste beaucoup à chaque fois sur l’activité langagière : comme il a été dit par une équipe « tout se tient dans le langage »". Les enseignants s’attachent également à donner du sens aux apprentissages, à développer des liens contractuels avec les élèves, qu’il s’agisse des codes de vie ou même du travail scolaire. Des pratiques pédagogiques décrites par un rapport académique qui suscitent de l’admiration et luttent contre le fatalisme ambiant. L’école qui réussit ça existe !

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