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- "Controverses sur la langue française", par Alain Bentolila (ESF, février 2024) - Un commentaire polémique du blog "Tract-linguistes" sur la taille du vocabulaire des jeunes de milieu défavorisé

5 mars

Controverses sur la langue française
51 vérités pour en finir avec l’hypocrisie et les idées reçues

Alain Bentolila
ESF, février 2024
168 p.

RÉSUMÉ
La langue est « le propre de l’humain ». À condition qu’on la cultive, la chérisse et la respecte, elle apaise le doute existentiel de chacun et permet d’espérer une cohésion sociale harmonieuse. De la genèse du langage aux défis que rencontre aujourd’hui la langue française, Alain Bentolila propose une réflexion nourrie sur l’apprentissage de la langue orale et écrite, l’importance des liens culturels, la francophonie, les langues régionales, la langue des quartiers, mais aussi l’influence des nouvelles technologies ou encore la question de l’identité nationale… autant de sujets abordés dans ce texte court et incisif en 51 questions. Alain Bentolila entend dans cet essai servir la cause de la langue et nous rappeler sa fonction essentielle pour communiquer et comprendre les autres.

« Permettez-moi de vous dire la vérité sur la langue française. Une vérité contre le conformisme frileux qui voudrait que chacun “parle comme il veut”, au risque de ne plus se faire comprendre et de ne plus se défendre ; une vérité contre une complaisance qui n’est en fait qu’indifférence pour les plus fragiles. Sur cette langue, qui vous est si chère, vous avez droit à un discours de rigueur fondé sur ce que les sciences du langage nous apprennent à propos des structures lexicales et syntaxiques des langues, mais aussi à un discours de conviction qui affirme que tous les enfants de ce pays, d’où qu’ils viennent, ont droit au meilleur de notre langue, et qui refuse que certains d’entre eux voient leur destin scolaire et social scellé dès six ans par un langage exsangue et chaotique. »

Extrait de esf-scienceshumaines.fr de février 2024

 

Alain Bentolila : entre science et pensée magique, il a choisi ?
Ancien professeur de linguistique à l’Université Paris-Descartes, Alain Bentolila atterre les linguistes (et pas qu’eux) en diffusant depuis 2005, de manière insistante et délibérée, un mensonge. À partir d’un entretien qu’il a accordé au journal Le Monde “Vivre avec 400 mots”, M. Bentolila martèle des chiffres fantaisistes sur la taille du vocabulaire des jeunes des milieux défavorisés. Or, 400 mots c’est la taille moyenne du vocabulaire actif d’un enfant de deux ans ; le vocabulaire passif à deux ans est déjà plus grand. M. Bentolila ne peut pas ignorer cela. Tout en publiant par ailleurs lui-même un rapport où il évoque les milliers de mots des enfants à l’école primaire, il n’a cessé de parler de 400 mots (parfois 250, parfois 500, selon les jours) dans les médias. Très longtemps, les médias ne prenaient pas la peine de vérifier ou de lui demander une source. En 2019, cela a changé : TV5, par exemple, a publié un billet de désintox et les journalistes ont commencé à se rendre compte que 400 mots tiennent sur une feuille A4 et que les affirmations de ce linguiste étaient infondées. Mais c’est cette intox maintes fois répétée qui lui a sans doute permis de se voir confier un « rapport sur l’acquisition du vocabulaire à l’école élémentaire » par le gouvernement français en 2007.

Après une éclipse des médias (brièvement interrompue en 2017 par la diffusion de contre-vérités sur le prédicat qui ont contribué à faire enterrer en quelques mois une réforme utile à l’enseignement de la grammaire auprès des enfants les plus en difficulté dont il se proclame pourtant le défenseur), M. Bentolila, qui se déclare, « en tant que linguiste, plutôt du côté de la science que de la magie », revient et semble bien décidé à diffuser une nouvelle rafale d’intox. Entre-temps, il semble créditer les « jeunes » de quelques mots supplémentaires : 500 ? 600 ? 800 ? cela fluctue au gré des interviews, mais toujours sans la moindre source. Pour autant, dans une interview donnée au Point le 15 février, il se déclare toujours catastrophé par l’idée que les enfants de pauvres ne voient que des gens qui leur ressemblent, ce qui est censé leur porter un préjudice ontologique et linguistique profond. En revanche, toujours aucune réflexion sur les « ghettos de riches », sur les jeunes des milieux favorisés qui savent éviter la mixité sociale sans que cela les pénalise. L’entre-soi ne serait donc plus un problème dans ce cas-là… Un « deux poids deux mesures » qui en dit long sur un certain refus de penser les réalités sociologiques les plus élémentaires. [...]

Extrait de tract-linguistes.org du

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