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"L’Intelligence, ça s’apprend ? Tests, HPI, inégalités, par Sébastien Goudeau et Marie Duru-Bellat, UGA Editions, avril 2024. Un article des deux auteurs dans The Conversation

29 avril

L’intelligence, ça s’apprend ?
Tests, HPI, inégalités

Sébastien Goudeau, Marie Duru-Bellat
Uga-éditions, avril 2024, 115 p

Description

Aujourd’hui, qui ne connaît pas ce que signifie le QI (quotient intellectuel) ? Mais comment et pourquoi le mesurer ? La capacité intellectuelle se «  fabrique  »-t-elle à l’école, dans la famille, ou est-elle innée ? L’objectif de cet ouvrage est d’analyser de manière critique, et en s’appuyant sur la recherche, les pratiques de mesure de l’intelligence et leurs dérives idéologiques passées et présentes, ainsi que leurs usages sociaux en milieu scolaire, avec notamment, depuis les années 2000, la montée de la notion d’enfants «  à haut potentiel » ou « intellectuellement précoces ». Il entend sensibiliser le grand public, en particulier les enseignants et les parents, aux présupposés de ces mesures qui non seulement véhiculent des conceptions erronées de l’intelligence mais justifient les inégalités en en diffusant une vision figée inscrite dans la nature.

Extrait de uga-editions.com

 

La réussite scolaire, un travail pour les parents…

auteurs
Marie Duru-Bellat
Professeure des universités émérite en sociologie, Centre de recherche sur les inégalités sociales (CRIS), Sciences Po

Sébastien Goudeau
Maître de conférences en psychologie sociale, Université de Poitiers

Parler de réussite scolaire, c’est avant tout parler des élèves, de leur travail, de leurs difficultés, et aussi de leurs projets, de leurs enseignants, de leurs programmes… On néglige souvent le rôle primordial des parents. Pourtant, quel que soit le niveau de leur enfant, dans tous les milieux sociaux, ceux-ci cherchent à les pousser dans leurs parcours scolaires.

Dans « L’intelligence, ça s’apprend », publié en avril 2024 chez Université Grenoble Alpes Éditions, Marie Duru-Bellat, professeur émérite à Sciences Po, et Sébastien Goudeux, maître de conférences en psychologie sociale à l’Université de Poitiers, décryptent la fabrique actuelle de l’intelligence, la vogue des tests de QI, les dérives de ces mesures et les inégalités qu’elles recouvrent. A cette occasion, ils reviennent sur les liens entre implication parentale et réussite scolaire, comme l’éclaire l’extrait ci-dessous.

Le lien est loin d’être automatique entre « intelligence », réussite et carrière scolaires. Une mobilisation constante des parents (et des jeunes eux-mêmes) est nécessaire, dans un contexte de compétition pour les « meilleures » filières conduisant aux « meilleurs » emplois. Les familles abordent cette compétition avec à la fois des atouts matériels et culturels inégaux, et des ambitions elles-mêmes inégales. Un travail spécifique les attend : aucun enfant n’hérite par osmose d’un capital culturel qui garantirait sa réussite.

Les carrières scolaires requièrent, pour se dérouler conformément aux projets, une vigilance constante des parents : un suivi du travail, des comportements d’initiés pour faire des choix adéquats, sans compter, facteur en partie aléatoire mais que certains vont chercher à contrôler, les aléas tenant aux maîtres ou aux établissements fréquentés.

Les parents vont déjà se mobiliser pour aider leur enfant à réussir. Mais si le temps passé à aider son enfant est important dans tous les milieux sociaux, cette aide revêt des modalités différenciées. Alors que dans les familles de milieu populaire, on s’attache à contrôler le travail à faire, non sans difficultés, parfois, à comprendre les attendus souvent implicites de l’école, les parents des milieux favorisés ou des classes moyennes sont souvent, de prime abord, moins directifs. À l’instar du cas extrême des parents enseignants, ils vont aider l’enfant à centrer son attention, à chercher des informations pertinentes, à auto-évaluer son travail, à justifier ses réponses, à comprendre les raisons de ses succès ou échecs, autant de démarches stimulantes sur le plan cognitif.

Le caractère décisif des comportements vigilants des parents est particulièrement patent quand l’enfant rencontre des difficultés : non seulement les familles favorisées n’hésitent pas alors à sous-traiter cette aide à l’extérieur, mais elles recourent plus fréquemment aux outils pédagogiques disponibles sur le marché, voire s’investissent elles-mêmes dans les apprentissages. Non sans succès : alors que des difficultés scolaires précoces obèrent sérieusement la poursuite d’études longues, certains enfants initialement dans ce cas s’en sortent finalement assez bien ; la majorité des enfants de milieux favorisés en difficulté au CP accèdent à un second cycle alors que ce n’est le cas que pour la minorité de leurs pairs appartenant à des milieux défavorisés.

De même, une étude britannique montre que si les performances cognitives à l’âge de 22 mois sont effectivement corrélées aux performances scolaires à l’âge de 10 ans, certains enfants qui se situaient aux âges jeunes dans le bas de la distribution parviennent à être dans le groupe de tête à 10 ans.
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Extrait de theconversation.com du 28.04.24

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