> Rythmes scolaires > Rythmes scolaires et de l’élève : OTS (EN), Accueil périscolaire (...) > Rythmes scolaires (Textes et Déclarations officielles) > Les commentaires après l’annonce par Emmanuel Macron d’une rentrée (...)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Les commentaires après l’annonce par Emmanuel Macron d’une rentrée anticipée pour certains élèves

25 août 2023

La rue du Grenelle reste sous tutelle

« Pour que l’École tienne… Il n’y a à mes yeux qu’un chemin : l’autorité des savoirs, l’autorité des maîtres, une école de la transmission, de l’esprit critique et de la confiance » affirme Emmanuel Macron dans un entretien accordé au Point et publié mercredi 23 aout au soir. Pour le Président, qui précise sa vision de l’école, les enseignants n’ont jamais été autant revalorisés que sous sa mandature – « une augmentation qui pourra aller jusqu’à 500 euros par mois »… Il y aurait selon lui aussi trop de vacances scolaires. Il propose dès lors une rentrée dès le 20 aout pour les élèves en difficulté. Peut-être serait-il utile de lui rappeler que les stages de réussite – ou de remise à niveau – existent depuis de nombreuses années et ont lieu en ce moment même. Pour le Président, il faudrait aussi refonder les programmes d’Histoire qui devraient être enseignés chronologiquement et que l’instruction civique devienne une matière essentielle avec la lecture d’un grand texte fondamental sur « nos valeurs » chaque semaine dans chaque classe… Autant d’affirmations qui confirment un virage très à droite du projet pour l’École porté par le gouvernement, si ce n’est par le Président lui-même puisqu’il déclare que « l’éducation fait partie du domaine réservé au président ». Que le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, se le tienne pour dit.

Pour « faire nation », Macron annonce qu’il faut accueillir « les élèves le plus tôt possible », dès deux ans. Il déclare d’ailleurs que ce sera le cas « partout où on le peut » dès cette rentrée. Une déclaration qui ne peut qu’étonner lorsque l’on sait que plus de 1 580 postes de professeurs des écoles seront vacants à la rentrée et que les académies peinent à recruter des contractuels. Il évoque aussi les dédoublements dont il se félicite – même si aucune donnée ne vient confirmer les bienfaits de ces derniers – et confirme que les effectifs seront réduits en moyenne section, même si là encore on peut légitiment se demander comment il compte faire alors que nombre d’enseignants manquent à l’appel. Autre annonce étonnante, « la systématisation » du « soutien éducatif de 8 à 18 heures tous les jours » dans les quartiers en difficulté. Pour rappel, cette annonce a été faite en juin dernier, et il semble peu probable qu’elle soit effective dès la semaine prochaine dans tous les établissements d’éducation prioritaire. A moins que tous les enseignants et enseignantes de ces établissements signent le Pacte, ce qui semble loin d’être le cas.

Apprentissages des savoirs fondamentaux et évaluation seraient les clés pour lutter contre l’échec scolaire, « on remet à l’école le cœur des savoirs fondamentaux : lire, écrire, compter, se comporter » soutient le Président « et on l’évalue chaque année ». On connaissait le lire, écrire, compter chers à Blanquer mais pas le « se comporter » … Il déclare également qu’il « faut cesser d’envoyer en sixième les 20% d’élèves qui ne savent pas lire, écrire et compter ». Difficile d’interpréter cette déclaration : y aura-t-il plus de redoublements (coûteux pour la puissance publique et souvent inefficaces) ou envisage-t-il une orientation dès la fin de l’école primaire ?

Deux « hypocrisies françaises »

Dans cet entretien, Emmanuel Macron déclare que « nous devons sortir des hypocrisies françaises ». La première, se féliciter d’avoir 80% d’une classe d’âge au baccalauréat alors que « un tiers de nos lycéens sont en lycée professionnel », et qu’un tiers d’entre eux sort sans diplôme ni formation. « Personne ne s’indigne » indique-t-il. On ne peut que s’étonner d’une telle indignation lorsque l’on connait sa réforme du lycée professionnel qui ne devrait pas révolutionner cet état de fait.

Deuxième hypocrisie, selon le chef de l’État, l’accès à l’université et le cursus universitaire. Le Président annonce vouloir appliquer sa vision utilitariste de la formation – on forme aux métiers dont les entreprises ont besoins.

Sur la réforme du baccalauréat, Emmanuel Macron anticipe les annonces que devrait faire Gabriel Attal lundi prochain lors de la conférence de rentrée. « Nous sommes pragmatiques, on ne peut avoir des épreuves si tôt dans l’année » confie-t-il. Il semble oublier le rôle qu’il a joué dans la réforme du baccalauréat.

Les pédagogistes, pourfendeurs de l’École

Pour défendre sa vision de l’École, Emmanuel Macron n’hésite pas à convoquer Ferdinand Buisson en l’opposant à la vision des pédagogistes. « On a une génération, même plusieurs, qui malheureusement ont un peu perdu leurs repères à cause d’un pédagogisme qui disait, au fond, que l’école ne doit plus transmettre » affirme-t-il. Une phrase qui sonne comme une attaque pour ceux qui voient dans l’École le lieu de l’émancipation et de l’apprentissage d’un futur citoyen éclairé. Une vision que partageait sans aucun doute Ferdinand Buisson.

À travers cet entretien, le Président rappelle que pour ce qui s’agit de l’éducation, c’est lui le patron, une sorte de « super ministre de l’Éducation ». Il confirme aussi son alliance avec la droite la plus extrême. Des annonces qui ne manqueront pas de plomber le moral de nombreux professeurs et professeures qui préparent d’ores et déjà leur rentrée prévue dans huit jours.

Lilia Ben Hamouda

Extrait de cafepedagogique.net du 24.08.23

 

Les syndicats enseignants dénoncent la « vision passéiste » de l’école d’Emmanuel Macron
Les propos du chef de l’Etat dans « Le Point » suscitent de vives réactions au sein de la communauté enseignante, qui s’inquiète de la tonalité jugée conservatrice du discours présidentiel en matière d’éducation.

Extrait de lemonde.fr du 24.08.23

 

RAPPEL

Annonces d’Emmanuel Macron sur l’éducation : les réactions des syndicats d’enseignants
Dans une interview qui paraît ce jeudi dans "Le Point", Emmanuel Macron annonce vouloir une rentrée scolaire dès le 20 août pour les élèves "qui en ont besoin". Pour le syndicat d’enseignants SNUipp-FSU, cela "semble être une punition pour les élèves déjà en difficulté".

Faire rentrer de vacances d’été dès le 20 août certains élèves qui en auraient besoin "pose la question du droit aux vacances pour tous les élèves", estime mercredi 23 août au soir sur franceinfo Guislaine David, co-secrétaire générale et porte-parole du syndicat d’enseignants SNUipp-FSU, après les annonces d’Emmanuel Macron faites dans l’hebdomadaire Le Point à paraître jeudi 24 août.

Selon elle, ce n’est pas en faisant rentrer les élèves plus tôt qu’on va réduire les inégalités. Elle préconise d’alléger les effectifs dans toutes les classes, partout, d’embaucher des enseignants supplémentaires pour pouvoir faire des demi-groupes. La proposition d’Emmanuel Macron "semble être une punition pour les élèves déjà en difficulté", poursuit Guislaine David.

Elle se dit "étonnée que le président de la République parle d’éducation à quelques jours de la conférence de presse du nouveau ministre. On a bien compris que l’éducation n’était plus le sujet d’un ministère mais le sujet du président".

"C’est lui qui gouverne en matière d’éducation, le ministre ne sera qu’un pion dans cette politique"
Guislaine David, porte-parole du SNUipp-FSU à franceinfo

Selon elle, "cela pose problème car on a l’habitude depuis quelques années d’avoir des propos sur l’école qui épuisent l’école et les personnels". Guislaine David regrette que "le président de la République donne son avis sur tout", ce qui résulte en un "fossé" qui "se creuse entre la profession et le pouvoir politique".

Sur la forme, "les décisions doivent se prendre rue de Grenelle et être annoncées rue de Grenelle", dénonce quant à elle sur franceinfo Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du Syndicat des Enseignants de l’UNSA (SE-UNSA). Concernant les modifications suggérées du calendrier scolaire, elle rappelle que "les vacances des personnels ne sont pas les vacances des élèves".

Selon elle, accueillir les enfants dès deux ans à l’école n’est pas une solution : "on ne solutionne pas la difficulté scolaire en accueillant beaucoup plus longtemps les élèves sur du temps scolaire, sans même savoir ce qu’on va leur faire faire. L’école n’est pas là pour accueillir, garder, protéger de l’extérieur", déclare-t-elle.

Elle revient sur les propos d’Emmanuel Macron qui dit que l’école "fabrique les républicains de demain". Selon elle, "l’école n’est pas une fabrique : elle émancipe, elle ne fabrique pas".

"Les élèves ne sont pas des ronds qui sortent de l’école en carrés avec un mode d’emploi bien défini par notre président de la République"

Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du SE-UNSA à franceinfo
Les termes employés par Emmanuel Macron sont "assez graves", estime Elisabeth Allain-Moreno, qui évoque des "paroles assez faciles", comme par exemple quand le chef de l’Etat parle de travailler plus pour gagner plus.

Il s’agit plutôt de "s’épuiser plus pour gagner plus", dit-elle. Emmanuel Macron "ne se contente pas de diviser au sein de la société, il divise au sein des personnels de l’Education nationale, entre ceux qui vont accepter les missions du Pacte, de façon légitime, pour voir des salaires insuffisants s’élever un peu, et ceux qui ne pourront pas le faire". Elle affirme qu’il "met en regard ceux qui travaillent bien et qu’il faut payer davantage et ceux qui sortent un peu de la route et qu’il faudrait sanctionner. C’est très méprisant de toute la profession".

Extrait de francetvinfo.fr du 23.08.23

 

Sur Twitter

Jean-Paul Delahaye
@octavegreard
Pour que les élèves "qui en ont besoin" puissent rentrer à l’école "le 20 août" pour "du rattrapage", rappel au président : il existe depuis 1991 le dispositif école ouverte , relancé depuis, ex en 2013 circulaire que je signe avec le sg du cté des villes https://education.gouv.fr/bo/13/Hebdo10/MENE1302581C.htm?cid_bo=66971

 

@franceinfo
🔴 Emmanuel Macron veut une rentrée dès le 20 août pour les élèves en difficulté ➡️ "On a déjà des dispositifs qui s’appellent ‘école ouverte’ ou ‘vacances apprenantes’”, souligne Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN, qui appelle à “ne pas apparenter ça à une sanction”.

 

@PhilippeMeirieu
Macron propose d’avancer la rentrée scolaire au 20 août pour « les élèves qui en ont besoin. »
… Pour faire « plus » de ce qui ne marche pas et punir les récalcitrants ? Quand il faudrait surtout faire « mieux » en refondant l’éducation prioritaire...

 

@franceinfo
Emmanuel Macron veut des cours d’histoire chronologiques : "Ils le sont déjà", observe l’Association des professeurs d’histoire-géographie

 

@PhilippeMeirieu
Il faut qu’ @EmmanuelMacron lise Ferdinand Buisson avant de lui faire dire n’importe quoi !

Répondre à cet article