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"Histoires, patrimoine et mémoire dans les territoires de la politique de la ville". Une des recommandations du rapport Blanchard à François Lamy (oct. 2013) concerne l’éducation nationale et le public scolaire

14 novembre 2013

Histoires, patrimoine et mémoire dans les territoires de la politique de la ville. Rapport au ministre délégué à la ville, François Lamy. Volume 1 : recommandations, octobre 2013

Voir les 15 recommandation pages 20 et 21

 

RECOMMANDATION 10 (pages 39-41)
• préconisation 5 : Sensibilisation et mobilisation du monde de la recherche et de
l’Education nationale à ces enjeux, à travers un fléchage ANR et en s’appuyant
sur le réseau du CNDP/CRDP (SCEREN).

Cette politique spécifique au sein de l’ANR et du monde universitaire (mais aussi du
CNRS) pour soutenir les programmes régionaux de recherche sur l’histoire des quartiers (post-doctorant et doctorant), de soutien spécifique des équipes, laboratoires et universités qui s’engageront sur ces programmes et sur ces démarches est un des fils conducteurs pour que de jeunes chercheurs attachés à des équipes locales puissent intervenir sur ces agglomérations dans le cadre de projets précis. Ces jeunes chercheurs, doctorants et post-doctorants pourront être proposés comme experts auprès des structures subventionnées.

Dans le cadre du programme France Europe 2020, et de l’agenda stratégique pour la
recherche, le transfert et l’innovation, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a souhaité redonner à la recherche un rôle de vecteur principal de création de savoir et de connaissance et affirmer sa place comme levier de redressement de la France. L’axe Mobilité et systèmes urbains durables devrait intégrer de manière explicite et prioritaire pour le plan d’action 2015 le programme de collecte et recherche des histoires et mémoires dans les territoires urbains. Ces programmes peuvent aussi être des partenariats public-privé, impliquant des entreprises sur des territoires ou des dynamiques précis. Au-delà, ce type de programme peut aussi être initié et soutenu dans le cadre d’une initiative européenne, comme avec le projet « Multicultural Policies and
Modes of Citizenship in European Cities16 », du programme Management of Social
Transformations qui permet de développer des projets transversaux.

Aux côtés de la recherche, le monde scolaire doit être impliqué sur les territoires avec, comme partenaires pivots les CNDP/CRDP (SCEREN) et bien entendu une approche forte à destination des IUFM/ESPE17, mais aussi les rectorats pour soutenir et valoriser les établissements qui s’engageront sur ces enjeux. L’école est un lieu où se joue la transmission d’un savoir commun et la construction d’une culture commune, y compris avec son environnement proche. Mais c’est aussi un lieu et un temps où il est question de singularité, d’identité, et d’une appropriation individuelle des savoirs. À ce titre, l’enseignement de l’histoire et de la géographie des territoires est essentielle, ou encore des arts plastiques et des cultures, est particulièrement sensible à ce continuum, proposant de circonscrire une culture commune, donnant des repères que tous peuvent s’approprier. Nous recommandons de soutenir en région (via les commissions territoriales) les établissements scolaires, les CNDP/CRDP (SCEREN) et les enseignants qui mettront en place des programmes de collecte ou de récit, des actions de valorisation

L’idée est aussi de prévoir des « dossiers types » pour soutenir les enseignants au niveau territorial (mission des commissions territoriales) sur des projets de récit sur un territoire pour un travail pédagogique avec les élèves, avec une volonté de valorisation au niveau national et régional de ces projets. Il est important — aussi — que les projets mis en oeuvre aient une visibilité en dehors de l’école par un partenariat avec les acteurs du quartier (association, maison de quartier, centre socioculturel…). Dans le même esprit, les établissements scolaires pourront être des lieux de visibilité et d’échanges autour de ce type de programme et notamment à travers les expositions itinérantes. L’idée est donc de faire de l’école un lieu de passage et de présentation (exposition temporaire) sur l’histoire des quartiers et des territoires, avec de véritables programmes prioritaires soutenus par les rectorats et les préfectures dans le cadre notamment de l’Education prioritaire.

Suite au rapport de diagnostic de juillet 2013 et de la large concertation qui a
été engagée depuis, qui aboutiront aux prochaines assises académiques et interacadémiques qui se tiendront en novembre 2013, il convient de réaffirmer l’importance de ces enjeux. De ce point de vue, dans cet espace scolaire, scruter la mémoire des lieux, écouter la somme des histoires personnelles, sont des moyens de faire se rencontrer le singulier, le particulier et l’universel : raconter son histoire, sa trajectoire, le vécu de soi dans un espace qui est le sien et une temporalité relève indéniablement de l’intime, du dissimulé, de l’indicible, mais toujours dans un contexte qui fait sens. Et les histoires et les mémoires se croisent, s’entrechoquent et se contredisent, mais ce sont précisément ces moments qui font sens.

Dans le cadre de la commission, il est recommandé avec insistance de « viser le public jeune, 10/25 ans, qui est le coeur de cible de tout travail mémoriel soucieux
de bien communiquer, car si on arrive à toucher ce public, on pourra sûrement alors toucher le public adulte, alors que l’inverse ne se vérifie pas… Il faut donc créer des outils essentiellement sur le net libre d’usage et on s’en fout des "tuyaux" trop lourds à faire bouger type Education nationale, sinon on n’y arrivera jamais, si les enseignants veulent s’en emparer, comme certains le font déjà, tant mieux. Penser aussi à interpeller l’Education nationale dans le cadre de la refonte des programmes d’histoire d’ici à 2017 ».

Cette dynamique, qui vise le jeune public, doit aussi s’inscrire dans un travail
pédagogique maîtrisé et une expertise forte. En même temps, il faut être vigilant dans
l’espace scolaire, précisent les membres de la commission, « car la distance du temps et dans l’espace peut aussi conduire à un sentiment d’étrangeté, d’incongruité du savoir académique par rapport au monde et à l’espace vécus et perçus. On court alors le risque non pas d’une mise à distance nécessaire à la compréhension du monde, mais de l’éloignement, qui ne permet pas de mieux y voir, mais de ne pas regarder, pour ne plus comprendre ». Pour donner vie à ces programmes, il faut inciter les jeunes/élèves vers les voix du quartier, celles des témoins de cette histoire. Il s’agit donc de donner la parole à ceux qu’on n’écoute jamais et une valeur à une histoire souvent méprisée, coincée dans les angles morts d’une histoire plus académique. Par ce biais, on assure la rencontre entre les différentes générations partageant ce même espace (l’école/le quartier). Il faut dynamiser le monde scolaire sur ces enjeux et, comme le souligne
Jacques Salvator, « il est primordial d’engager cette découverte dès le plus jeune âge ».

Taoufik Karbia précise à cet égard que les « programmes sont nombreux avec l’Education nationale, avec laquelle il est néanmoins parfois difficile de travailler. La qualité des projets conduits bien souvent à l’investissement de certains enseignants. » De fait, rappelle Olivier Noël, « les enseignants sont souvent volontaires, mais il est
relativement difficile de mener des actions de formation avec eux ». C’est tout cela qui doit faire sens, l’école peut produire des projets, peut recevoir des projets, elle peut même être un fédérateur de publics pour ces projets en lien avec le travail universitaire qui apporte sa caution et sa méthodologie.

Extrait de i.ville.gouv.fr : Histoires, patrimoine et mémoire dans les territoires de la politique de la ville

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