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Les équipes de réussite éducative (ERE) dans la loi Borloo. Rencontre OZP du 9 mars 2005

mars 2009

-----LES RENCONTRES DE L’OZP-----

Observatoire des zones prioritaires
www.ozp.fr

n° 53 - mars 2005

La politique de la Ville et l’application de la loi Borloo dans les ZEP

Compte rendu de la réunion publique du 9 mars 2005

Antoine Anderson, ancien chef de projet politique de la Ville, auteur de « Politique de la Ville, de la zone au territoire » et coauteur avec Hervé Vieillard-Baron de « Politique de la Ville. Histoire et Organisation » aux éditions ASH, a présenté la politique de la Ville et ses incidences sur l’éducation prioritaire.
Pascale Didine, coordinatrice du projet éducatif local à Gonesse (95), a présenté ensuite le projet d’Equipe de Réussite Educative dans cette commune.

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Extraits concernant les PRE

III - Les Equipes de Réussite Educative (ERE)
Antoine Anderson expose ensuite, à partir de l’exemple de l’éducation, comment les professionnels de la Ville et les responsables ou coordinateurs de ZEP peuvent utiliser la « boite à outils » créée par les nouvelles lois.

La politique éducative locale s’inscrit dans les objectifs généraux de recherche de la mixité scolaire en visant à attirer les classes moyennes par la diversification de l’habitat et l’attractivité de l’offre éducative et scolaire dans les villes et les quartiers.

Les ERE (Equipes de réussite éducative) ne se substituent pas aux dispositifs existants, mais elles devront rechercher une plus grande cohérence. Les dispositifs relevant des collectivités territoriales sont ceux cités plus loin dans l’exemple de Gonesse, avec le projet éducatif local (PEL), l’accompagnement à la scolarité (CLAS), la veille éducative, les actions en matière de parentalité (REAAP) et l’action culturelle des communes en direction des écoles (musique, etc). Mais on y inclut aujourd’hui comme faisant partie de la politique de la Ville des dispositifs de l’Education Nationale : les ZEP, les comités éducation santé citoyenneté (CESC), les classes et ateliers relais, les écoles ouvertes, les classes à projet artistique et culturel.
Comment donner du sens à tous ces dispositifs ? Et surtout comment prendre en compte l’objectif de réussite scolaire pour le plus grand nombre ?
Or la plus value d’une politique éducative locale, contractualisée avec les différents acteurs de la communauté éducative, serait de travailler activement à l’élaboration d’un projet qui aurait pour qualité de :
o passer d’une logique de procédures et de dispositifs à la logique de projet ;
o définir des objectifs communs, à partir d’un diagnostic qualitatif qui « donne à voir » un problème donné, qui facilite la compréhension du problème - discerne les causes, des conséquences - suggère les différentes voies pour y remédier ;
o organiser et animer le partenariat, qui implique une meilleure connaissance des acteurs, des actions et de la contribution de chacun au projet éducatif local ;
o conduire une action coordonnée et concertée pour favoriser la mise en œuvre cohérente et efficace d’une politique éducative locale ;
o définir la place des parents et des élèves et favoriser leur implication.
L’efficacité de cette politique doit pouvoir se mesurer au moyen d’indicateurs quantitatifs et qualitatifs, par rapport à des objectifs définis préalablement. Et l’un des objectifs doit être de lever les freins à la réussite scolaire pour rétablir l’égalité des chances.

Les champs d’action à investir par les ERE (équipes de réussite éducative) :
o d’abord, changer l’image de l’école dans le quartier et demander régulièrement leur avis aux parents et aux élèves. Instaurer une collaboration étroite entre les parents, l’enseignant et l’association médiatrice et les travailleurs sociaux, s’agissant notamment de l’accompagnement à la scolarité.
o accompagner les élèves et les aider à organiser leur parcours scolaire ;
o contribuer au changement d’ambiance scolaire par l’association des élèves à la vie scolaire ;
o soutenir les évolutions liées au fonctionnement interne des établissements ainsi que leurs innovations pédagogiques car rien ne sera possible sans des changements, dans le même temps, de l’Ecole.

Antoine Anderson propose d’organiser régulièrement des « conférences de l’éducation », à partir d’un « diagnostic partagé » ayant défini les grands axes d’une politique éducative locale, instruite par des indicateurs pertinents, questionnée par des bilans et une évaluation régulière des actions entreprises. Le diagnostic et l’évaluation, avec le choix des indicateurs, sont les deux phases décisives pour les professionnels de la Ville comme pour les responsables locaux de l’éducation. Reste à construire le pilotage et le mode de fonctionnement de l’équipe de réussite éducative, reconnue par l’ensemble des acteurs et jouant le rôle fédérateur par rapport à un projet préalablement défini par la communauté éducative.

Mais les objectifs des équipes de réussite éducative restent encore flous et, comme pour la veille éducative, n’oscille t-on pas entre une politique sélective visant un public ciblé à des fins préventives et la construction d’un véritable chantier de politique éducative locale, visant à lever les freins de la réussite en intervenant dans tous les domaines (les institutions, les élèves, les parents, la collectivité, etc.) ?
 

La mise en place des Equipes de Réussite Educative à Gonesse (95)

Pascale Didine, chef de projet Ville à la mairie de Gonesse (Val-d’Oise) et depuis peu coordinatrice du projet éducatif local, rappelle son parcours social de militante de l’éducation populaire avant d’énumérer tous les dispositifs existant à Gonesse : contrat de ville intercommunal, contrat éducatif local (CEL), projet éducatif local (PEL), contrat temps libre avec la caisse d’allocations familiales, parentalité (intéressant le FASILD, la mission Ville, la CAF), contrats locaux d’accompagnement scolaire (CLAS), la veille éducative (ce dispositif a été porté au plan national par le député-maire de Gonesse), l’atelier santé-ville, le plan de sécurité, etc. Les comités de suivi pour les CLAS, la parentalité... demandent un travail avec les acteurs de terrain - y compris les enseignants - très différent du travail des nombreux comités de pilotage de chaque dispositif.

Chaque dispositif - qu’il soit porteur d’innovation ou seulement apporteur de ressources - fonctionne plutôt bien d’une manière sectorisée. Il s’agit de les amalgamer dans une même politique et de limiter la lourdeur de leur gestion administrative et financière (chaque partenaire a son rythme, ses modes d’évaluation, ses dates-limites...).
Les ressources financières liées à chaque dispositif sont une raison importante de leur diffusion.

Le projet éducatif est prioritaire dans le plan de rénovation urbaine : l’offre éducative est, avec le développement culturel (à Gonesse, la Biennale d’art contemporain, reliée à des projets scolaires), la clé de la mobilité résidentielle pour attirer de nouvelles couches sociales et parvenir à plus de mixité sociale.
Les ERE seront rattachées à un établissement public (à Gonesse, la caisse des écoles). Il faut assurer la continuité avec les dispositifs existants, produire de l’innovation, intéresser les partenaires, coordonner des institutions qui comptent déjà beaucoup de coordinateurs.
Nous avons trois semaines pour répondre, le diagnostic et les grandes lignes d’un projet seront élaborées sans pouvoir vérifier leur pertinence avec l’ensemble des acteurs. Les rythmes des politiques et des professionnels ne sont pas toujours conciliables. Beaucoup de questions sont à résoudre très vite : comment recruter les personnes, comment assurer le suivi financier, le portage par la caisse des écoles ?
Les priorités ? Nous travaillerons sans doute beaucoup sur l’écoute des jeunes, sur l’éducation à la santé, l’assistance psychologique. Aujourd’hui, un délai de six mois est nécessaire pour obtenir un rendez-vous en consultation psychiatrique infantile et le RASED ne peut faire face à tous les besoins. Le rôle d’une municipalité n’est pas de se substituer aux services de l’Etat mais d’obtenir leur renforcement et de les mettre en liaison avec les autres structures.
Il faut construire du relationnel.

José Dhers présente ensuite l’association « Inter-réseaux DSU » [3, Place du Bon Pasteur - 44000 NANTES - www.irdsu.net], qui regroupe six cents professionnels de la Ville. Il regrette que le volet social de la politique de la Ville se restreigne mais espère que les acteurs de cette politique, qui assurent la continuité au-delà des fluctuations politiques, sauront relancer dans la mise en place du nouveau dispositif un processus de « co-construction » d’une culture commune.

Débat

Le débat, bref, est très animé.
La responsable d’un organisme d’appui au volet éducatif d’un Grand projet ville dans l’Essonne critique vivement la mise en œuvre précipitée (« faire vite ») : un délai de trois semaines pour présenter un projet pour les « équipes de réussite éducative » est incompatible avec une démarche de projet, surtout s’il s’agit de travailler avec de nouveaux acteurs pour mettre en place un nouveau dispositif qui va encore complexifier le « mille feuilles » et accentuer la bureaucratie.

Une maîtresse de conférences en IUFM dénonce la violence sociale de ce plan : que signifient ces destructions massives, alors qu’il y a pénurie de logements sociaux ? S’agit-il de repousser les plus pauvres ? Où vont aller ceux qui ne sont pas relogés ? On nous a beaucoup parlé des classes moyennes qu’on veut attirer, mais pas des catégories défavorisées.
Mais surtout elle pose une question [NDLR que l’OZP se promet de travailler] : quelle est la signification de la mixité sociale tant recherchée ? A quoi sert-elle ? « Dans tel collège que je connais, les résultats sont extrêmement faibles ; le principal doit-il faire venir des élèves des classes moyennes ou travailler avec ses enseignants pour faire réussir ces élèves-là ? On veut que les écoles soient attractives pour les populations que l’on veut faire venir, mais on oublie que ceux qui y vivent aujourd’hui aimeraient bien eux aussi que leur école ait moins de problèmes. Pourquoi ne veut-on pas travailler pour eux ? »
Une proviseure, en effet, s’est souvent demandé, sans connaître la réponse, si ses élèves du Lycée de Trappes sont mieux en étant concentrés dans leur milieu social défavorisé ou s’il valait mieux les disperser.

Un responsable SGEN-CFDT estime qu’il y a une grande confusion sur le public scolaire visé : s’agit-il des élèves en grande difficulté, des plus violents ou s’agit-il de proposer de mettre en place un accompagnement scolaire pour le plus grand nombre ou même des activités attractives pour attirer un nouveau public ?

Antoine Anderson répond que ce plan est, comme les précédents, une « boite à outils » et qu’il dépendra des élus et des acteurs de terrain d’en tirer le meilleur parti. Il y a des élus dont l’objectif est seulement d’obtenir le maximum de moyens, mais d’autres sont dans une vraie démarche de projet. Tout commence par le diagnostic, il s’agit d’abords d’identifier les problèmes qui se posent : « quelle est la question qui se pose pour la réussite scolaire dans chaque contexte ? ». La question scolaire a été peu travaillée dans le cadre d’un projet urbain. Il y a peu de débats sur les choix de société qui se dessinent.
Ensuite, à partir du diagnostic, il s’agit élaborer un projet.

Jean Dhers ajoute que les équipes qui travaillent en partenariat depuis longtemps et qui ont le contact avec le public concerné sont mieux placées pour réussir de vrais projets.

Contact : antoineanderson@wanadoo.fr

Compte rendu rédigé par François-Régis Guillaume

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