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Le rapport du Sénat (10) : les propos de S. Lagauche, sénateur

19 février 2007

Extraits du site du Sénat, le 05.02.07 : La rapport sur le nouveau pacte de solidarité pour les quartiers

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M. Serge LAGAUCHE.- J’irai dans le sens de M. Muzeau et je compléterai ce qu’a dit notre rapporteur quand il vous a un peu agressés. Dans le Val-de-Marne, à Créteil, j’ai fait l’effort d’aller vous voir fréquemment, monsieur le Recteur, ainsi que les inspecteurs d’académie, quand ils changeaient, et j’ai constaté que vous aviez énormément d’informations et de renseignements et que vous connaissiez bien vos établissements, mais que si je n’y étais pas allé, je ne les aurais pas eus. Cette coupure qui existe entre les élus et l’éducation nationale est terrible.

Les conseils d’administration des collèges ou des lycées ont des représentants parmi les élus, qui se demandent les uns et les autres qui va y aller ou non, qui craignent de se faire reprocher les travaux qui ne sont pas faits et qui se font agresser en général unanimement dès qu’ils arrivent : les parents d’élèves suivent les enseignants parce que, pour leurs petits chéris, il faut évidemment des conditions optimales. C’est un jeu de massacre, ce qui décourage un peu les élus qui se sauvent s’ils n’ont pas de vrais contacts. S’ils sont enseignants et parents d’élève en même temps, c’est encore plus terrible parce que les collègues savent bien les tourner du côté où il faut aller.

On fait la décentralisation avec l’éducation nationale, on est revenu sur les académies pour pourvoir les postes et on n’a pas de contacts. Voyez la manière dont se passent les élections : les plus malins des enseignants désignent eux-mêmes les parents qui vont être dans le conseil d’administration, surtout en primaire et maternelle, ce qui est beaucoup plus facile, et d’autres ne le font même pas et disent : « Ils ne sont pas venus ; je l’ai demandé et cela n’a pas été entendu », ce qui règle le problème. On choisit ses dates avec les fameux samedis libérés et les responsables d’établissement, suivant leur niveau - on a le personnel qu’on a, bien évidemment - choisissent de parler des problèmes techniques et surtout pas de l’école parce qu’il faut éviter de parler de ce qui se passe à l’intérieur.

Quand les collectivités territoriales veulent faire des choses, il reste le planning des cars, qui est très important, avec les chauffeurs qui attendent à un endroit différent en oubliant de prévenir les enseignants, ce qui meuble bien les conversations mais n’apporte aucun résultat dans la collaboration que l’on devrait avoir.

Ne vous serait-il pas possible de nous passer une information et de nous dire comment faire pour que les contacts s’établissent ? Certes, les enseignants nous disent qu’après la journée qu’ils ont passée, ils ne se voient pas discuter encore avec des parents qui sont des enquiquineurs parce qu’ils ne pensent qu’à leurs petits chéris. Le temps consacré par les enseignants à discuter avec les parents est un vrai problème, mais quand les parents les attendent à la sortie de l’école, ce n’est pas facile non plus pour eux, dont beaucoup se sauvent ou évitent de sortir par la même porte parce que certains parents sont ennuyeux : nous savons dans nos permanences que les relations avec les citoyens ne sont pas faciles.

Pour autant, si nous pouvions travailler ensemble, je pense que nous arriverions, surtout dans les zones difficiles où il faut faire appel aux associations et à tout le monde, à établir des programmes en commun et à nous défendre contre cette administration centrale que je retrouve à la commission éducation du Sénat et qui m’explique, comme vous l’avez dit, qu’il y a trop de monde, qu’on a saupoudré et qu’on a mal utilisé les crédits, ce sur quoi je ne peux pas être d’accord. On n’a ni saupoudré, ni mal utilisé les moyens. Il y avait tellement de demandes que je sais bien comment font les recteurs ou les inspecteurs : ils essaient de répondre au maximum, mais ils le font en fonction des moyens. S’il y a une épidémie de grippe, on sait bien qu’il n’y a pas de remplaçants. On va alors jusqu’au bout et on sait ce qu’il en est. Or, quand il n’y a pas de remplaçants, cela met les parents en colère, cela pose de nombreux problèmes, on nous demande d’ouvrir un centre aéré parce qu’il y a une épidémie... C’est arrivé !

Face à tous ces problèmes qui existent, si on se regroupait et se voyait plus fréquemment et si l’éducation nationale dégageait du temps pour permettre aux enseignants de rencontrer d’abord les élus seuls, puis les élus et les parents, on pourrait peut-être construire des choses ensemble.

Ma question sera simple : que nous proposez-vous et comment faire pour acter cette décentralisation dans nos communes, nos départements et nos régions ? Je connais le niveau de concours des enseignants. Dans notre académie, comme vous le savez très bien, des gens ont été reçus parce que nous en avions besoin alors qu’ils n’étaient pas toujours d’un niveau suffisant, ce qui vous a valu des toiles de tente devant le rectorat depuis au moins six mois...

M. Bernard SAINT-GIRONS.- Je vous rassure : ils n’y couchent pas !

M. Serge LAGAUCHE.- Peut-être, mais il y a parfois du monde.

M. Bernard SAINT-GIRONS.- Je vous rappelle qu’un préfet avait réglé le problème d’une autre manière.

M. Serge LAGAUCHE.- Cette histoire de niveau de recrutement est un point essentiel. Depuis un certain temps, on a recruté largement en dessous du niveau parce que, dans cette académie, il y avait un énorme besoin et qu’on ne pouvait pas faire autrement. Quand on veut enseigner, ce n’est pas facile non plus, et il faut aussi savoir que l’on a dit à certains enseignants qu’on ne pouvait pas les garder. C’est ainsi que l’administration de l’éducation nationale a trouvé des passerelles pour faire en sorte que ces gens qu’on ne peut pas conserver dans l’éducation nationale parce qu’ils ne conviennent pas du tout puissent être mis ailleurs et récupérés, mais on laisse finalement le recteur se débrouiller avec ce problème et ils campent devant les rectorats ou ils font des manifestations devant les conseils généraux.

Je pense que vous devez avoir des idées sur tous ces problèmes, sur la manière de mieux travailler ensemble avec les élus en se rencontrant dans le cadre de la décentralisation et de mieux faire fonctionner ces conseils d’administration. Sinon, autant les supprimer : beaucoup d’enseignants seront d’accord pour le faire sans problème ! Nous sommes surtout intéressés par ce que vous nous proposez, en particulier dans les milieux difficiles, pour que nous puissions travailler vraiment en harmonie et nous sentir solidaires des enseignants.

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