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L’accueil du jeune enfant en 2020, rapport de l’Observatoire de la petite enfance, déc. 2021, 152 p. (nombreux extraits sur les aspects socio-économiques)

30 décembre 2021

Les conséquences de la pandémie sur les familles et la petite enfance (rapport ONAPE)

En 2020, année de départ de la pandémie de Covid-19, la France a comptabilisé 736 000 naissances, soit 17 000 de moins qu’en 2019. Une diminution qui confirme un “mouvement continu“ depuis six ans, explique l’Observatoire national de la petite enfance dans son dernier rapport annuel. Ses auteurs ajoutent que “cette baisse des naissances a été accentuée en décembre 2020, soit 9 mois après le premier confinement de mars 2020, et encore plus fortement en janvier 2021“, et que “le contexte de crise sanitaire et de forte incertitude sur sa durée et ses effets sur les revenus ou la santé a pu en effet inciter des couples à reporter leurs projets de parentalité.“

L’accueil des tout-petits, lui aussi impacté par la crise sanitaire, poursuit cette évolution de baisse démographique. En 2019, selon le rapport de l’ONAPE, la capacité théorique d’accueil pour 100 enfants de moins de 3 ans est de 59,8 %. Un taux de couverture en hausse de 2 points par rapport à 2016, mais en baisse de 22600 places.

33 % de ces places sont disponibles auprès d’assistantes maternelles, le premier lieu d’accueil qui baisse cependant depuis 2016 (- 0,4 point). Les crèches (ou établissements d’accueil du jeune enfant dits EAJE, ndlr), ont une capacité d’accueil en forte hausse (20,9 % contre 18,5 % en 2016). 82 700 places sont théoriquement disponibles en école préélémentaire, en baisse de 0,3 point, tandis que les salariées à domicile ont une capacité d’accueil stable (+0,2 point) sur la période.

Les auteurs du rapport ont par ailleurs constaté une baisse de moitié des heures réalisées par les crèches (baisse d’activité supérieure à 50 % en heures réalisées en mars 2019 par rapport à mars 2020, baisse de fréquentation pour 73 % des Eaje à la rentrée 2020..) ainsi qu’une “chute historique“ de l’activité des assistantes maternelles et des gardes à domicile. Les premières ont vu leur activité “réduite ou interrompue pour certaines“ avec un nombre d’heures d’accueil en baisse de 8,4 % et principalement concentré en Île-de-France, en Rhône-Alpes et dans la région Pays-de-la-Loire. Ils ont en outre calculé que “la baisse de l’activité est encore plus marquée pour les salariées de la garde d’enfant à domicile“, avec 16,5 % d’heures déclarées en moins par rapport à 2019.

Est précisé que les dépenses d’accueil dédiées aux enfants âgés de 0 à 6 ans, d’un montant total de 32,2 milliards d’euros en 2020, ont diminué de 2,4 % par rapport à 2019, mais qu’elles ont été atténuées par la mise en place des mesures de soutien du gouvernement (aides exceptionnelles de 712 millions d’euros de la branche Famille à destination d’établissements d’accueil du jeune enfant, activité partielle pour les assistantes maternelles).

Selon une étude sociologique élaborée par un réseau de chercheurs spécialistes de l’articulation des temps sociaux, la continuité des activités professionnelles et pédagogiques pendant le confinement a été “principalement effectuée par les mères“.

Certaines familles ont de plus vécu le confinement comme une occasion de mettre pleinement en pratique un style éducatif fait de priorisation des activités familiales sur les activités professionnelles, “permettant de se recentrer sur la sociabilité familiale et d’avoir plus de disponibilité envers les enfants“, avec des bénéfices “du point de vue des relations parents/enfants, des relations au sein de la fratrie, de l’équilibre entre les temps collectif et individuel.“ Dès lors, la prise en charge exclusive des enfants “a certes été un bouleversement, mais d’une envergure moindre que pour d’autres, du fait d’une habitude à prendre en charge elles-mêmes leurs enfants en dehors des temps délégués aux institutions scolaires et de la petite enfance.“

En revanche, “pour d’autres familles, notamment de classes supérieures, habituées à partager leur temps entre vie professionnelle et vie personnelle et donc à déléguer davantage de la socialisation de leurs enfants à des tiers, le confinement a pu les mettre plus à l’épreuve.“ Les auteurs expliquent que “les mères expriment des difficultés intenses liées à la nécessité de se conformer à des rôles sociaux hautement valorisants à leurs yeux, en conciliant vie professionnelle en distanciel et vie familiale avec la mise en place de l’école à domicile.

Consulter le rapport (152 p.)

Extrait de touteduc.fr du 29.12.21

 

EXTRAITS

(page 9)
La fécondité varie nettement selon le niveau de vie (Reynaud, 2020). Elle est la plus élevée à la fois pour les femmes aux niveaux de vie les plus faibles et les plus élevés. Dans les conditions de fécondité des années 2012 à 2017, les 10 % de femmes les plus modestes donneraient naissance en moyenne à 2,0 enfants par femme au cours de leur vie, et les 10 % les plus aisées en auraient 1,9. À l’inverse, la fécondité est la plus basse pour les femmes ayant un niveau de vie entre les 3e et 5e déciles de niveau de vie (cf. indicateurs P. 142) : 1,5 enfant par femme.
La baisse récente de la fécondité concerne les femmes de tous les âges en-deçà de 35 ans. En 2015-2016, une étude avait montré que la baisse concernait les femmes quel que soit le niveau de vie de leur ménage, aussi bien les femmes qui n’avaient pas encore d’enfant que celles qui en avaient déjà (Robert-Bobée, Volant, 2018). Cette baisse ne concernait toutefois pas les immigrées, dont la fécondité restait stable. En dix ans, les écarts de fécondité se sont atténués tant entre les régions qu’entre les pôles urbains et leurs couronnes. Au contraire, les âges moyens
à l’accouchement sont désormais plus contrastés ; ils continuent notamment d’augmenter en Île-de-France, où ils étaient déjà plus élevés que dans les autres régions (Daguet, 2021).

(page 14)
Le niveau de vie moyen des jeunes enfants vivant en famille monoparentale ou recomposée est plus faible que celui des enfants vivant en famille « traditionnelle »
D’après l’enquête Revenus fiscaux et sociaux (Erfs, cf. sources) de 2018, les enfants de moins de 6 ans ont un niveau de vie moyen (ou revenu disponible par unité de consommation, cf. lexique) de 22 000 euros par an. Plus d’un enfant de moins de 6 ans sur cinq vit dans un ménage pauvre, c’est-à-dire dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté correspondant à 12 750 euros par an. Ce taux de pauvreté est très légèrement supérieur à celui de l’ensemble des enfants de moins de 18 ans.

(page 25)
L’offre d’accueil formel
Les modes d’accueil formel destinés aux enfants de moins de 6 ans sont particulièrement diversifiés en France. Les deux principaux sont l’accueil par
une assistante maternelle et par un établissement d’accueil collectif. Les enfants
âgés de 2 à 3 ans peuvent également fréquenter un établissement scolaire. La
garde au domicile des parents par une intervenante rémunérée est une autre . S JOolution possible, même si elle est moins couramment utilisée.
En 2019, ces différents modes d’accueil offrent 1 345 700 places aux familles.
Parmi elles, 55,3 % sont le fait des assistantes maternelles, 35,0 % des établissements d’accueil collectif, 6,1 % de la préscolarisation et, enfin, 3,5 % de
la garde à domicile.
En rapportant ce nombre de place au nombre d’enfants de moins de 3 ans, le
taux de couverture par ces modes d’accueil formel est de 59,8 % en 2019.

(page 45)
12 500 établissements d’accueil du jeune enfant bénéficient de la prestation de service unique, dont 1 900 se situent dans un quartier prioritaire
En 2019, 12 500 Eaje bénéficient d’une Psu (cf. lexique p. 136)10. Parmi ces établissements, 1 900 se situent dans un quartier prioritaire (QPV) où s’applique une politique de la ville qui vise à compenser les écarts de niveau de vie avec le reste du territoire. Ils proposent 69 500 places [...]

(page 51)
Entre 2002 et 2013 l’accueil des enfants de moins de 3 ans en Eaje augmente plus vite pour les familles modestes que pour les plus aisées
Les modes d’accueil utilisés dépendent du niveau de vie des parents, lui-même lié à leur situation sur le marché du travail. Garder son(ses) enfant(s) est plus fréquent dans les familles les plus modestes, où l’arbitrage financier entre revenus d’activité et coût de la garde peut jouer en faveur d’un arrêt d’activité.
Ainsi en 2013, parmi les enfants des familles les plus modestes (premier quintile de
niveau de vie), six sur dix sont gardés exclusivement par leurs parents en semaine1
, contre seulement un sur dix dans les familles les plus aisées (dernier quintile de niveau de vie).
Le recours à un mode d’accueil formel par les familles les plus modestes est donc plus faible (cf. tableau ci-dessous). Il augmente néanmoins entre 2002 et 2013, en particulier le recours aux Eaje. En 2013, 16 % des enfants des familles les plus modestes sont accueillis au moins une fois en semaine en Eaje, soit 5 points de plus qu’en 2002. S’ils sont encore deux fois moins souvent accueillis en Eaje que les enfants des familles les plus aisées, l’écart se réduit : ils étaient 2,4 fois moins souvent accueillis en Eaje que les enfants des familles les plus aisées en 2002.
Le recours à une assistante maternelle est plus marqué socialement que celui aux Eaje :
5 % seulement des enfants des familles les plus modestes sont accueillis au moins une fois par semaine par une assistante maternelle en 2013, part qui évolue peu depuis 2002. C’est 9,2 fois moins que pour les enfants des familles les plus aisées. En effet, pour les familles modestes, les Eaje nécessitent moins d’avances de frais et sont moins onéreux que les assistantes maternelles.

(page 55)
Les dispositifs d’accueil utilisés par les familles allocataires
Le recours aux modes d’accueil peut aussi être appréhendé par une base de données
annuelle de la Cnaf (Filoue, cf. sources p. 132) permettant de connaître les dispositifs
d’accueil utilisés par l’ensemble des familles allocataires ayant la charge d’au moins un enfant âgé de moins de 3 ans en France entière, à l’exception de l’école ou des structures excluant un financement public.
La moitié des familles recourent à au moins un dispositif d’accueil pour leurs enfants
de moins de 3 ans
À la fin de l’année 2018, 52 % des familles ayant au moins un enfant de moins de 3 ans recourent à un ou plusieurs dispositifs d’accueil (cf. tableau p. 55). Les assistantes maternelles ou les salariées à domicile accueillent les enfants d’une famille sur quatre (25 %). Les établissements d’accueil du jeune enfant (Eaje) qui peuvent être communaux, parentaux ou privés, sont utilisés par 22 % des familles. Enfin, la prestation partagée d’éducation de l’enfant (PreParE - Cf lexique p. 139) est perçue par 5 % des familles dans le cadre d’un arrêt d’activité professionnelle, et par 5 % de celles ayant réduit leur activité professionnelle.
Au total, 48 % des familles ayant au moins un enfant de moins de 3 ans n’utilisent aucun dispositif, soit qu’elles gardent leur(s) enfant(s) elles-mêmes sans bénéficier de la PreParE (qui nécessite d’en faire la demande et d’avoir travaillé plusieurs années avant l’arrivée de l’enfant), soit qu’elles font appel à d’autres solutions, comme l’aide de leurs proches par exemple. Il est également intéressant de noter que 29 % des familles où les deux parents travaillent et 53 % des familles monoparentales actives ayant un emploi ne mobilisent pas de solution d’accueil formel ou de congé parental (cf. graphique p. 56). Par ailleurs, 22 % des familles au chômage ou inactives recourent à un de ces dispositifs, dont 15 % hors PreParE à taux plein.
Le recours aux dispositifs varie selon les caractéristiques sociodémographiques des
familles. Celles dont les ressources sont sous le seuil de pauvreté2 sont 24 % à en utiliser au moins un, alors que celles dont les ressources se situent au-dessus de ce seuil en ont un usage nettement plus important (76 %). Les différences de recours constatées entre les familles sous le seuil de pauvreté et les autres varient également selon le mode d’accueil. Ainsi, les familles modestes sont 7 % à faire appel à une assistante maternelle ou une salariée à domicile, contre 33 % de celles ayant des ressources au-dessus du seuil de pauvreté.

(page 59)
Près d’une famille sur deux ne recourant à aucun dispositif vit sous le seuil de pauvreté Le niveau de vie de familles fréquentant les Eaje est plus élevé que celui de l’ensemble de la population. En novembre 2018, la moitié des familles dont un enfant est accueilli dans ces structures a un niveau de vie mensuel supérieur à 1 883 euros, alors que la moitié des familles allocataires avec au moins un enfant de moins de 3 ans a un niveau de vie supérieur à 1 515 euros. Quant aux familles employant une assistante maternelle (ou une salariée à domicile), leur niveau de vie médian est plus élevé que celles recourant à une crèche. La moitié d’entre elles a des ressources supérieures à 1 983 euros.
Souvent les familles modestes ne recourent à aucun dispositif, 48 % des familles sans
aucun dispositif vivent sous le seuil de bas revenus, alors que le taux est de 30 % pour l’ensemble des familles allocataires (cf. tableau p. 60). La part des familles se situant sous le seuil de pauvreté est très variable selon le dispositif mobilisé : 14 % d’entre elles ont recours à au moins un dispositif. Parmi les familles ayant recours à une assistante maternelle, 8 % sont sous le seuil de bas revenus, alors qu’elles représentent 18 % des familles qui fréquentent un Eaje

(page 76)
En 2018, les mères de jeunes enfants travaillent plus fréquemment à temps
complet et sont plus souvent pauvres qu’en 2014

La baisse du recours aux prestations lié au congé parental au moment du passage
du Clca à la PreParE (- 13 points entre 2014 et 2018) est encore plus marquée
que la hausse de l’emploi à temps complet, car une part plus importante de
mères sont sans emploi sans bénéficier de cette prestation en 2018.
En 2018, première date à laquelle les mères de jeunes enfants ne peuvent
bénéficier que de la PreParE7, davantage de mères de plusieurs enfants
travaillent à temps complet qu’en 20148 (+ 8 points). À l’inverse, elles sont
beaucoup moins fréquemment sans emploi (- 6 points). Depuis 2008, la part
de ces mères à temps complet oscillait jusqu’en 2014 autour de 30 % (cf. tableau ci-dessous).
En lien avec la hausse de l’emploi à temps complet de ces mères de jeunes
enfants, leur niveau de vie mensuel médian augmente (+ 4 %, contre + 1 % pour l’ensemble de la France métropolitaine). Cela rejoint les constats mis en évidence dans d’autres études (Ofce, 2020). Dans le même temps, les inégalités augmentent puisque le taux de pauvreté de ces mères croît (+ 1,3 point), alors qu’il est stable sur la période pour l’ensemble de la population. Il a certes légèrement diminué pour les mères à temps complet, dont la proportion a beaucoup augmenté. Toutefois, davantage de mères étant sans emploi et sans prestation en 2018, catégorie qui reste de très loin la plus exposée à la pauvreté puisque la moitié d’entre elles sont pauvres, la pauvreté des mères de jeunes enfants dans leur ensemble augmente.

(page 78)
Les mères les plus vulnérables par rapport à la pauvreté plus souvent en
emploi et sans prestation en 2018 qu’en 2014

Les mères les plus vulnérables par rapport à la pauvreté (c’est a dire les mères
de familles monoparentales, les moins diplômées etc...) ne travaillent pas plus
souvent à temps complet en 2018 qu’en 2014, mais elles sont beaucoup moins
souvent bénéficiaires de la PreParE qu’elles ne l’étaient du Clca, et notamment
lorsqu’elles sont sans emploi. Pour les mères de famille monoparentale, par
exemple, la part de celles sans emploi bénéficiant d’une prestation baisse
de 10 points, et la part de celles sans emploi sans prestation augmente de
8 points. Il en est de même pour les moins diplômées, sans diplôme ou titulaires
d’un diplôme inférieur au bac, qui restent sans emploi dans des proportions
comparables, mais moins souvent avec prestation (cf. graphique).

(pages 82-83)
Le taux de scolarisation des enfants de 2 ans varie selon les départements
Un dispositif de scolarisation dès l’âge de 2 ans (la toute petite section) est possible et développé notamment dans les écoles situées dans un environnement social défavorisé. À la rentrée scolaire 2020, 71 399 enfants âgés de moins de 3 ans étaient ainsi scolarisés, soit 9,4 % des enfants de cette classe d’âge. Dans l’Ouest, le Nord et le Massif central, le taux de scolarisation est important : plus d’un enfant de 2 ans sur cinq y est scolarisé. Dans les Drom, les départements des Antilles sont ceux où le taux de scolarisation est le plus élevé (plus d’un enfant de 2 ans sur cinq).
Les départements de la région Île-de-France, la Haute-Savoie, le Vaucluse, la Haute-Garonne, le Loiret et la Corse-du-Sud affichent des taux de scolarisation très inférieurs à la moyenne nationale. Dans 20 départements, le taux de scolarisation des enfants âgés de moins de 3 ans reste inférieur à 5 % en 2020, avec des taux en repli par rapport à la rentréeprécédente.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces écarts : disparité de l’offre selon la zone de scolarisation, différences en termes d’évolutions démographiques entre territoires et hétérogénéité territoriale dans le déploiement du secteur privé, qui accueille proportionnellement plus d’enfants de 2 ans que le secteur public. Par ailleurs, depuis 2019, la mise en place de l’instruction obligatoire à 3 ans a pu réduire le nombre de places accordées aux enfants de 2 ans dans les écoles.
Si la part des classes spécifiques aux enfants de 2 ans9 représente 11 % des classes accueillant des enfants de cet âge en France, ce taux diffère fortement selon les territoires. Six départements de région parisienne scolarisent majoritairement les enfants de 2 ans dans des classes spécifiques : Seine-Saint-Denis, Essonne, Hauts-de-Seine, Val-de-Marne, Vald’Oise et Seine-et-Marne (parmi les classes accueillant des 2 ans, la proportion de classes spécifiques y est respectivement de 85 %, 83 %, 68 %, 66 %, 56 % et 54 %). En Haute-Savoie, 83 % des élèves de 2 ans sont scolarisés en classe spécifique. En Guadeloupe également, plus de la moitié des élèves de 2 ans sont scolarisés dans des classes spécifiques (57 %).
À l’inverse, dans 11 départements (Ardèche, Aube, Cantal, Creuse, Finistère, Landes, Loire, Morbihan, Nièvre, Deux-Sèvres et Mayotte), il n’existe aucune classe spécifique aux enfants de 2 ans.

(page 118)
Une accentuation des difficultés pour les familles monoparentales
Les 36 familles monoparentales interrogées représentent 7 % de la population de l’étude, taux inférieur au taux national (23 %) en raison du jeune âge des enfants des répondants et du biais induit par le protocole d’enquête (questionnaire autosaisi en ligne). Les données révèlent qu’une situation socio-économique défavorisée précédant le confinement est accentuée pendant le confinement en termes de réduction de revenus. Face à la charge accrue (conciliation famille-travail, activités éducatives), les familles monoparentales ont exprimé une plus grande difficulté perçue et une pression plus aiguë concernant la façon de s’occuper des enfants. Elles ont été davantage en besoin d’informations concernant
l’éducation de leurs enfants (règles, interdictions).
Malgré un contexte anxiogène, les relations parent-enfant se sont modifiées pendant le confinement avec, dans la plupart des cas, un renforcement des liens plus important. Les difficultés supplémentaires liées au confinement n’ont pas affecté toutes les familles de la même façon.
Ainsi, le « repli familial » imposé a globalement entraîné des effets bénéfiques, laissant supposer que la charge mentale pour concilier vie familiale et vie
professionnelle est, en temps normal hors contexte épidémique, importante pour de nombreux foyers. Mais le manque de relations sociales est exacerbé pour les familles monoparentales laissant supposer un « entre-soi » encore plus prégnant que dans les foyers biparentaux, voire un isolement social important.

(page 122)
Une préoccupation exprimée pour le « bien-être » de l’enfant
Cette volonté largement observée de « garder le rythme » tient donc à la nécessité de « trouver » une organisation adéquate. Mais elle tient aussi à l’impératif du « bien-être » des enfants. Cette norme déjà bien diffusée avant le confinement est devenue un enjeu abondamment présenté dans l’espace médiatique (presse, télévision, réseaux sociaux) sous la forme d’injonctions, de supports proposés, conseils donnés, etc. Les parents ont été sommés d’y répondre alors qu’ils devaient prendre en charge tout l’univers de vie enfantin : sociabilité, développement psycho-affectif et moteur, soins, scolarité, etc. Cet enjeu traverse les entretiens chez des enquêtés qui disent s’en préoccuper abondamment, et ce quelles que soient les appartenances sociales. Toutefois, son contenu varie fortement avec les appartenances sociales des familles : mise en avant de la nécessité d’entretenir la santé physique de l’enfant (qu’il soit en forme, qu’il puisse se « défouler », « prendre
l’air ») en lui proposant des activités de plein air, préoccupation pour la santé mentale
de l’enfant (qu’il ne s’ennuie pas, qu’il ne soit pas « stressé »), volonté de compenser les défauts en termes de sociabilité imposés par la période (qu’il ne se sente pas seul, qu’il ne s’isole pas), centralité de la nécessité de ne pas prendre de retard sur la scolarité.

[Extrait de caf.fr

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