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« Le Monde » fait le point sur les enseignants de ZEP

13 décembre 2005

Extrait du « Monde » du 10.12.05 : Des enseignants débutants et un turn-over important

Un enseignant sur cinq exerce en ZEP.

Parfois par idéal mais plus souvent par le "hasard" des affectations, ces professeurs atterrissent là sans y être vraiment préparés. A l’enthousiasme des débuts succède souvent le découragement et l’envie de fuir un environnement de travail difficile. Pour "valoriser l’enseignement en ZEP" et "créer des équipes pédagogiques stables", Dominique de Villepin a annoncé qu’il travaillait sur "la réforme de la formation des enseignants de ZEP" et sur de "meilleures conditions de rémunération et de carrière".

Les avantages indemnitaires, statutaires et les coups de pouce à la mutation existent déjà. Depuis 1991, les enseignants de ZEP perçoivent une "indemnité de sujétion spéciale" (ISS) de 1 097,04 euros par an. Ils peuvent aussi prétendre à l’"avantage spécifique d’ancienneté" (ASA), qui leur permet de bénéficier d’une bonification prise en compte dans leur avancement. Pour enrayer le turn-over, l’éducation nationale a aussi mis en place, en novembre 2004, un nouveau dispositif dit des "affectations à caractère prioritaire justifiant une valorisation" (APV), en remplacement d’une accumulation de dispositifs complexes. Ainsi, cinq ou huit ans de présence en ZEP donnent droit à un bonus qui fait gagner, selon les disciplines, entre dix ans et quinze ans de mobilité. "Le moment venu, l’enseignant est quasiment assuré de rejoindre l’académie, et même, ultérieurement, le poste de son choix", assure-t-on au ministère.

« Quotidien harassant »

Toutefois, malgré ses efforts, le ministère n’a pas vraiment réussi à inciter les enseignants les plus expérimentés à s’engager dans les établissements difficiles, ni à y stabiliser les équipes pédagogiques. Les professeurs y sont en moyenne plus jeunes et moins "anciens". Dans les collèges ZEP, à la rentrée 2004, 25 % d’entre eux avaient moins de 30 ans, 34 % étaient présents dans l’établissement depuis moins de deux ans contre respectivement 15 % et 29 % dans les établissements hors zone.

Pour Jean-Luc Villeneuve, secrétaire général du SGEN-CFDT, "les professeurs en ZEP réclament surtout du temps et un meilleur accompagnement sur le terrain". Deux aspects sur lesquels les ZEP accusent du retard.
Si les effectifs des classes sont légèrement plus faibles en ZEP (21 élèves au lieu de 23, en collège), cette réduction est jugée insuffisante par beaucoup d’enseignants. "Le quotidien est harassant, explique une professeure d’histoire- géographie dans un collège de Seine-Saint-Denis. Même si nous avons moins d’élèves, nous n’avons vraiment pas l’impression d’être des privilégiés. L’allégement des classes ne compense pas le surcroît d’énergie qu’elles demandent." L’insuffisance de la préparation au terrain est aussi souvent évoquée.

Patrick Saramon, chercheur associé au Centre d’étude des rationalités et des savoirs (CERS) de l’université de Toulouse, a travaillé sur l’image des ZEP chez les étudiants de trois IUFM. "J’ai constaté une méconnaissance du travail en ZEP. Au cours de leur formation initiale, beaucoup d’étudiants n’en entendent parler que théoriquement", souligne le chercheur.

Quelques IUFM, dont celui de Créteil, ont développé des formations spécifiques. "Nos 800 étudiants ont toutes les chances de se voir affectés dans un établissement en ZEP. Nous préférons les y préparer et qu’ils aient un choc en formation plutôt qu’en situation", résume Jean-Louis Auduc, directeur adjoint de l’IUFM de Créteil. Depuis douze ans, cet institut propose ainsi des cours sur les "décrocheurs" scolaires, les problèmes des adolescents de banlieue, ou encore les notions d’autorité et de sanctions.

Parallèlement, les étudiants multiplient les stages en ZEP - souvent accompagnés par un tuteur.

L’IUFM de Créteil développe aussi depuis quatre ans un "dispositif d’accompagnement dans le métier" pour les jeunes enseignants nommés dans l’académie. "Chaque année, 2 500 professeurs arrivent. La plupart n’ont aucune expérience de l’enseignement en ZEP. L’idéal serait qu’avant leur première affectation, tous les nouveaux puissent profiter de ce programme", conclut M. Auduc.

Catherine Rollot

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