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La suppression de la carte scolaire, toile de fond des mouvements contre les réductions de postes

18 mars 2008

Extrait du "Journal du dimanche" du 16.03.08 : Collèges et lycées en ébullition

Toute la semaine écoulée a été marquée par des manifestations des professeurs des collèges et lycées d’Ile-de-France, prélude à la grève nationale prévue mardi. En cause, le nombre d’heures attribué à chaque établissement pour la prochaine année scolaire en forte baisse sur la région, et qui ouvre la porte à un appel aux heures supplémentaires, au détriment de postes.

Les vacances d’hiver semblent déjà bien loin. Cette semaine de rentrée a été agitée dans des dizaines de collèges et lycées d’Ile-de-France, alors qu’une journée de grève nationale est annoncée pour ce mardi 18 mars. Depuis des semaines, les établissements du secondaire découvrent le nombre d’heures d’enseignement qui leur est attribué pour l’année scolaire 2008-2009 par les rectorats. Comme chaque année... Sauf que cette dotation est globalement en baisse sur la région. En nombre d’heures, l’équivalent de 1392 temps pleins en moins.

Toute la semaine, des professeurs, soutenus par des parents et des élèves, ont manifesté dans plusieurs villes d’Ile-de-France. Dans les Yvelines, la Seine-Saint-Denis et en Seine-et-Marne notamment. Si les slogans sur les banderoles se font écho : "collèges en solde", "zone d’éducation en perdition", les actions sont diverses : grèves, blogs sur le Net, blocage des bâtiments, appel au boycott des conseils de classe, rétention des notes par les profs et même séquestration des enseignants par les élèves en salle des profs (au Mée, 77). Ou journée morte, comme au collège Lamartine de Houilles (78) vendredi.

Hier encore, plusieurs manifestations ont eu lieu. A Mantes-la-Ville, un cortège représentant une dizaine d’établissements a marché, dans l’après-midi, vers la mairie. Idem à Champigny-sur-Marne, dans le Val-d’Oise. Samedi après-midi également, dans le 10e arrondissement à Paris, des enseignants et des parents d’élèves de quatre collèges (La Grange-aux-Belles, Bernard-Palissy, Louise-Michel, Valmy) ont bloqué la circulation rue de Lancry.

8000 élèves en moins à la rentrée prochaine

Tous ces établissements en ébullition protestent contre la DHG, ou dotation globale horaire, qui correspond au nombre d’heures de cours alloué à chaque collège et lycée. Un terme technique aux conséquences bien concrètes sur le nombre d’élèves par classe, les options, le soutien scolaire... A Paris, la DHG pour la rentrée prochaine représente l’équivalent de 177 postes en moins. Dans l’académie de Versailles (regroupant les Yvelines, l’Essonne, les Hauts-de-Seine et le Val-d’Oise), la diminution est de 578 postes et de 637 dans l’académie de Créteil (Seine-et-Marne, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne). Les trois rectorats justifient ces dotations par des prévisions d’effectifs en baisse : 600 élèves en moins à Paris en septembre 2008, 3350 sur Versailles et 4500 sur Créteil.

"Mais la baisse des moyens est bien plus forte que la baisse - réelle - des effectifs, estime Thierry Ananou, secrétaire académique du Snes Paris, un quart seulement de cette diminution peut être liée au nombre d’élèves." Pierre Claustre, du Snes Créteil, ajoute : "La nouveauté, cette année, c’est que l’on supprime des postes et que l’on transforme une partie des heures enlevées en heures sup’." En effet, sur les DHG des trois académies, une grande partie des heures supprimées (40% à Paris) seront compensées par des heures supplémentaires effectuées par les professeurs en poste. "Cela permettra de faire gagner du pouvoir d’achat aux enseignants", explique-t-on dans un rectorat. "On ne peut pas nous imposer plus d’une heure supplémentaire, beaucoup de collègues refuseront d’en faire plus !", prévient Marie-Dominique Odent, déléguée syndicale du Snes Versailles. A Créteil, le rectorat a envoyé il y a quelques mois une lettre aux retraités pour leur demander de faire des remplacements...

L’assouplissement de la carte scolaire est un des autres motifs d’inquiétude : les collèges et lycées des quartiers en difficulté ont peur de perdre des élèves, attirés vers des établissements plus favorisés. Et de perdre du même coup des heures d’enseignement dont ils ont besoin. "Dans notre collège, situé dans le 10e et classé en ZEP, on ne comprend pas qu’on nous sucre des heures", témoigne Olivier Giraud, professeur de sciences de la vie et de la terre à la Grange-aux-Belles. Catherine, parent de deux collégiens de l’établissement, a manifesté hier. Pour elle, "une catastrophe se prépare".

Marie-Anne Kleiber

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