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"L’utilisation des évaluations institutionnelles : un problème professionnel des enseignants des écoles."

8 août 2005

Un mémoire universitaire repéré par le Café pédagogique du 6 juillet 2005 et mis en ligne sur le site des ZEP de l’Yonne

L’utilisation des évaluations institutionnelles : un problème professionnel des enseignants des écoles.

A travers l’exemple de l’évaluation CE1, propositions d’accompagnement des enseignants dans le but de prévenir les difficultés des élèves, par Patrick Picard, université Blaise Pascal, IUFM d’Auvergne, décembre 2004

Un mémoire universitaire essaie de donner quelques réponses (600 Ko)

Problématique

Depuis 1989, s’il est un axe commun qui n’a cessé d’être développé dans les discours et textes ministériels, c’est bien le thème de l’évaluation. Évaluation du système éducatif, évaluation des établissements, des enseignants et bien sûr des élèves. La DPD, devenue DEP, élabore des protocoles d’évaluations nationales. La DESCO multiplie les outils d’aide à l’évaluation des élèves. Tout se passe comme si la loi, les circulaires, les programmes visaient à l’instauration d’une culture évaluative. Si nul n’est censé ignorer la loi, si tout enseignant se doit d’adapter ses gestes professionnels aux programmes, il est sans doute urgent de mesurer en quoi cette insistante prescription modifie (ou non) les conditions d’apprentissages des élèves, en permettant de « recueillir des informations, les interpréter pour prendre une décision d’action » (Hadji, 1997)

En effet, il suffit d’entendre réagir des enseignants à des propositions d’animations pédagogiques ou de formation continue pour mesurer combien l’évaluation est un thème de réflexion professionnelle a priori peu engageant pour eux. Pourtant, tout enseignant débutant, expérimenté, spécialisé..., se trouve un jour démuni pour planifier les apprentissages d’une classe souvent qualifiée de trop hétérogène, devant un élève ou un groupe d’élèves manifestant des difficultés : maturité, contexte familial ou demande de prise en charge sont alors rapidement convoqués.

Mais bien qu’il soit démuni, l’enseignant ne sent pas spontanément nécessaire de « poser un écart » en s’appuyant sur l’évaluation de ses élèves, convaincu qu’il est que la lecture du thermomètre ne lui donnera aucune indication sur le moyen de s’attaquer à la maladie...
Pourtant, après quinze ans, force est de constater que les outils ne manquent pas. Pour autant suffit-il de légiférer et de produire pour instituer une culture ? Ou faut-il développer une culture en produisant des outils permettant de légiférer ? L’objet de la première partie du travail présenté ici n’est pas de trancher cette alternative, mais de s’appuyer sur cette dichotomie, en établissant d’abord un constat des demandes institutionnelles, puis une analyse d’un nouvel outil institutionnel mis à la disposition des enseignants (ici, les évaluations CE1), et en tentant d’analyser la perception qu’en ont les enseignants, au travers d’une enquête et d’entretiens qualitatifs.

Même à la veille de la révolution annoncée par la Loi Organique sur les Lois de Finances
(LOFL) pour organiser le « pilotage par les résultats » à tous les niveaux du système éducatif, j’essaierai de montrer, après beaucoup d’autres, que la culture évaluative n’a pas imprégné l’ensemble du système, et que les personnels d’encadrement et les conseillers pédagogiques ont encore besoin de développer des stratégies formatives à l’adresse des enseignants.

Quels objectifs, quels outils et quelles postures formatives peuvent-ils tenter, pour que l’évaluation devienne un outil pédagogique au service du développement des apprentissages des élèves ? Tel sera l’objet de la seconde partie de ce mémoire.

De ce point de vue, la problématique sera alors :
 d’identifier les obstacles à la lecture de l’évaluation comme outil de gestion des apprentissages des élèves.
 de dégager les caractéristiques des actions de formation permettant aux enseignants de faire le lien entre leurs pratiques et les champs de savoir disponibles, d’élaborer des régulations de leurs actions afin d’améliorer les situations d’apprentissage mises en place pour les élèves.

Si les actions proposées ici n’ont pas la prétention de résoudre le problème, elles tenteront de mettre en évidence le spectre des possibles, pour qu’enfin le système éducatif et ses cadres intermédiaires sortent de l’injonction non réalisable, et aident les enseignants à trouver les appuis théoriques et pratiques indispensables à l’exercice de leur métier, rendant ainsi possible la prédiction de Claude Thélot : « Il a fallu dix ans pour que l’évaluation s’installe vraiment. Son premier objectif, rendre compte, semble atteint. Nous sommes désormais entrés dans une deuxième phase, qui va également durer dix ans et qui conduira à une bonne utilisation de ces évaluations ».

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