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La gentrification d’Aubervilliers, commune pauvre de Seine-Saint-Denis, vue par une sociologue (Libération)

4 mai 2023

Gentrification
Mixité à Aubervilliers : c’est bien bobo mais…

Par opportunisme foncier, groupes industriels, ateliers d’artistes, commerces de bouche et bonnes tables s’installent à Aubervilliers, ville bien plus pauvre que la moyenne francilienne. Parfois avec intelligence, parfois avec moins d’élégance, comme le constate la sociologue Anaïs Collet.

« Dans la banlieue nord de Paris, il y a une ville terrible et charmante. En elle, confluent les déchets, les résidus, les immondices sans nom que produit la vie d’une capitale. Là, vont les bêtes crevées, les animaux de boucherie que les vétérinaires refusent à la consommation, les chevaux qui meurent à la peine sur la voie publique ; là, par barriques chaudes et fumantes, va le sang des abattoirs, vont les vidanges. » (1) Ainsi commence le récit de l’écrivain Léon Bonneff (1882-1914) sur Aubervilliers, dont la plume prolétarienne donne à voir une ville d’un autre siècle : miséreuse, aux conditions de vie déplorables. Si Aubervilliers n’a pas gardé trace de cette usine à ciel ouvert où s’empoisonnaient les ouvriers pour quelques piastres, elle n’est pas non plus devenue « l’épicentre de la création » comme le titre un peu vite le magazine de déco Vivre côté Paris de février-mars, qui a choisi de mettre en avant les « projets et perspectives de cette ville en mouvement ». Banlieue populaire de 90 000 habitants avec un taux de chômage à 22 % (contre 12,5 % en Ile-de-France) et un taux de pauvreté s’élevant à 41 % (2), Aubervilliers reste une ville bien plus pauvre que la moyenne francilienne, dont le taux est plutôt de 15,6 %.

Pour chaque commerce de bouche qui s’installe dans une banlieue populaire, des autochtones qui n’avaient rien demandé « se r

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[...] "Les classes populaires circulent souvent dans les milieux aisés mais l’inverse n’est pas vrai. Et cela fait du bien de se décrasser la rétine. Mais tout ça n’a qu’un temps ; car dans ce côtoiement, il y a des rapports inégaux d’appropriation de l’espace. Cette inégalité n’est pas qu’économique."
Et voila que notre petit monde de certitudes s’écroule. Vouloir que le milieux se mélangent, n’est-ce pas une posture ultimement bourgeoise ?

Extrait de liberation.fr du 02.05.23

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