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Réforme des INSPE et des concours : le bilan, très sévère, du comité de suivi (ToutEduc)

1er juin 2022

Réforme des INSPE et des concours : le bilan, très sévère, du comité de suivi

“La question de la place, et du rôle des INSPE dans l’offre académique de formation initiale et continue, les spécificités de son offre (en particulier via l’appui sur la recherche) sont des interrogations fondamentales pour l’avenir des INSPE“ indiquent Marie-Danièle Campion et François Louveaux, pilotes du comité de suivi de la mise en œuvre de la réforme des INSPE dont le bilan a été remis au mois de mai aux ministres de l’Education nationale et de l’enseignement supérieur, et que ToutEduc a pu consulter.

Voué à “identifier et promouvoir les pratiques efficaces, analyser les points de vigilance rencontrés et proposer, le cas échéant, les ajustements utiles“, le bilan constate dès le départ que “le passage des ESPE aux INSPE (introduisant une modification de la place du concours qui ne pouvait rester durablement au milieu du master, et un nouvel équilibre entre les acteurs) n’allait pas de soi".

Début octobre 2021, les deux pilotes indiquent que “la rentrée est marquée par une forte désorganisation, qu’il s’agisse des enseignements ou des mises en stage. Contrairement aux engagements, les AED en préprofessionnalisation ont été mis en responsabilité dès le mois de septembre. Les tuteurs n’ont pas de consignes claires (besoin d’éléments sur le profil des tuteurs et le cadrage de leurs missions). La question du financement de la réforme se pose et l’on ne peut que constater une perte de sens du travail effectué.“

Ils ajoutent, concernant les stages, que “beaucoup d’étudiants n’ont finalement pas choisi d’être contractuels“, notamment en raison de la charge de travail très lourde qui s’impose la deuxième année, avec la rédaction du mémoire et la préparation du concours. De même, les étudiants alternants “sont vus comme des moyens d’enseignement et le stage n’est plus considéré comme une modalité de la formation“. Mais il y a encore la question des frais de déplacement des étudiants, ou la recherche des lieux d’accueil pour les SOPA (stages d’observation et de pratique accompagnée) qui “n’a pas été anticipée ; aussi, dans certaines académies, ces lieux ne sont toujours pas identifiés“ avec de fortes inégalités entre les académies concernant les stages et l’alternance.

Marie-Danièle Campion et François Louveaux s’interrogent également “sur la nouvelle épreuve orale deux (mise en situation professionnelle, ndlr), en partie entretien de motivation“, ils se demandent “quel intérêt pour les étudiants de choisir la voie des masters MEEF surtout pour le second degré“ et si “la voie universitaire non MEEF ne se révèle pas aussi efficace et beaucoup moins lourde pour les étudiants que la voie MEEF avec stage à tiers temps, pourtant mise en avant comme particulièrement formatrice“.

En mars 2022, les pilotes détaillent des recommandations concernant les périodes en milieu professionnel, stages ou d’alternance dans le cadre d’un contrat de travail qui “constituent un élément central dans les master MEEF“. Si ces périodes en milieu professionnel sont “d’autant plus importantes que les lauréats des concours issus des masters MEEF sont placés en responsabilité à la rentrée suivante“, il convient dès lors “de veiller à les rendre les plus efficaces possible sans faire peser sur les étudiants une charge trop lourde.“

Les auteurs du bilan plaident, suite à leur travail, pour la création d’un observatoire, afin d’imaginer la réforme comme une dynamique que l’on peut suivre pour en étudier les effets, et donc penser le traitement de questions complexes et qui se déclinent à différentes échelles comme un processus destiné à évoluer.

Au final, ce bilan est “loin des ambitions initialement affichées“, avec des dossiers qui restent en suspens, comme celui de “la place des INSPE dans l’offre académique de formation qui n’est pas clairement définie, établie et donc du modèle économique des INSPE“, le choix des étudiants entre contrats et stages SOPA, les inquiétudes sur la charge de travail des étudiants en MEEF, les concours, la recherche, la diversité sociale des étudiants ou encore le cas spécifique des personnels d’éducation.

Les pilotes notent de même que cinq autres sujets “peu affichés dans l’offre de formation des INSPE“ ont été mis en lumière par la pandémie durant la réalisation de ce bilan : les modalités d’enseignement hybride, le rôle des territoires, la place des parents, les préoccupations de qualité de vie des étudiants et de qualité de vie au travail, tout comme les exigences particulières de la prise en compte, essentielle, des enfants d’origines modestes, les plus éloignés de l’École.

Sont enfin exprimées pour la rentrée à venir des “incertitudes“ qui subsisteraient, sur les conditions de mise en stage, la formation différentiée des lauréats MEEF et non MEEF (surtout sous l’angle de son financement pour les INSPE), sur la/les procédures de titularisation des deux catégories de lauréats, ainsi que des “inquiétudes sur la charge de travail des lauréats titulaires d’un MEEF qui seront à temps plein devant élèves et recevront en sus une formation dont les modalités restent à préciser.“

Extrait de touteduc.fr du 31.05.22

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