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Le rapport 2006 sur la pauvreté en France : l’introduction

14 mars 2006

Extrait du Rapport de l’ONPES 2006 : Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion

Le quatrième rapport de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (2005-2006) rend compte des évolutions de la pauvreté sur le long terme et sur la période récente, comme le prévoit la loi relative à la lutte contre les exclusions du 29 juillet 1998 à l’origine de sa création. Il présente les analyses et le point de vue des trois collèges qui le composent : représentants des administrations économiques et sociales, personnalités qualifiées concourant ou ayant concouru à la lutte contre la pauvreté, universitaires et chercheurs.

Un autre volume, intitulé « Les Travaux », est destiné à rendre accessibles à ceux qui le souhaitent les études effectuées pour l’Observatoire et qui ont contribué à nourrir le rapport. Celles-ci n’engagent que leurs auteurs. Au cours de l’année 2005, l’Observatoire a souhaité apporter sa contribution aux travaux actuellement en cours dans plusieurs instances nationales et internationales pour la rénovation et l’enrichissement des indicateurs destinés à la mesure des phénomènes de pauvreté et d’exclusion sociale. Il a poursuivi ses études sur les multiples dimensions de la pauvreté et les difficultés d’accès aux droits fondamentaux des personnes en situation de pauvreté. L’accès à l’emploi, la maîtrise de la lecture et de l’écrit et les restrictions de consommation ont été plus particulièrement approfondis.

Pour une observation plus complète des phénomènes de pauvreté, une meilleure compréhension des situations concrètes des personnes et une appréhension plus juste des mécanismes d’entrée et de sortie de la pauvreté, l’Observatoire souhaite mieux prendre en compte les données territoriales. C’est à ce titre que sont présentées un ensemble d’études sur la pauvreté dans les départements d’outremer.

Une aggravation de la pauvreté

Les dernières données disponibles sur la pauvreté monétaire sont de 2003. La tendance à la baisse de la pauvreté monétaire observée en 2001 et 2002 s’interrompt en 2003. Le taux de pauvreté monétaire augmente, en effet, en 2003, au seuil de 50 % du revenu médian et se stabilise au seuil de 60 % de ce même revenu médian. La pauvreté est différenciée selon l’âge, le sexe ou le type de ménages. La situation est défavorable aux personnes seules et aux familles monoparentales, parmi lesquelles les femmes sont largement majoritaires en tant que chef de famille. On observe donc depuis 1999, de manière stable, une plus grande proportion de femmes dans la population pauvre. Les moins de 25 ans continuent, eux aussi, à être surreprésentés dans l’ensemble des personnes pauvres par rapport à leur poids dans la population. Des interrogations émergent cependant sur une possible remontée de la pauvreté des personnes âgées, notamment lorsqu’elles sont seules. La comparaison des taux de pauvreté monétaire des pays de l’Union européenne situe la France dans une position légèrement plus favorable que la moyenne de ses partenaires.

Pour le chômage et les minima sociaux, on dispose d’indicateurs plus récents. Le chômage s’est accru jusqu’au milieu de l’année 2005, avant d’amorcer une diminution. Cette dégradation de la conjoncture économique et du marché du travail s’est traduite par une augmentation très importante, en 2003 et 2004, du nombre d’allocataires de minima sociaux d’âge actif, renforçant encore l’importance, soulignée par l’Observatoire dans son précédent rapport, du rôle des transferts sociaux dans la réduction de la pauvreté.

Le besoin de nouveaux indicateurs

La mesure des phénomènes de pauvreté et d’exclusion est tributaire des définitions retenues et des indicateurs choisis. Tant au sein de l’Union européenne que dans diverses instances nationales comme le Conseil national de lutte contre les exclusions ou le Conseil national de l’information statistique (Cnis) des réflexions sont en cours pour améliorer la production des observations statistiques rendant compte des phénomènes de pauvreté, d’exclusion et d’inégalités sociales. Aujourd’hui, en effet, les différents indicateurs communément utilisés sont tributaires de délais de production différents, ils mesurent donc des éléments distincts sur des périodes hétérogènes et ne peuvent être rapprochés qu’avec précaution.

Pour renforcer la connaissance des populations les moins bien prises en compte par les instruments actuels, pour mieux appréhender les trajectoires des individus, pour mieux saisir toutes les ressources des ménages et les différentes dimensions de la pauvreté, il est nécessaire de se doter d’outils complémentaires. Il convient également d’améliorer les délais de production de certains indicateurs.

Aussi l’Observatoire a-t-il conduit, en 2005, une réflexion approfondie sur le choix d’indicateurs pertinents qui le conduit à proposer d’enrichir désormais le diagnostic à partir d’un nombre limité d’indicateurs, considérés comme centraux. Il rappelle, en outre, après une nouvelle étape de décentralisation, la nécessité de la mise au point d’indicateurs territorialisés suffisamment homogènes pour permettre des comparaisons.

Ces indicateurs, quelle que soit leur valeur, ne sauraient, toutefois, constituer le seul instrument de connaissance des situations de pauvreté et d’exclusion. Les données associatives sont, elles aussi, une source importante de compréhension des conditions de vie réelles des personnes et l’Observatoire en a tenu compte pour l’établissement de son rapport. Comme les années précédentes, ce rapport présente dans ses deuxième et troisième parties la synthèse d’études approfondies conduites à la demande de l’Observatoire pour mieux cerner les différentes dimensions des phénomènes de pauvreté.

(...)

Une dimension territoriale de la pauvreté

Les caractéristiques de la pauvreté varient fortement sur l’ensemble du territoire. Entre la pauvreté des zones industrielles en déclin, celle des zones rurales enclavées, celle des centres-villes des villes moyennes, de la périphérie des grandes métropoles ou celle des départements d’outre-mer, il existe des différences significatives.

La compréhension des contextes territoriaux est nécessaire à une meilleure prise en compte des situations concrètes, des mécanismes d’entrée et de sortie de la pauvreté. Au-delà des contraintes traditionnellement liées aux marchés de l’emploi et du logement, les réponses de proximité apportées pour lutter contre la pauvreté peuvent varier considérablement d’un territoire à l’autre. Dans cette perspective, l’Observatoire présente un ensemble de données sur la pauvreté dans les départements d’outre-mer où la pauvreté est à la fois plus étendue et plus diffuse qu’en métropole.

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