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B* Dans le Rhône, un réseau d’enseignants de collège (en majorité en REP) travaille avec des chercheurs sur l’agriculture et l’alimentation (EDD) (Journée Innovation 2017, fiche très détaillée)

15 février 2017

Marguerite, encourager la formation d’un réseau au service de l’innovation en EDD -2017F

Collège Paul Claudel
98 AVENUE SAINT EXUPERY , 01154 LAGNIEU CEDEX
Site

Auteur : Céline Revel
Mél : Celine-Nadege.Revel@ac-lyon.fr

Le projet Marguerite réunit enseignants et chercheurs (9 collèges de l’Académie de Lyon ; ENS de Lyon, IFE) pour répondre à une inquiétude concernant les comportements alimentaires des adolescents. Dans le cadre de l’EDD, de l’esprit de la réforme et selon une approche globale des élèves, les enseignants créent et testent un dispositif de sensibilisation à l’agriculture et à l’alimentation. Suivant cet objectif ciblé, le collectif suscite finalement l’innovation dans les manières d’apprendre et les pratiques pédagogiques, favorisant l’émergence d’un réseau « pilote » pour essaimer l’action au sein de l’Académie, au bénéfice des élèves et de leurs territoires.

Plus-value de l’action
A partir d’une thématique et action qui peuvent sembler ciblées, le projet Marguerite a permis la création d’un collectif d’enseignants et de chercheurs, sensibilisé (1) à une approche critique des thématiques agricoles et alimentaires, (2) à une approche globale et territorialisée de l’EDD, et (3) à une démarche de recherche-action, à la faveur de nouvelles manières d’appréhender la construction des savoirs des élèves et la formation professionnelle des enseignants. L’intérêt du collectif pour ce projet éducatif a décuplé les capacités de créativité des élèves, des enseignants, des chercheurs, des institutionnels, au-delà des attentes initiales du projet sur les changements de pratiques alimentaires des élèves. Ce collectif, porteur d’un esprit d’échanges et de débats, devient un réseau « pilote » disposé à diffuser et susciter des pratiques pédagogiques innovantes au sein de l’Académie de Lyon et au-delà, au bénéfice des élèves et des territoires où ils habitent.
Nombre d’élèves et niveau(x) concernés

Lagnieu : 1 classe de 5ème (26 élèves) Le réseau Marguerite : environ 600 élèves de 6èmes, 5èmes et 4èmes répartis dans 9 collèges de l’Académie (Claudel, Moulin et Aymé (01), Triolet [REP], Eluard [REP], Balzac [REP], Barbusse [REP], La Clavelière [REP], Vallon (69))

A l’origine
L’expérimentation est née au collège Elsa Triolet (REP+) de Vénissieux, où les enseignants, l’infirmière et les chefs d’établissement sont alertés par les comportements alimentaires problématiques de leurs élèves (obésité, malnutrition, anorexie) qui influencent aussi les résultats scolaires (bien-être, concentration). La situation socio-économique des familles accentue les problèmes de santé des adolescents, d’autant plus dans un quartier où l’accès à une alimentation de qualité et diversifiée apparaît limité. Ce constat et ces inquiétudes sont partagés par d’autres enseignants, dans d’autres types de collèges (autres milieux socio-économiques, autres environnements plus ou moins urbains), comme à Lagnieu, lors d’opérations « Petit déjeuner au collège » ou simplement lors des cours concernant la nutrition ou les questions alimentaires.
Dans le même temps, un groupe de chercheurs en géographie de l’ENS de Lyon s’interroge sur les facteurs de déconnexions entre certains quartiers et leur agriculture locale et envisagent des actions, notamment éducatives, qui permettraient une reconnexion. Au-delà des prix et de la disponibilité de l’offre alimentaire, l’hypothèse est que les représentations que les habitants –dont les enfants et adolescents- ont de l’agriculture et de l’alimentation jouent aussi sur ces situations de connexion / déconnexion entre villes-campagnes. Les chercheurs réfléchissent alors à une opération en milieu scolaire, à tester dans des contextes différents (rural, périurbain, urbain / milieux plus ou moins défavorisés). De la rencontre entre les acteurs du collège et les chercheurs naît un double questionnement : les comportements alimentaires des adolescents peuvent-ils être améliorés par une meilleure connaissance de l’agriculture et du lien qu’ils font entre le champ et l’assiette ? une action au sein d’un établissement scolaire peut-elle mener à plus de connexion entre les territoires urbains et ruraux ?
De ce questionnement naît un partenariat secondaire / supérieur, collèges / recherche pour créer un « kit » de sensibilisation à l’agriculture et à l’alimentation à destination des élèves pris dans leur globalité, qui soit aussi un outil de formation des enseignants à ces problématiques, et un moyen de collecter des données pour les chercheurs. Le dispositif né au collège Elsa Triolet à Vénissieux est testé et retravaillé, dans un réseau de 9 établissements pilotes de la Métropole de Lyon et de l’Ain, dont le collège de Lagnieu, grâce à un prix gagné au Ministère de l’Agriculture en 2016 (Programme national pour l’Alimentation PNA).

Objectifs poursuivis
L’objectif initial est de répondre aux inquiétudes et constats initiaux concernant les comportements alimentaires des adolescents.
• - Diagnostiquer : mieux connaître les comportements alimentaires des adolescents, leur environnement alimentaire (familial, quartier) et les situations de mal-être que cela peut générer ;
• Reconnaître les pratiques : faire émerger les connaissances des adolescents sur l’agriculture et l’alimentation, identifier avec eux les points positifs et négatifs de leurs pratiques et des pratiques alimentaires en général, ainsi que leurs facteurs ;
• Informer, sensibiliser : proposer des outils (réflexifs, pratiques) pour que leurs comportements évoluent vers davantage de bien-être au sein de leur environnement quotidien. L’échange avec les chercheurs a fait émerger un deuxième objectif, celui de concilier un questionnement critique et une démarche pragmatique chez les adolescents, afin de faire évoluer durablement leurs pratiques.
• Insuffler positivement une réflexion sur soi et ses comportements à partir des savoirs initiaux des adolescents, plutôt que de déployer des injonctions alimentaires suivant une démarche descendante (sur le mode « il faut manger comme ci ») ;
• A travers la prise en compte des contextes (urbain / rural / périurbain) et de l’environnement alimentaire (familial, quartier) des adolescents, susciter une mise en débat sur ce qu’il est souhaitable / possible de faire ou non par rapport à son alimentation et sa santé, et pourquoi ;
• Générer une action avec les élèves sur le territoire du collège pour entrer concrètement dans la pratique et le changement de pratique. Le contexte de la réforme du collège est venu ajouter un troisième objectif, à destination des enseignants : proposer des séquences pédagogiques « clés en mains » pour faciliter l’appropriation de la réforme dans un contexte de pression pour les enseignants.
• Créer un EPI « Transition écologique et développement durable » SVT / Histoire-Géo pour la classe de 5ème dans le cadre de l’EDD ;
• Susciter des pratiques pédagogiques innovantes, pour générer de nouvelles manières d’apprendre et d’acquérir les compétences du socle, répondre aux attentes des parcours (citoyen, avenir, santé) et des EPI, générer la pluri / interdisciplinarité ; • Aménager des temps pour échanger sur la mise en place de la réforme, construire les ressources pédagogiques / former à l’utilisation de ces ressources entre équipes, entre enseignants issus d’établissements différents ;
• Utiliser les thématiques du projet et sa mise en œuvre pour témoigner de la largeur du champ de l’EDD, encore trop souvent réduite aux éco-gestes dans les établissements, et répondre aux besoins des enseignants de formation dans ce domaine. Enfin, les attentes du PNA en termes de délai (été 2017) ont défini un quatrième objectif qui implique aussi les enseignants : formaliser le kit pédagogique à destination des élèves et des enseignants en vue de sa livraison à l’été 2017 et rendre compte des résultats en termes de recherche sur le rôle des représentations des adolescents dans leurs comportements alimentaires.
• Créer un réseau de classes localisées dans des contextes différents et connaître ces contextes. A Lagnieu, l’équipe a décidé d’amorcer un groupe départemental en développant des relations plus étroite avec le collège de Dagneux (échanges avec les enseignants, échanges entre les classes (écriture de mails, rencontres), mutualisation des moyens en regroupant les visites pour alléger les coups de transport, construction d’une activité commune (concours de cuisine dont la faisabilité est à l’étude)
• Rassembler une équipe pilote d’enseignants issus de ces établissements qui créent, testent et fassent évoluer le dispositif expérimental avec leurs classes, puissent former d’autres enseignants et essaimer l’action à d’autres échelles ;
• Collecter des données en vue de les analyser, les comparer, les valoriser dans un cadre scientifique. A Lagnieu, les enseignantes ont pour cela aménager la classe avec un coin « Marguerite » et mis en place des rituels permettant la collecte de données de façon systématique (les élèves se filment, écrivent, les enseignants s’enregistrent à chaque fin de séance).

Description Les enseignants investis dans le réseau des classes pilotes sont libres de mener le projet avec le nombre d’heures qu’ils peuvent, suivant le niveau qu’ils souhaitent (6ème, 5ème, 4ème), avec une ou plusieurs classes et dans le cadre d’un EPI ou non. A Lagnieu, le projet a pris la forme d’un EPI avec une classe de 5ème, le projet avance par « blocs » de séances entrecoupés de cours « non EPI Marguerite » selon la programmation retenue par chaque discipline. Certaines séances permettent de connecter les 2 disciplines avec des points d’étude qui intéressent SVT et HG/EMC.
L’action s’appuie sur des séances en classe ou à l’extérieur (potager, sorties), co-animées ou non. L’originalité de l’action est d’associer en EDD quatre thématiques : la production, la commercialisation, la nutrition, la solidarité alimentaire. Cette contrainte permet concrètement de penser la connexion entre champ et assiette, et d’aborder ensemble la multiplicité des enjeux du développement durable. Chaque équipe décide librement de la façon dont elle aborde ces thématiques dans le cadre d’une progression.
Les séances sont théoriques (ex : qu’est ce que l’agriculture locale ?...), pratiques (ex : construction de pyramides alimentaires à partir des emballages, potager…), ludiques (jeu de rôle sur les circuits courts et circuits longs…) ou s’appuient sur des rencontres (lycée agricole, agriculteur, lycée hôtelier, épicerie solidaire, semaine du goût…) (voir les liens vers le site du projet et le portail viaeduc où sont donnés à voir des travaux du réseau et du collège de Lagnieu). Les séances sont pensées pour permettre une grande participation des élèves et leur montrer d’autres manières d’apprendre et d’être en classe.
Les points positifs et négatifs des séances sont analysés par les enseignants pour les améliorer en vue de la création du kit. Aux séances en classe est associé un dispositif pour collecter des données destinées à la recherche (questionnaire, entretiens, cartes mentales), avec la présence si possible d’un chercheur ou d’étudiants en observation participante. Tous les résultats constituent un support pour la recherche et la création du kit pédagogique, mais sont aussi utilisés pour générer du débat dans les classes et entre enseignants.
L’action s’appuie aussi sur 4 journées de formation pour les enseignants. Ces temps de partage génèrent des échanges entre équipes pédagogiques (« qui n’ont pas le temps de concertation en classes co-animées ») et entre collèges, constituent des moments de recul pour analyser ses pratiques pédagogiques, avec le regard d’autres acteurs (chercheurs, associations, responsables politiques, inspecteurs). Les temps d’échange ont permis pour l’équipe de Lagnieu de mieux saisir la complexité et l’envergure du projet, de dégager les points qui permettront de la pluri ou de l’interdisciplinarité, de co-construire une progression plutôt que de d’élaborer une progression uniquement disciplinaire chacun de son côté. Ces temps collectif de développement professionnel initient le réseau « pilote » Marguerite.
Enfin, l’action « pilote » se terminera par un Congrès des élèves ayant participé au projet. Toutes les classes (ou des représentants) des 9 collèges viendront présenter une action-clé ou la façon dont ils ont mené le projet auprès des autres élèves. A Lagnieu, il est prévu de rendre les élèves pleinement acteurs de cette journée, c’est pourquoi à ce jour la forme de la restitution n’est pas encore déterminée. Les élèves, répartis en groupe ont une mission : choisir les éléments à valoriser et proposer forme de restitution. Chaque groupe présentera sa proposition pour que la classe fasse ses choix. La journée est aussi l’occasion d’échanger, de partager et de découvrir tout ce que la thématique « agriculture et alimentation en EDD » déploie comme action, objets… Ce temps de congrès constitue enfin un espace de vitrine et de valorisation du projet pour les établissements, l’Académie, la Métropole. Sur la base de ce réseau « pilote », l’action sera valorisée scientifiquement et pédagogiquement à partir de la rentrée 2017 : l’échelle de cette opération de diffusion (action nécessaire à toute innovation) permettra de mesurer le caractère innovant du projet à moyen et long terme. A Lagnieu, l’établissement franchit une étape dans la mise en œuvre de l’EDD : on propose une EDD qui n’est plus cantonnée aux cours de SVT ou d’HG ou au club nature… mais bénéficie d’une réflexion d’établissement, de liens entre les personnels. L’objectif est dès à présent de se projeter sur les années futures pour proposer une suite à ce projet pour que les élèves poursuivent leur réflexion, leur construction de citoyen grâce à l’intégration des parcours dans les projets d’EDD.

Modalité de mise en oeuvre
Progression Les équipes se sont concertées pour voir comment elles organisaient la progression annuelle du projet par rapport aux 4 thématiques et aux spécificités de leur établissement (niveaux, disciplines, personnel enseignant et non enseignant souhaitant s’impliquer, lieu d’implantation, axe dominant…). Chaque établissement a organisé l’emploi du temps pour permettre des temps de co-animation (au moins de façon ponctuelle : hebdomadaire) ou en fonction des besoins. A Lagnieu, le projet se déploie sur une quinzaine de séances ; mais au Collège Balzac par exemple le projet s’est déployé sur le temps d’un événement en 1h30 (petit déjeuner au collège).
Les enseignants construisent une carte mentale de leur progression par rapport aux 4 thématiques, en concertation avec les chercheurs qui positionnent alors leur collecte de données. Chaque enseignant est libre d’organiser les séances comme il le souhaite. Néanmoins, certains temps « obligatoires » sont posés, pour harmoniser la collecte de données, et encourager la prise en main des 4 volets originaux du projet (ex : la séance initiale de présentation des thématiques, la carte mentale de l’environnement alimentaire des élèves, la rencontre avec un agriculteur et un acteur du territoire). Supports (voir le site du projet) L’action s’appuie sur un matériel pédagogique et de recherche déjà existant issu des trois premières années d’expérimentation à Elsa Triolet.
Tous les supports sont accessibles sur le site du projet. Les enseignants peuvent soit disposer des supports existants soit construire leurs propres supports. Les séances se présentent sous forme de fiches enseignants / fiches élèves qui décrivent le contenu et le déroulé et sont modifiables (voir document joint). Pour chacune d’elle sont définies : les disciplines concernées, les attendus par rapport aux programmes, au socle, aux parcours, la référence à la thématique traitée. Elles comprennent des ressources et supports variés : documents « classiques » (image, extrait d’article de presse, graphiques…), films, jeux, sorties… Des fiches « outils » sont associées quand la séance demande un savoir-faire technique (ex : construction d’un pluviomètre, cartographie sous QGIS). Des ressources annexes sont également proposées (sites internet, liste des acteurs du territoire…). Les enseignants qui créent de nouvelles séances sont amenés à créer de nouvelles fiches pour alimenter le dispositif pédagogique.
A Lagnieu l’équipe a décidé de construire ses propres supports (liaison avec le lycée agricole, utilisation de l’Expo Quizz « Manger responsable », séance sur le choix alimentaire….) Lien enseignement-recherche Pendant les séances, la collecte de données est organisée par les enseignants qui donnent leurs impressions en fin de séance sur un dictaphone, remplissent le carnet de bord sur le site internet du projet (photos…), livrent leurs données aux chercheurs sous format numérique. Les classes sont suivies parfois par des chercheurs et étudiants qui viennent en observation avec des outils (caméra, appareil photo…).
Les élèves remplissent les questionnaires en classe ou à la maison, parfois avec leurs familles et les résultats sont débattus en classe et servent de support aux séances. A la fin de chaque séance, un rituel « radio brocoli » est mis en place avec deux élèves volontaires pour capter leurs impressions : ils répondent à trois questions pour dire ce qu’ils ont compris, aimé, pas aimé de la séance. A la demande des enseignants, les chercheurs construisent des outils qui permettent d’exploiter eux-mêmes les résultats dans les classes (questionnaire Google Form, par exemple). Les étudiants ingénieurs de l’ENTPE viennent faire le trait-d’union entre enseignement et recherche. Ils suivent les classes et proposent une action dans le cadre de leur module « innovation et développement durable » : création d’un système d’irrigation pour le potager, mise en place d’une pesée des aliments non consommés à la cantine… Ils analysent leur action, les réactions des élèves et des enseignants et livrent leurs résultats sous forme de poster au Congrès des élèves. Formations (juin, octobre 2016 ; février, juin 2017).
Les chefs d’établissement libèrent les enseignants dans la mesure du possible pour les temps de formation. Les journées de formation alternent temps de présentation des objectifs / résultats de la recherche, ateliers entre collèges et disciplines différents, avec des réponses à des questionnaires, temps de concertation en équipe pour s’approprier le projet et le mettre en œuvre au sein de son établissement et temps informels d’interconnaissance. Cette organisation favorise l’échange, la mutualisation et la co-construction sur le projet, autant que la constitution d’un collectif. A travers le partage, ces journées sont aussi le moment d’une mise à distance de ses propres pratiques enseignantes. Congrès (9 juin 2017) Le Congrès témoigne concrètement de la diversité des acteurs constituant réseau initié par le Projet Marguerite.
La Métropole de Lyon appuie financièrement l’organisation du Congrès. - Réunion des classes (ou des représentants) à l’ENS de Lyon. Suivant le dispositif Graines d’explorateurs (utilisation d’une pratique innovante déjà éprouvée), les élèves préparent une présentation de leur projet au collège, présentent les travaux réalisés, écoutent les travaux des autres, ce qui permet le déploiement d’autres compétences du socle. Ils participent aussi à des ateliers et des rencontres suivant les exigences des parcours citoyen, santé, avenir.
Autres acteurs. Les enseignants du réseau voient la diversité des projets mis en œuvre. Les étudiants de l’ENTPE et de l’ENS présentent les résultats du suivi des classes. Des enseignants et chefs d’établissement des collèges de la Métropole, les responsables académiques sont invités, pour favoriser la diffusion du dispositif pédagogique à la rentrée 2017. Les chercheurs du réseau « Educations à » viennent en observation pour analyser la portée théorique du projet. Valorisation
• Essaimage de l’innovation : les enseignants de Lagnieu contribuent à la construction des fiches pour le futur kit livré au Programme national pour l’alimentation en juillet 2017.
Les enseignants du réseau « pilote » sont identifiés et mobilisés par l’Académie pour participer à / organiser des PAF avec le soutien des inspecteurs et de la Cellule EDD de l’Académie. - Médiatisation. Les enseignants exposent leurs carnets de bord sur le site du projet. Les enseignants de Lagnieu sont intéressés pour parler avec leurs classes du projet à la presse locale (journal communal, départemental) et rédiger une publication pour le bulletin des enseignants de SVT / d’Histoire géographie, avec le soutien des chercheurs de l’IFE. - Valorisation scientifique. Les chercheurs de l’ENS et de l’IFE associent des enseignants à leurs publications scientifiques et communications, par exemple participer à un colloque sur les usages du jardin (Paris juillet 2017), les transformations de l’EDD (Toulouse automne 2017), à un séminaire international (Québec, 2017).

Trois ressources ou points d’appui
• Pilotage du projet Marguerite grâce à la mise en réseau recherche / enseignement secondaire et à la présence d’un réseau d’enseignants (échelle du département : collaboration Lagnieu – Dagneux, autant que échelle académique : collaboration entre enseignants de Lagnieu et Triolet pour le partage d’expériences)
• Le dispositif recherche (sur les questions agricoles, alimentaires et les éducations à et l’innovation pédagogique) et la façon dont les élèves s’emparent avec enthousiasme et créativité du projet poussent à la réflexivité sur les pratiques enseignantes (vis à vis des classes, vis à vis des collègues)
• L’enthousiasme et l’engouement que suscite le projet Marguerite auprès de partenaires très différents donne confiance en ses pratiques pédagogiques et incite à innover davantage en sortant de la simple sphère de son établissement

Difficultés rencontrées
• La période où a été mis en œuvre le projet : la réforme mise en place à la rentrée 2016 a mobilisé fortement les enseignants ; il a été difficile de créer une équipe conséquente autour d’un projet aussi riche du fait d’un manque de temps ; les collègues ne se sont pas toujours rendu compte que le projet était un moyen intéressant et collectif et innovant de répondre aux enjeux de la réforme (les freins internes au changement ont conduit à un clivage de l’équipe)
• Sur les attendus initiaux et objectifs initiaux qui concernent les comportements alimentaires, il est difficile d’évaluer en moins d’un an si le projet est générateur de transformations durables des pratiques (on sait ce qu’on sème)
• Les collègues éprouvent une crainte face à la pérennisation de l’action : les financements existent (conseil général) mais ne sont pas garantis et les délais de réponse ne permettent pas toujours d’envisager sereinement la mise en œuvre.

Moyens mobilisés
A Lagnieu, l’équipe est composée de deux enseignantes (SVT et HG) et d’une CPE. Le projet se déroule pendant les heures de cours de SVT (en effectif allégé grâce à l’utilisation d’heures EPI), en HG/EMC soit en classe entière, soit en demi-classe (grâce à l’accompagnement personnalisé). Certaines heures d’étude des élèves sont parfois utilisées également. L’EDT des professeurs permet à chacune de participer aux séances de l’autre au moins une semaine sur deux, ce qui permet l’organisation de séance en co-animation ou une co-observation. Concertation tous les mois entre les collègues impliqués, échanges avec l’équipe Marguerite du collège de Dagneux. Lien avec le CESC, le comité de pilotage ABMA, le référent EDD, les autres personnels en lien avec le projet (direction, gestionnaire et personnels de cuisine et ATOS) et les partenaires. Le réseau Marguerite implique 36 enseignants, documentaliste, infirmière, CPE.
Le nombre d’heures consacré au projet varie d’un établissement à l’autre, mais sont comptées dans les heures de cours : - heures EPI - heures AP - heures de cours (6ème) Matériellement : - Mise à disposition au sein du collège d’un espace pour la réalisation d’un potager (si l’équipe le souhaite), l’implantation d’une serre, - Mise à disposition des enseignants pour les temps de formation - Autorisation de sortie des élèves - Espace pour réunir le réseau (IFE, ENS de Lyon) - HSE indemnisant certaines missions (Travail de veille, organisation du Site Graines d’explorateurs par exemple) Financièrement : Soutien du Programme national pour l’alimentation (prix 2016) : sur une dotation de 40 000 €, - chaque collège dispose de 800 € pour la mise en œuvre du projet (sorties, matériel) - 4 journées de formation à 1500 € Soutien de la Métropole de Lyon (Plan d’éducation au développement durable) : 4000 € pour l’organisation du Congrès des élèves

Partenariat et contenu du partenariat
• Conseil d’administration et conseil pédagogique de l’établissement : ils actent la participation de l’établissement à la recherche action, l’encouragent avec des moyens horaires et / ou financiers.
• Académie de Lyon : les IA-IPR responsables de l’EDD, de l’Education prioritaire soutiennent le projet au niveau académique, indiquent des professeurs intéressés par le projet, assurent l’adéquation entre le contenu du projet et les attentes des programmes et de la réforme ; la Cellule académique EDD (et ses représentants) soutient le projet, met à contribution son réseau d’enseignants, encourage la création d’un PAF ; la CARDIE encourage la participation aux journées départementales de l’innovation 2016 et soutient l’innovation au collège de Lagnieu ; les lycées agricoles (Sardières, St Genis) ou professionnels (Hélène Boucher) accueillent des élèves du collège dans le cadre des parcours avenir.
• L’ENS de Lyon et l’IFE : mettent à disposition des personnels administratifs, accueillent et organisent les journées de formation et le Congrès ; apportent une expertise en ingénierie pédagogique ; soutiennent et médiatisent le projet ; le Laboratoire de l’Education (ENS de Lyon) favorise l’inscription du projet dans la recherche sur « les Educations à ». - La Métropole de Lyon apporte un soutien financier et institutionnel et politique au projet, par l’intermédiaire de deux élus (Bruno Charles, Béatrice Vessiller) ; crée un groupe de travail pour apporter une dimension « restauration collective » au projet ; diffuse et médiatise le projet dans le cadre des actions innovantes de son Plan d’éducation au développement durable et des Territoires de l’éducation ; propose de diffuser le dispositif dans son réseau de collèges en phase d’essaimage.
• Les communes par exemple de Lagnieu : soutient le projet matériellement (mise en place du potager au collège) et institutionnellement (rencontre des services DD) - Les grandes écoles : ENS, ENTPE amènent des élèves à participer au projet dans le cadre de leurs modules de formation (Innovation et développement durable à l’ENTPE ; Formation anthropocène et Rendez-vous au jardin à l’ENS de Lyon). Des posters et mémoires d’étudiants sont en cours d’élaboration. - Milieu agricole : DRAAF Rhône-Alpes et le Ministère de l’Agriculture financent et suivent le projet, apportent un soutien institutionnel et mettent à disposition leur réseau dans les thématiques agricoles et alimentaires ; l’interprofession horticole donne des plants, ouvrent ses stations d’expérimentation aux élèves, proposent des interventions en classe ; des associations liées à l’agriculture (Côté Jardins, AFOC, Tabl’O vert) s’impliquent dans le projet.

Liens éventuels avec la Recherche
Thématique alimentaire Les enseignants ont été sensibilisés via des campagnes nationales et des plans gouvernementaux aux questions des comportements alimentaires des adolescents (par exemple INPES). Le collège de Lagnieu est entré dans une démarche ABMA (aller mieux pour mieux apprendre) qui a amené les collègues à avoir une approche plus globale des jeunes et des leviers nécessaires à leur bien-être. Le mi-temps de l’enseignante en SVT à l’IFE a renforcé son intérêt pour ces questionnements par l’intermédiaire du projet jardins, avant la rencontre avec l’équipe Marguerite. Les enseignants ont pu assister à des présentations scientifiques des enjeux du projet (concepts : justice alimentaire, réseaux d’approvisionnement) où ils ont découvert la bibliographie et les concepts récents. Ils se forment tout au long des temps de formation du projet aux 4 thématiques, avec un point de vue critique et en relation avec les possibilités offertes par leurs territoires. Thématique « Educations à » L’enseignante de SVT a demandé le mi-temps à l’IFE pour mieux appréhender les enjeux pédagogiques qui traversent sa pratique enseignante. Là, à l’IFE et à l’ENS, les thématiques des « éducations à » ont pris de l’ampleur et ont suscité séminaires, colloques….
Au contact de l’équipe ACCESS, la découverte de ces objets et réflexions lui a donné envie de transférer cette émulation scientifique et d’expérimenter ces pratiques au sein de l’établissement. La présence de l’enseignante en SVT au sein de l’IFE offre aussi les possibilités de valoriser scientifiquement les résultats de cette expérimentation à travers des futures publications ou participation à des colloques (cf supra « mise en œuvre du projet »). Thématique pédagogique Les enseignants qui ont choisi de participer au projet partagent tous cette curiosité envers le monde de la recherche et ont un souci de réflexivité envers leurs pratiques pédagogiques. C’est au contact enthousiasmant avec la porteuse de projet et face aux premiers résultats présentés (issus de la phase exploratoire menée à Elsa Triolet) que les enseignants se sont pleinement investis. La hiérarchie des intérêts varie : certains ont été plus sensibles au lien au territoire, d’autres aux thématiques agriculture et alimentation, d’autres aux thématiques DD, d’autres à la solidarité alimentaire, d’autres sur l’innovation pédagogique qui pouvait ressortir.

Evaluation
Evaluation / indicateurs
Protocole Le partenariat supérieur / secondaire intégrait dès 2013 un protocole de recherche par rapport aux hypothèses : questionnaires, enquêtes, observation pour évaluer les situations initiale et finale, les facteurs de changement avec l’action. Ce protocole visait à capter les comportements alimentaires des adolescents et leurs représentations de l’agriculture et de l’alimentation. La qualité des échanges entre les participants (élèves / enseignants / chercheurs / étudiants des grandes écoles ENTPE ENS) fait qu’il est devenu aussi un dispositif d’auto-évaluation de leurs connaissances et de leurs pratiques sur la réforme, l’EDD et les « Educations à ».
Par ailleurs, la mise en œuvre du projet a « induit » un autre protocole d’évaluation. D’une part, les formations sont devenues des moments pour capter les succès et limites à l’échelle des équipes pédagogiques, des établissements, du réseau et de l’Académie.
D’autre part, les actions des collèges envers leur territoire et l’exigence d’avoir un outil concret à l’horizon 2018 (par le PNA et la DRAAF, financeurs) ont permis de mesurer la réception du projet auprès d’acteurs nombreux et variés. Indicateurs de succès / limites En individuel : - satisfaction et motivation de tous les participants - progression dans les connaissances et compétences au-delà des thématiques initiales (EDD, socle, 3 parcours) ; intégration aux pratiques scolaires, professionnelles et personnelles - innovation dans les initiatives pour répondre aux enjeux de la réforme En interne : - création d’une équipe au sein du collège (enseignants / personnels) - soutien multiforme du chef d’établissement - création d’un réseau d’enseignants disposés à essaimer le dispositif En externe : - succès du projet qui répond à une demande académique, institutionnelle, politique, sociale et théorique - formalisation et diffusion au sein des établissements, de l’Académie et des territoires - soutien financier et institutionnel au déploiement d’un réseau

Documents

Titre Vidéo de présentation du projet
Condensé Cette vidéo présente la génèse du projet, les actions menées par les classes, les réactions des élèves et des professeurs.
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Type non précisé

Titre Un exemple de séance pédagogique
Condensé Ce document propose une des séances menée au collège de Lagnieu.
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Type document

Modalités du suivi et de l’évaluation de l’action
1. Auto-évaluation (membres du projet) a. Indicateurs de succès / limites pour les élèves : - satisfaction et motivation des élèves à participer au projet - connaissances et compétences révélées ou acquises via le projet (attendues et inattendues) - intégration des connaissances dans les pratiques quotidiennes et changements des pratiques Outils d’évaluation : déroulement des séances en classe, enquêtes de recherche (questionnaires, observation), productions orales et écrites des élèves tout au long du projet, dialogue avec les familles Supports disponibles : vidéos d’élèves exprimant leurs commentaires, le traitement des questionnaires, suivi des actions sur le site Graines d’Explo. b. Indicateurs de succès / limites chez les enseignants : - mise en place d’initiatives pédagogiques innovantes pour traiter les programmes et répondre aux enjeux de la réforme - satisfaction et motivation des enseignants à intégrer une démarche recherche dans leur pratique pédagogique - création d’un réseau d’enseignants disposés à travailler ensemble et à essaimer le dispositif Outils d’évaluation : productions orales et écrites des enseignants (entretiens, séquences pédagogiques), temps de dialogue entre enseignants et entre enseignants et chercheurs (temps de formation, actions conjointes entre établissements) Supports : auto-interview des enseignants en sortie de séance, suivi des actions sur Graines d’explo, retours des enseignants lors des formations c. Indicateurs de succès / limites chez les chercheurs : - enthousiasme, motivation, des participants au projet - évolution des représentations des élèves concernant l’agriculture et l’alimentation, évolution des pratiques et thématiques en EDD chez les enseignants - intégration des connaissances révélées ou acquises aux pratiques quotidiennes individuelles ou familiales, professionnelles - co-construction des savoirs, résultats dépassant les hypothèses et amenant de nouvelles hypothèses - construction d’un réseau, amorce d’un projet éducatif de territoire - réponse aux nouveaux enjeux théoriques en EDD et en formation des enseignants Outils d’évaluation : outils de la recherche (questionnaires, observation participante, entretiens) Supports : analyse des résultats, publications et communications à venir

2. Evaluation interne (échelle de l’établissement) a. La création d’une équipe au sein du collège indique la capacité de l’enseignant responsable à engager ses collègues et son établissement dans une démarche de partenariat et de projet, et à pérenniser cette action. Outils et critères d’évaluation : - les types de personnels de l’établissement mobilisés (enseignants ou enseignants et personnels) - l’implication de ces équipes dans le temps - à moyen terme (dans trois ans), l’utilisation du projet dans le parcours des élèves, par exemple oral du DNB b. Le soutien des chefs d’établissement témoigne de la place donnée au projet et de l’investissement du collège dans le réseau.
Outils et critères d’évaluation : - soutien à la création et à l’aménagement d’un potager, de campagnes d’affichage à la cantine, appui aux sorties scolaires, soutien pour le Congrès des élèves - aménagement de l’emploi du temps pour permettre les co-animations, attribution d’heures AP ou EPI pour le projet, attribution des OM pour les formations hors PAF, accueil de personnels extérieurs (chercheurs, étudiants) - encouragement à entrer dans une démarche de labellisation EDD de l’établissement 3. Evaluation externe a. L’intérêt que suscite le projet auprès d’acteurs nombreux et variés à l’extérieur des classes et de l’établissement montre qu’il répond à une demande académique, institutionnelle, théorique, politique, sociale et territoriale. Outils et critères d’évaluation : - Soutien académique : lycée agricole des Sardières, IA-IPR de la cellule EDD et de l’enseignement prioritaire de l’Académie de Lyon, Groupe académique EDD de l’Académie de Lyon, CARDIE de Lyon - Soutien du monde agricole : DRAAF et prix Programme national pour l’alimentation, interprofession horticole du Rhône, association AFOC et dispositif Tabl’O Vert - Partenariats avec l’enseignement supérieur (ENTPE, ENS) et travaux d’étudiants associés - Partenariats avec la Métropole de Lyon (cadre du PEDD et du plan la restauration collective) - Implication des territoires des communes : services et élus, associations locales comme VRAC, épicerie solidaire En Faim - Communication et publications de différents niveaux (medias, vulgarisation, scientifiques : voir la liste sur le site internet du projet) b. La demande de formalisation et de diffusion du projet Marguerite montre le souhait de pérenniser l’action au sein des établissements, de l’Académie et des territoires et apporte un soutien au déploiement d’un réseau prêt à innover en EDD. Outils et critères d’évaluation : - Demande de la cellule EDD et de l’Académie de Lyon de proposer une formation de formateurs et un PAF pour l’EPI Marguerite en 2017-18 - Demande de la DRAAF de disposer du kit de sensibilisation à l’agriculture en juillet 2017 pour le site du PNA / Ministère de l’agriculture - Soutien financier de la Métropole de Lyon pour le Congrès des élèves (juin 2017) : proposition de la Métropole de Lyon pour que l’ensemble des collèges du territoire adopte le dispositif - Intérêt et souhait des enseignants de continuer à mener le projet, pérennisation des collaborations établies lors des formations - Validation d’un financement de recherche sur « les éducations à » par le Laboratoire de l’Education (ENS de Lyon) qui permet de comparer ce projet à d’autres projets menés en sociologie et anthropologie avec d’autres établissements, sur d’autres thématiques

Effets constatés
Sur les acquis des élèves : Le projet développe des acquis multiples disciplinaires et thématiques : - Attractivité des séances : les élèves manifestent curiosité, motivation et enthousiasme. Ils arrivent avec le sourire, prennent en charge les rituels mis en place sans intervention de l’enseignant. - Acquis thématiques sur l’agriculture, l’alimentation et les comportements alimentaires - Acquis du socle de compétences bien au-delà de ce qui était attendu - Développement de l’autonomie grâce au travail de groupe, à la responsabilisation et au partage des tâches Le projet est aussi l’occasion pour l’élève et pour l’enseignant de constater les progrès sur la maîtrise des outils du citoyen et de la personne (langue, communication). - Développement de la participation orale des élèves plutôt « timides » au départ. - Prise de confiance grâce à la valorisation et la co-construction des savoirs - Amélioration de l’esprit critique. - Développement d’un autre rapport au savoir et à la connaissance : moins le « vrai » « faux » que l’argumentation autour de sa propre pensée - Développement de connaissances et de compétences liés aux parcours avenir, citoyen et santé (les métiers, les sorties, les rencontres…) Le projet amène aussi des changements de comportements de l’élève dans les familles : - débats et questionnements qui dépassent l’enceinte du collège et amène les familles à réfléchir ensemble - développement d’autres habitudes : changements pratiques dont parlent les familles au moment de temps quotidiens (sensibilité au moment des repas, courses…).

Sur les pratiques des enseignants : Nouvelles forme de pédagogie : Le postulat de départ dans ce projet est que les élèves ont déjà de nombreuses connaissances et qu’elles vont permettre une co-construction du savoir dans la classe. Ainsi, la pédagogie développée développe l’ouverture à l’autre au sein de la classe, avant d’entrer dans l’ouverture au monde extérieur en se confrontant à d’autres collégiens, venant d’autres milieux, à des adultes… Le projet aura permis aux enseignants du collège de - Créer des situations visant à mettre les élèves dans des situations d’apprentissages inhabituelles (ex : travail au potager qui permet de travailler des notions de cours mais surtout des compétences citoyennes du domaine 3 du socle ; Préparation du congrès des élèves, organisation de temps forts au collège (échanges avec des élèves d’un collège du réseau, choix des évènements à partir des idées du groupe…) - Découvrir l’effet stimulant de certaines pratiques (rituels du journaliste de la presse écrite, journaliste télé et témoins qui écrivent/se filment en fin de séance et sont demandeurs à chaque début de séance). L’encadrement par le professeur devient superflu au bout de quelques séances. Les élèves sont devenus parfaitement autonomes. Ces deux exemples illustrent bien la façon dont le projet est pensé : les séances s’appuient parfois sur des temps de construction de connaissances directe assez classique mais le plus souvent possible on construit les compétences de façon indirecte : dans le cas du radio-brocolis, l’élève travaille la maitrise de la langue sans avoir l’impression de le faire, de même lorsqu’il doit contacter un partenaire pour mettre en œuvre un temps fort. Le projet favorise également une évolution de la relation enseignant/élève. Le projet permet à l’enseignant de s’autoriser à expérimenter, en cela, les situations proposées aux élèves sont plus innovantes et l’enseignant se met davantage en posture d’analyse des réactions des élèves. Collaboration accrue au sein de l’Etablissement : Le projet Marguerite bouleverse les habitudes, car il permet d’embrasser pleinement toutes les composantes du développement durables au sein des cours de plusieurs disciplines, avec parfois des possibilités de construire de vrais moments d’interdisciplinarité. Ce travail nécessite des temps d’écoute et d’échanges entre collègues pour co-construire des séances où les regards disciplinaires viennent éclairer une même notion. Ces temps, ainsi que la mise en œuvre de ses séances en co-animation font évoluer l’enseignant, participe à une prise de distance sur sa pratique qui s’en trouve enrichie. Sensibilisation à une démarche recherche : Les échanges avec les chercheurs apportent beaucoup aux pratiques enseignantes : Développement de l’observation, auto-critique de ses pratiques, réflexivité (capacité à s’observer en train de faire et observer ses élèves en train de faire) sont autant de compétences professionnelles qui changent durablement les pratiques ensuite. Certaines parties du projet pensées au départ pour le seul recueil de données pour la recherche se sont finalement révélées de très bons outils pour les enseignants qui s’en sont volontiers emparés (utilisation des données obtenues pour la mise en débat des élèves ; concept « pas de mauvaise réponse » qui permet la mise en confiance des élèves ; travail sur le développement de l’esprit critique….) Prise de confiance et bien-être au travail des enseignants : Ces deux éléments sont liés aussi bien aux réactions positives des élèves qu’aux temps de formation qui apportent des éléments réflexifs aux enseignants tout en valorisant et respectant la créativité de chacun. La création d’un réseau qui mutualise tant en partageant des ressources, qu’en échangeant lors de regroupement permettent également une auto-formation sécurisante. L’équipe devient ressources pour d’autres équipes.

Sur le leadership et les relations professionnelles : Au sein du collège : La mise en œuvre d’un tel projet nécessite un pilotage par une ou deux personnes. Ce pilotage qui oblige parfois à prendre la parole devant ses pairs parfois réfractaires à la mise en œuvre de la réforme du collège n’est pas simple ; les contacts à prendre au sein du territoire augmentent parfois encore cette visibilité. Cependant, c’est aussi une opportunité de développer ses compétences personnelles et professionnelles pour porter un projet qui génère parfois une agrégation de volontés plus tardivement dans l’année. Le projet a généré une plus grande collaboration entre collègues, et surtout a nécessité un travail des enseignants avec la direction, l’intendance, les personnels de Vie Scolaire et les ATOS. Le projet a développé au sein de l’équipe, imagination, autonomie d’action en dehors de ses pratiques habituelles et esprit d’initiative. Il a également contribué à créer une émulation entre pairs qui a redonné des envies de recherches en sciences de l’éducation et dans les disciplines. Il a ainsi réengagé certains enseignants dans leur posture de cadre A en réflexion. Entre collèges : Des collaborations à l’initiative des enseignants, des échanges qui créent une dynamique de territoire à l’initiative d’un ou deux enseignants leaders (par exemple, les collèges de Lagnieu et Dagneux organisent plusieurs temps communs lors du projet, engageant ainsi une démarche d’échanges durables entre professeurs et élèves du département de l’Ain). Dans l’Académie : - Les enseignants et autres personnels impliqués dans le projet seront les têtes de réseau dans la phase de diffusion de l’innovation ; - Le soutien du projet par les IPR EDD, SVT, HG, Education prioritaire donne une visibilité aux enseignants de l’équipe, qui pourront intervenir dans des PAF des académies de Lyon et de Grenoble (auprès des formateurs et enseignants).

Sur l’école / l’établissement : - Prise en compte du projet dans l’organisation et l’aménagement du collège : mise en place d’un potager, organisation des temps forts (Course contre la faim, Gestion des déchets en liens avec le compost du potager, Concours cuisine…), campagne d’affichage (cantine). - Ouverture du collège vers d’autres milieux : développement d’échanges avec des collèges de milieux différents (par exemple le collège le plus rural du réseau avec un collège urbain de la banlieue de Lyon) - Rayonnement de l’établissement : présentation du projet en conseil d’administration, développement des partenariats, site Graines d’explorateurs, Congrès des élèves qui regroupera les classes et les acteurs académiques, affichage sur le site EDD académique, articles de presse locale, publications et communications scientifiques…
Plus généralement, sur l’environnement Au niveau de l’établissement tout d’abord, les enseignants impliqués développent une meilleure connaissance de l’environnement agricole, alimentaire socio-économique de leur collège. En effet, la mise en œuvre du projet nécessite de découvrir de façon précise la proximité de l’agriculture avec l’établissement (par exemple, création de séances à partir de photos aériennes), de reconnaître les types d’agriculture en présence, par exemple pour choisir l’exploitation la plus à même de recevoir la visite des élèves. Il en va de même pour construire la partie concernant la solidarité alimentaire, l’enseignant est invité à s’intéresser au territoire, créant des contacts qui ouvrent le collège sur sa commune (lien plus fréquent à l’école primaire), voire ancrent la participation de l’établissement à un Plan éducatif de territoire. Le projet a une incidence sur les interactions institutionnelles sur le territoire. Au niveau de la Métropole (même si la commune de Lagnieu n’en fait pas partie), la présentation du projet Marguerite a permis de créer un groupe de réflexion sur les questions éducatives et l’agriculture, l’alimentation et la santé avec plusieurs conséquences : - Une collaboration entre des services (politique de la ville, EDD, agriculture) qui travaillaient séparément jusqu’alors. - Une ouverture des actions éducatives vers les collèges (réservées auparavant à l’école élémentaire), au-delà de la restauration collective. Le projet offre donc une réponse aux enjeux de mise en œuvre du PEDD mais aussi aux préoccupations des élus pour la santé publique des concitoyens.

Extrait de experitheque : Marguerite, encourager la formation d’un réseau au service de l’innovation en EDD -2017F

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