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"L’ethnicisation de la France s’interroge sur les raisons qui amènent aujourd’hui la société française à « penser en termes culturels », à « estimer que les grands débats qui agitent nos sociétés [sont] essentiellement d’ordre culturel ou ethnique » (p.13).
Après une introduction qui a le mérite de poser le ton, la première partie intitulée « Vers un multiculturalisme à la française », se donne pour fil conducteur l’idée de race qui a traversé l’histoire de France de part en part. Si dès le XVIIe siècle, avec Boulainvilliers, s’opposent deux segments de populations : les Francs1 et les Gaulois, les politiques colonisatrices mises en œuvre plus tard avaient pour objectif l’assimilation des « indigènes » à la République, alors même qu’ils ne bénéficiaient pas du même statut que les vrais citoyens français.
C’est justement dans cette dimension assimilationniste que l’auteur comprend la nécessité « pour fonctionner, [de] l’existence de stocks différents de populations » (p.40). Autrement dit, l’inclusion dans un processus d’assimilation nécessite l’existence d’une population segmentée.
En reprenant les évolutions qui ont jalonné l’histoire française, Jean-Loup Amselle parvient à faire des parallèles entre les politiques mises en place récemment et celles qui ont vu le jour il y a bien longtemps : l’exemple le plus parlant étant celui de la gestion des « quartiers sensibles ou difficiles, les zones d’éducation prioritaire, les zones franches, etc. » (p.44) qui s’inscrit dans la lignée de l’administration indirecte qui était de vigueur dans les colonies. En déléguant certains territoires ou types de population au monde associatif, c’est une « politique de l’Etat libéral communautaire » (p.45) qui se développe.
Extrait de revues.org :
Jean-Louis Amselle, L’ethnicisation de la France, article de Sarra Chaieb