La mixité sociale est une imposture pour Hacène Belmessous

16 octobre 2006

Extrait de « Ville Essonne Expression » n° 37, octobre 2006 : Mixité sociale : un mythe français

Dans un contexte de dépolitisation et de fragmentation de l’espace public, comment entendre ce principe maintes fois affirmé ces dernières années selon lequel la fracture territoriale entre les banlieues populaires et la France paisible sera résorbée avec le retour de la mixité sociale, un principe au reste attesté aussi bien par les partis politiques de droite que de gauche ?

Pour légitimer ce mot d’ordre, ses partisans se prévalent du fait que les grands ensembles étaient à l’origine des lieux hétérogènes où se côtoyaient toutes les classes sociales et ethniques et que, la délinquance y étant insignifiante, les Français de souche ne refusaient pas d’y résider.

Aussi séduisants soient-ils, ces propos laissent circonspect. Ils abordent le réel en additionnant des mots - parfois - contradictoires car ils traitent d’objets distincts : cohabitation, coexistence, brassage, diversité sociale, mosaïque, melting-pot, équilibre sociologique, etc. Ils fusionnent, en outre, deux notions structurellement différentes : la ville populaire - qui est l’expression d’un mélange de quartiers anciens et nouveaux sous une forme socialement hiérarchisée - et la ville « mixte » - qui serait le lieu de l’hétérogénéisation sociale, ou plus précisément, de l’indifférenciation sociale.

Ces confusions sémantiques dans l’analyse de la réalité sociale, forgées pourtant par un grand nombre de spécialistes du fait urbain - sociologues, politologues, géographes, spécialistes de la politique de la Ville, etc. - méritent une attention particulière.

Elaborées dans une époque tétanisée par l’enchaînement incontrôlable de faits marqués au fer rouge des différences - religieuse, sexuelle, linguistique, ethnique, etc.-, ces notions témoignent en réalité d’une gêne, d’un souci évident de rendre invisible le fondement social instituant la nécessité de la mixité sociale dans la ville française : le référent racial.

Hacène Belmessous, journaliste, collaborateur de la revue Urbanisme, chercheur indépendant et directeur de collection aux éditions de l’Atalante. Il est l’auteur de l’ouvrage « Mixité sociale : une imposture, retour sur un mythe français », éditions de l’Atalante, 2006.

Prochaines rencontres-débats « Entre parenthèses »

•« Mixité sociale : une imposture, retour sur un mythe français » avec Hacène BELMESSOUS le 16 novembre 2006 de 14 h à 17 h

•« Pour une culture de la participation » avec Pierre MAHEY le 12 décembre 2006 de 14 h à 17 h

Elles auront lieu à la Maison Départementale de l’Habitat - Bd de l’Ecoute-S’il-Pleut à Evry dans la salle de conférence. Uniquement sur inscription. Nous retourner la fiche.

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