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Double niveau n’est pas groupes de niveau. Une autre façon d’organiser une classe sans trier les élèves comme le souhaite Gabriel Attal (blog de Catherine Chabrun)

12 février

Double niveau n’est pas groupes de niveau.
Une autre façon d’organiser une classe sans trier les élèves comme le souhaite Gabriel Attal

Voici l’organisation générale de ma classe qui m’a guidée chaque année en double niveau le plus souvent ou en niveau unique quand la structure de l’école ne me le permettait pas. En effet je travaillais dans une grosse structure (15 classes), dans une école ordinaire en milieu urbain, très hétérogène (niveaux scolaires, milieux sociaux, nationalités).

C’est une organisation qui tente de répondre au souci de rendre l’enfant acteur du déroulement de sa vie à l’école tout en privilégiant cinq temps d’éducation :

Les temps de réception : l’écoute, la lecture, les apprentissages, le cinéma, le théâtre…

Les temps de tâtonnement : où l’on cherche et recherche, où l’on s’efforce de trouver seul ou en coopérant avec les autres.

Les temps de dialogue, de relation à l’autre : les moments de parole, de débats, d’échanges et de partages, de projets, de communication, le « vivre ensemble ».

Les temps d’expression : plastique, musicale, poétique, corporelle, théâtrale…

Les temps de création : plastique, musicale, poétique, littéraire, corporelle…

Ces temps sont indissociables et vivent ensemble différemment selon les projets. Par exemple les moments de tâtonnement se mêlent aux moments de création ou d’expression. Dans les moments de tâtonnement, les temps de dialogue se mêlent aux temps de réception…

Il est important qu’une classe ait le temps de se nourrir à la fois des projets collectifs, des projets personnels et du programme. Pour se faire, quatre temps de fonctionnement vont se constituer : moment collectif, moment personnel, moment d’ateliers, moment des projets collectifs. Ils ne sont pas isolés les uns des autres : une activité peut se poursuivre dans l’un ou l’autre. Deux de ces temps peuvent inclure ou des activités induites par l’acquisition des compétences du programme ou des activités induites par les projets. Cette souplesse du temps va nous permettre de nous adapter beaucoup plus à la vie, à l’activité qui elle à son tour pourra structurer le temps. Ce découpage me rassure sur les compétences du référentiel devant être abordées et permet la pose de repères pour les enfants. Il a également un effet dynamique : du moment que l’enfant dispose de temps pour des projets (création, expression, curiosité…) cela l’incite à en avoir.

Ces différents moments vont s’alterner dans le temps de la journée et de la semaine :

Moment collectif : synthèses, activités de découvertes d’une notion, mise au point, compte-rendu collectif, sorties…

Moment personnel : entraînements proposés liés au programme ou choisis par l’enfant (consolidation, révision, intérêt…), production d’écrits, d’œuvres, de documents pour le journal, pour son correspondant, exposé ou… tout autre projet personnel.

Moment d’ateliers : expérimentaux, géométriques, arts plastiques, sportifs…

Moment de projets collectifs : correspondance, journal, classe transplantée, vidéo…

Le plan de travail devient alors indispensable comme outil organisateur et unificateur du programme et des projets. Il est commun à chaque enfant, au groupe et à moi-même. L’enfant y trouve à la fois ce qu’on va faire pendant les moments collectifs (en rapport avec le planning affiché en classe), ce qu’il doit faire (entraînements) et ce qu’il décide de faire (projets personnels, fichiers, écriture, ateliers…). Il peut le préparer en début de semaine pour ce qui est prévisible et le compléter fur et à mesure des réalités. Ce plan n’est pas un contrat, il est ouvert et peut recevoir l’imprévu, le désir de faire ou d’écrire ; l’enfant y note aussi ses entraides, véritable travail, et ce qu’il fait pour tous (exposés, présentations…) ; c’est aussi une mémoire, une passerelle entre les semaines et un lien avec les parents.

Un temps central, les réunions :

Le « Quoi de neuf ? »  : c’est un moment de parole qui permet à l’enfant d’entrer dans la classe avec son vécu et s’il le désire présenter à ses pairs et à l’enseignant un moment de sa vie (faits, objets, nouvelles…). L’événement personnel pourra être repris par le collectif à des fins de recherches et d’apprentissages.

Les bilans : c’est un moment de synthèse d’activités personnelles ou de groupe, de mutualisation des découvertes et des démarches.

Le conseil de coopération : c’est un moment de gestion et de décision, il est à la fois un temps d’entrée (c’est là que naissent ou s’expriment en partie projets personnels et projets collectifs) et un temps organisateur de la classe (planning, plans). C’est aussi un temps de pouvoir où chaque individu en relation avec les autres influe sur la vie de la classe.

Cette organisation de classe n’est pas neutre : recevoir l’enfant comme une personne à part entière capable d’organiser avec les autres son travail, sa vie scolaire, d’avoir des responsabilités, de proposer pour lui et pour tous, en connaissance et reconnaissance des libertés de l’autre, c’est pour lui permettre de se construire comme citoyen libre, responsable et capable de participer et d’agir à la société.

Extrait de catchabrun.com du 09.02.24

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