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Interdiction des abayas : les positions de la Vigie de la laïcité et de Jean Baubérot

29 août 2023

Sur l’interdiction générale du port de l’« abaya » à l’école annoncée le 27 août 2023 par le ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal

La loi du 15 mars 2004 interdit aux élèves des écoles, collèges et lycées publics de manifester ostensiblement une appartenance religieuse par le port de signes ou de tenues. Sont autorisés les signes discrets (par exemple de petits pendentifs) et interdits les signes ostensibles (par exemple, une grande croix, un voile ou un foulard, une kippa, un turban sikh). La circulaire d’application de la loi précise que sont dès lors interdits les signes ou tenues qui ne peuvent être communément porté·es par des élèves en dehors de toute signification religieuse.

Lorsque des accessoires qui peuvent être communément porté·es par des élèves en dehors de toute signification religieuse sont interdits, ils ne peuvent l’être que lorsque le comportement des élèves manifeste ostensiblement une appartenance religieuse. Ainsi, un·e élève qui porte systématiquement un couvre-chef pour couvrir ses cheveux et remplacer un voile ou un turban peut être sanctionné·e au titre de la loi de 2004. De même, le port d’une robe couvrante que certain·es qualifieraient d’« abaya » peut être interdit s’il est systématique et s’oppose, par exemple, au port d’une tenue adaptée en éducation physique et sportive ou en travaux pratiques. Il en est de même si des propos marquant une appartenance religieuse accompagnent ce port de tenue.

Dimanche soir, le ministre Gabriel Attal a annoncé une interdiction semble-t-il général edu port de l’abaya. La Vigie de la laïcité sera attentive à la circulaire précisant cette interdiction et la définition donnée à ‘l’abaya’. En effet, seuls des critères objectifs définissant une tenue ne pouvant factuellement pas être communément porté·es par des élèves en dehors de toute signification religieuse pourraient soutenir une telle interdiction sans s’opposer au principe de laïcité et à la loi du 15 mars 2004.

Ainsi, une interdiction générale, sans prise en compte d’un comportement marquant une appartenance religieuse, de toute robe couvrante pouvant être communément porté·es par des élèves en dehors de toute signification religieuse renverrait à une police du vêtement parfaitement contre-productive, suscitant les provocations d’élèves et entraînant davantage de replis en réaction.

Surtout, la Vigie de la laïcité rappelle que la façon la plus efficace de lutter contre tout repli communautaire réside dans le renforcement urgent de la mixité socio-culturelle à l’école. Dans chaque établissement où elle a été renforcée, les atteintes à la laïcité ont drastiquement chuté. Cette annonce du ministre de l’Éducation nationale ne doit donc pas être une façon de négliger cette action de fond.

Extrait de vigie-laicite.fr du 28.08.23

 

L’école, Gabriel Attal et la laïcité « geignarde »
C’est la rentrée scolaire : les médias causent sur l’école et le ministre de l’Education Nationale s’exprime. A les écouter ou à les lire, le problème ne serait pas le fait que l’institution scolaire aggrave les inégalités sociales, ni les classes surchargées, ni les suppressions de postes, ni les promesses non tenues de revalorisation des enseignants... Non, l’actu ce sont les fameuses « atteintes à la laïcité », qui auraient explosé.

[...] Le ministre a annoncé l’interdiction des abayas à l’échelle nationale. Certes, ainsi, il est mis fin aux incertitudes mais le périmètre établi en 2004 se trouve de nouveau élargie par décision du prince. Et une autre tenue risque de ne pas tarder pas à devenir problématique ! Rappelons que la plupart des autorités musulmanes, notamment les instances comme le CFCM et la Fondation pour l’islam de France (censée conseiller le gouvernement en la matière) ne considèrent pas l’abaya comme étant un « vêtement religieux ». Pour l’institution scolaire, en revanche, elle le devient. L’école, au nom de la laïcité, s’institue donc en instance qui fabrique du religieux ! Elle gémit, se plaint que des prédicateurs extrémistes en profitent. Ceux-ci « testeraient » l’école républicaine et Attal a repris cet argument. Mais c’est l’institution elle-même qui décide qu’il s’agit d’un « test ». Encore une fois : cela s’appelle donner des verges pour se faire battre. Il n’est guère étonnant que des extrémistes sautent sur l’occasion. Quand on veut mener efficacement un combat, on ne laisse pas à l’adversaire le choix du terrain !

Extrait de blogs.mediapart.fr/jean-bauberot du 28.08.23

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