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Abayas à l’école… Qu’en dit la Vigie de la Laïcité ?
À propos du port de tenues couvrantes ou d’abayas, la Vigie de la laïcité tient à rappeler le droit actuel et les positions qui peuvent être adoptées dans son respect. La loi du 15 mars 2004 interdit le port de signes ou tenues par lesquels les élèves des écoles, collèges et lycées publics manifestent ostensiblement une appartenance religieuse. Dès lors, au même titre que la kippa, le voile islamique ou la grande croix cités par la circulaire d’interprétation de la loi du 15 mars 2004, tout port d’une abaya au sens de robe islamique et présentée comme telle (tenue ample et couvrant l’ensemble du corps à l’exception du visage et des mains, marquant une appartenance religieuse) est interdit.
Pour l’hypothèse où son caractère religieux n’est ni avéré ni revendiqué. S’il s’agit alors, comme le rappelle la circulaire précitée, d’un vêtement qui peut être porté communément par n’importe qui (comme une jupe longue ou un haut ample, ou encore une robe longue et ample), la loi ne permet pas de l’interdire simplement parce que serait suspectée une appartenance religieuse. Par définition, la tenue n’étant alors pas « ostensible » puisque non « immédiatement reconnaissable » (cf. même circulaire) comme tenue religieuse.
Cependant, si le comportement de l’élève prouve un contournement de la loi du fait d’une manifestation ostensible, alors la jurisprudence confirme la possibilité de le sanctionner. Concrètement, cela suppose, par exemple, le refus d’un·e élève de se mettre en tenue adaptée pour l’EPS ou les TP de chimie, ou encore un port systématique de la tenue interrogée ou encore par exemple d’un bandana couvrant pour remplacer un foulard.
Un·e élève qui tiendrait des propos prosélytes religieux pour inciter des camarades à adopter la même tenue que lui ou elle doit également être sanctionné. En l’espèce, la jurisprudence existe et est constante.
Dès lors, il n’y a pas de raison objective à un changement du droit ni même à parler de « tenue religieuse par destination », tant l’expression peut conduire à des appréciations subjectives et variables, susceptibles de créer plus de troubles que d’en résoudre.
Si le corpus juridique est suffisant, il reste que, dans le cadre d’une réglementation vestimentaire, la crainte de « l’escalade » a toujours été rappelée, y compris par Aristide Briand, qui nous rappelait en 1905, à propos de la question de l’interdiction ou non de la soutane dans la rue, que « l’ingéniosité combinée des prêtres et des tailleurs aurait tôt fait de créer un vêtement nouveau, qui ne serait plus une soutane ».
En ce qui concerne l’école, la Vigie de la laïcité rappelle également combien il est important d’assurer les interactions socio-culturelles entre élèves pour éviter les replis communautaires de tous ordres. Cela suppose un renforcement considérable de la mixité sociale à l’école. Si le ministre de l’Education nationale a eu le mérite de remettre cette question à l’ordre du jour, rien ne sera possible si l’enseignement privé ne prend pas sa part.
Extrait de vigie-laicité.fr du 13.06.23
Abayas et qamis à l’école : « Une nouvelle réglementation serait un aveu d’impuissance des pouvoirs publics »
Face à l’apparition des abayas et des qamis à l’école, une nouvelle loi réglementant ces tenues au nom du respect de la laïcité est-elle opportune ? Que devrait faire l’institution scolaire face à ce phénomène ? Comment le comprendre ? A l’occasion de la Journée nationale de laïcité, Valentine Zuber, historienne et directrice d’études à l’École pratique des hautes études (EPHE-PSL), répond aux questions de Saphirnews.
Extrait de saphirnews.com du 09.12.22
Le billet de Thomas Legrand
L’abaya et la « chemise à fleurs », symptômes d’un débat dramatiquement prévisible
Revenue au centre du débat médiatique, la longue tenue traditionnelle et religieuse pourrait être proscrite en application de la loi de 2004 sur la laïcité à l’école. Mais l’application de cet interdit s’avère complexe à mettre en place pour les chefs d’établissements.
Encore ce piège, cette mâchoire identitaire. Un débat sans cesse réinventé qui a pour principal effet de produire de la bêtise en barre et aucune solution. Bêtises telles que : l’abaya serait le signe d’une vaste offensive islamiste dans le cadre d’une stratégie de « grand remplacement », dit-on à peu près toute la journée sur les chaînes de télé bollorisées, avant, n’en doutez pas, de passer, au mois de juillet, à la météo des plages des burkinis. De l’autre côté, d’autres âneries : on peut ainsi entendre un Jean-Luc Mélenchon prétendre que l’abaya n’a aucun rapport avec la religion et serait comparable « à une chemise à fleurs », alors qu’elle recouvre intégralement le corps des femmes à l’exception du visage et des mains. Ces deux réactions réflexes d’un débat polarisé sont dramatiquement prévisibles. La réalité est plus simple.
Surnager dans le brouhaha du tout info
Oui, l’abaya est un habit identitaire, instrumentalisé par des prosélytes religieux qui tentent de mettre la société française, et son espace médiatique, sous tension. Mais non, ce n’est pas un phénomène qui se généralise et qui menace l’équilibre de notre société. Ce n’est pas le phénomène en lui-même le principal problème mais bien son effet « fil de fer », pour reprendre l’expression de l’écrivain Giuliano Da Empoli. La mécanique du « fil de fer » consiste à privilégier sur chaque sujet l’affrontement des positions les plus éloignées pour assurer le spectacle. Cette mécanique est intégrée par les acteurs du débat qui se forgent alors une a
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