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Refondation. Contribution de Gilles Manceau (Univ.-IUFM Cergy-Pontoise) sur "les parents partenaires" : Les quatre impératifs

7 septembre 2012

Lire la contribution ( 8 p.) de Gilles Manceau

Gilles Manceau est l’animateur de l’atelier "Les parents partenaires de l’école" (groupe "Un système éducatif juste et efficace")

Extrait (pp. 4-5)

Quelles priorités ?
Je me permets de reprendre et reformuler ce questionnement [de la thématique de l’atelier] en le croisant aux résultats de recherche.
Quelles peuvent être les priorités d’une politique favorisant la place des parents ?
Je relève et propose à la discussion quatre mots clefs qui peuvent constituer des impératifs à
hiérarchiser ou à articuler : communication, démocratie, participation et apprentissages (ce dernier mot étant préféré à celui de « réussite »).

Pour chacun de ces impératifs, je mentionnerai certains écueils déjà identifiés par les acteurs de terrain ou par les chercheurs.

1) Impératif communicationnel : Améliorer la qualité de la relation de chaque parent avec chaque enseignant en améliorant la circulation d’informations entre eux. Il s’agit souvent ici (dans les projets d’établissements) de faire diminuer les tensions, d’améliorer la
communication (selon quelles modalités ?), de clarifier les demandes des enseignants et celles des parents.
Mais, un climat relationnel apaisé entre adulte est-il toujours propice à la réussite de tous ?
L’implicite n’aurait-il pas alors tendance à prendre la place de l’explicite ? L’expression des désaccords voire la manifestation de conflits ne sont-elles pas aussi porteuses de clarifications permettant l’élaboration de compromis mieux informés ?

2) Impératif démocratique : Améliorer le fonctionnement démocratique interne de l’Ecole en améliorant la représentation des parents dans l’Ecole (taux de participation aux élections, place et reconnaissance du rôle des élus). Le renforcement de la légitimité de ces élus pourrait bénéficier à tous les parents en faisant mieux entendre leurs préoccupations.
Mais ce système démocratique ne favorise-t-il pas les plus investis dans cette démocratie scolaire indirecte (ceux qu’on appelle couramment les « parents d’élèves ») ?
Les élus, représentants des parents, disent d’ailleurs souvent eux-mêmes (sur les terrains de nos enquêtes) avoir des difficultés à rencontrer les parents les plus éloignés, les « autres parents ».
La « colonisation » de l’école (van Zanten, 2001) par les uns peut augmenter l’éloignement des autres (Périer, 2005).

3) Impératif de participation : Diversifier les formes de participation et d’implication des parents. Cette participation pouvant impliquer des associations et organisations extrascolaires : mouvements d’éducation populaire ou associations de quartier… (ce que les
québecois qualifient de « communautaire ») afin de concerner aussi les parents les plus éloignés des établissements scolaires.
De nombreuses expériences, portées par des établissements scolaires et par des associations, montrent assez que, pour de nombreux parents éloignés de l’école, la possibilité d’agir dans un collectif ouvre davantage d’opportunités de compréhension des enjeux scolaires que la
réponse aux seules sollicitations individuelles, même bienveillantes, des enseignants.

L’expérience d’ATD Quart monde, par exemple, en témoigne.
Mais l’ouverture à des modes variés de participation, incluant des partenariats avec des
organismes extérieurs, ne favorise pas mécaniquement les apprentissages des élèves (Rochex
et Kherroubi, 2003).

4) Impératif cognitif : Favoriser les apprentissages des élèves en y associant les parents
voire en les formant à des pratiques d’accompagnement scolaire de leurs enfants, certains
parents sachant le faire mieux que d’autres. Bien que cela soit un facteur très favorable, il
n’est pas nécessaire d’avoir été soi-même scolairement performant pour favoriser les
apprentissages de son enfant. Les professionnels peuvent alors, par souci d’efficacité, donner
de plus en plus d’importance à des pratiques en direction des parents, ce que Sellenet appelle
le « parentalisme » (Sellenet, 2007).
Mais ces pratiques (favorisées par la politique de la parentalité) peuvent devenir « intrusives »
(dans l’éducation familiale) et renforcer des rapports de domination (Boucher, 2011)
(Neyrand, 2011) qui génèrent passivité, retrait ou résistance.

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