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Violence en ZEP et ailleurs : le rapport de l’INSERM

26 mars 2005

Le rapport de l’INSERM sur la violence : 4 extraits du rapport concernant directement les ZEP.

Le rapport « Violences des collégiens et lycéens : constats et évolutions », établi par Marie Choquet, Christine Hassler et Delphine Morin (INSERM U472) est disponible au secrétariat de l’OZP. Celui-ci a extrait les quatre passages concernant directement les ZEP mais invite les lecteurs à lire la totalité de ce rapport fort intéressant.

(...)
Dans le présent travail on ne cherche pas à défendre un point de vue de sociologue ou criminologue. On propose, par contre, outre une description détaillé des conduites de violence en fonction du sexe et de l’âge, à vérifier le rôle de l’école et de la scolarité dans cette violence, et plus particulièrement dans la violence scolaire. On propose plus particulièrement :
1/ D’étudier le lien entre les caractéristiques de l’établissement (urbain ou rural, en ZEP ou hors ZEP, général ou professionnel, public ou privé) et les conduites de violence. Au regard du discours social sur le phénomène, on fait l’hypothèse que toutes les formes de violence sont plus fréquentes dans les collèges urbains que dans les collèges ruraux ; dans les collèges ZEP que dans les collèges non ZEP, dans les lycées professionnels que dans les lycées de l’enseignement général ; dans l’enseignement public que dans l’enseignement privé.
2/ D’étudier le lien entre les caractéristiques de l’établissement (urbain ou rural, en ZEP ou hors ZEP, général ou professionnel, public ou privé) et l’évolution des conduites de violence. Ici encore, on a fait l’hypothèse que toutes les violences ont plus augmenté dans les établissements “ sensibles ” que dans les autres établissements.
3/ D’étudier le lien entre les caractéristiques de l’établissement (urbain ou rural, en ZEP ou hors ZEP, général ou professionnel, public ou privé) et la violence scolaire. Comme pour la violence en général, on fait l’hypothèse que les élèves des établissements “ sensibles ” (urbain, ZEP) sont plus enclins à être violents (ou à subir des violences) à l’école que ceux des autres établissements scolaire.
4/ D’étudier le lien entre l’attitude scolaire de l’élève (notes scolaires, appréciation de l’école, absentéisme scolaire) et la violence scolaire. On fait l’hypothèse que le lien de la violence scolaire avec l’attitude scolaire est comparable à celui observé entre la violence scolaire et les caractéristiques de l’établissement.
5/ D’étudier le poids respectif des caractéristiques de l’établissement et de l’attitude scolaire de l’élève sur la violence scolaire. En intégrant l’ensemble des variables scolaires (de l’établissement, de l’élève) dans un modèle statistique visant à “ expliquer ” la violence scolaire (la régression logistique), on fait l’hypothèse que les deux types de facteurs jouent un rôle comparable, la violence scolaire étant alors autant “ expliquée ” par les caractéristiques de l’établissement que par les caractéristiques de l’élève.

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Question 5 : Les collégiens de ZEP sont-ils plus violents que les collégiens hors ZEP ?
La comparaison en 2003 entre les élèves de collèges urbains ZEP et les élèves des collèges urbains non ZEP montre que :
(18) On n’observe pas de différence entre collégiens ZEP et non ZEP pour dix des quatorze conduites étudiées. Ainsi, les conduites de vol et bagarres, voire certaines violences graves (comme l’utilisation d’une arme, le fait de mettre le feu, les actes racistes) sont aussi fréquentes parmi les collégiens non ZEP que parmi les collégiens ZEP.
(19) Deux conduites sont moins fréquentes parmi les collégiens ZEP que parmi les collégiens non ZEP : le fait d’abîmer des biens publics ou privés (16% parmi les collégiens ZEP, 19% parmi les collégiens non ZEP, après ajustement sur sexe et âge, OR= 0,76, p<0,001) et le fait d’ avoir été auteurs de violences verbales ( 29% versus 35%, après ajustement sur sexe et âge, OR= 0,72, p<0,001) ;
(20) Deux des conduites étudiés sont plus fréquentes parmi les collégiens ZEP que parmi les collégiens non ZEP la vente des objets volés (8% parmi les collégiens ZEP versus 6% parmi les collégiens non ZEP ) et le racket (3% versus 1,6%). Après ajustement selon l’âge et le sexe, seule la différence sur le racket persiste (OR = 1,84, p<0,001).
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A la question “Les collégiens de ZEP sont-ils plus violents que les collégiens hors ZEP ? ” la réponse est “GLOBALEMENT NON”.
En effet, pour la majorité des conduites de violence étudiées, il n’a a pas, en 2003, de différences entre ZEP et non ZEP . Toutefois, la revente des objets volés tout comme le racket sont plus fréquents parmi les élèves ZEP. Mais la violence verbale et la dégradation des biens publics et privés sont moins fréquents en ZEP qu’ailleurs.

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Question 6 : Entre 1999 et 2003, la violence a-t-elle plus augmenté parmi les collègiens ZEP que parmi les collégiens non ZEP ?<
L’évolution 1999-2003 de la violence parmi les collégiens ZEP et parmi les collégiens non ZEP montre que
(21) Parmi les collégiens ZEP, la violence évolue peu 1999 et 2003, et les quelques augmentations observées ne sont pas statistiquement significatives. On note plutôt une diminution de la violence : ainsi décroît le fait de voler dans une boutique (p<0,05) ou de faire partie d’un groupe commençant une bagarre avec un autre groupe (p<0,05)
(22) Parmi les collégiens non ZEP, la violence est plutôt en augmentation et au mieux stable. L’augmentation est statistiquement significative pour du fait de provoquer une bagarre (qui passe de 20% à 23% , p< 0,05), de voler un objet d’une valeur >15 Euro. (qui passe de 11% à 13%, p< 0,001) et d’abîmer des biens publics ou privés (de 17% à 23%, p<0,001).
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A la question « Entre 1999 et 2001, la violence a-t-elle plus augmenté parmi les collégiens ZEP que les parmi les collégiens non ZEP », la réponse est « NON ».
On a même observé le contraire. Ainsi les différences qui existaient en 1999 se sont estompées en l’espace de 4 ans, et ce à cause un double mouvement : une diminution de certaines violences (vol, faire partie d’un groupe qui commence une bagarre) parmi les élèves ZEP et une augmentation de certaines violences (provoquer des bagarres, voler des objets d’une valeur >15 euro, abîmer des biens publics ou privés) parmi les élèves non ZEP.

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QUESTION 14 : La violence scolaire (en tant qu’auteur ou en tant que victime) est-elle plus élevée dans les collèges ZEP que dans les collèges non ZEP ?<
En considérant les « auteurs », les collégiens ZEP , comparés aux élèves en collège hors ZEP, se déclarent plus souvent auteurs de vol (9% contre 7%, p<0,05) et de racket (3,1% contre 1,6%, p<0,001) alors que dans les collèges hors ZEP, les élèves se disent plus volontiers auteurs de violences verbales (35% versus 29% des élèves ZEP, p<0,01). Les violences physiques entre jeunes perpétrées à l’école, tout comme les actes racistes, ne sont pas plus fréquentes dans les établissements ZEP que dans les établissements non ZEP.
En considérant la victimisation, les élèves hors ZEP se déclarent plus souvent victimes de coups (21% versus 18% des élèves ZEP p<0,05), de vol (14% versus 12% des élèves ZEP, p<0,05) et de violences verbales (48% versus 35% des élèves ZEP, p<0,001), alors que les élèves ZEP sont plus souvent victimes d’actes racistes (14% versus 10%, des élèves hors ZEP, p<0,001).
Au total, toutes proportions gardées, la victimisation (rapport % victimes / % auteurs) est plus importante dans les collèges hors ZEP que dans les collèges ZEP à propos du vol ( rapport de 1,3 en collège ZEP contre 2,0 en collège non ZEP) et du racket (rapport de 1,4 en ZEP et de 1,9 en non ZEP). Par contre, la victimisation est plus importante dans les collèges ZEP pour les actes racistes (rapport de 2,9 en ZEP versus 2,1 hors ZEP) . Notons que les élèves de ZEP se déclarent plus volontiers “ auteur ”de coups (22%) que “ victime ”de coups (18%, p<0,001), alors que la tendance est inversée pour les collèges hors ZEP ( 20% sont auteurs de coups, 21% en sont victimes).
A la question : “ Au collège, la violence scolaire (en tant qu’auteur ou en tant que victime) est-elle plus élevée en ZEP qu’en non ZEP ? ”, la réponse est « PAS SYSTEMATIQUEMEN T »
Si les élèves en ZEP sont plus nombreux à avoir des conduites de vol et de racket , ils sont moins nombreux à être auteur de violence verbales. Par contre ils sont plus souvent victimes d’actes racistes.
Quant aux élèves hors ZEP, ils sont plus fréquemment auteurs de violences verbales et surtout victimes de violences (coups, vols, violences verbales). N’oublions pas que les collèges de l’enseignement privé font partie des collèges hors ZEP.

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