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Les évaluations en CP et CE1 : le commentaire de Guislaine David, SNUipp (FranceInfo, Marianne)

17 novembre 2021

Évaluations scolaires : le syndicat d’enseignants SNUipp-FSU juge "inquiétant" le niveau de lecture des élèves de 6e
À l’entrée en sixième, près d’un élève sur deux n’a pas le niveau requis en lecture. Des résultats qui chutent à un tiers pour les collégiens en éducation prioritaire renforcée.

Guislaine David, co-secrétaire générale et porte-parole du SNUipp-FSU, a jugé mardi 16 novembre sur franceinfo le niveau de lecture des élèves de 6e "inquiétant" et prôné un changement de "mode de fonctionnement de la politique éducative en France". Les résultats des évaluations du primaire, présentés par le ministère de l’Éducation nationale, révèlent que globalement, les élèves de CP et CE1 ont retrouvé les niveaux d’avant le premier confinement où les classes avaient fermé trois mois à cause du Covid-19. Mais seulement la moitié des élèves de 6e ont le niveau attendu. On tombe à un tiers en éducation prioritaire renforcée.

franceinfo : Comment jugez-vous cette évaluation sur le niveau des élèves ?

Guislaine David : On est avec ces évaluations sur des compétences de haut niveau en lecture qui ne sont pas atteintes. Les écarts sont creusés entre éducation prioritaire et hors éducation prioritaire sur ces compétences-là. Cela veut dire qu’effectivement, lire, c’est comprendre. Il faut travailler ces compétences sur la compréhension et ne pas focaliser comme on le fait actuellement et comme la politique du ministre le fait actuellement sur l’oralisation de la lecture et sur la fluidité de la lecture. Cela ne fait pas tout. Bien évidemment, il faut comprendre ce qu’on lit pour avoir ensuite les compétences requises dans tous les enseignements.

Le dédoublement des classes de CP et CE1 dans les quartiers difficiles n’a pas eu d’effet ?

Les effets du dédoublement n’ont pas atteint les objectifs de la lutte contre les inégalités. Cela veut dire que ça ne fait pas tout. Il faut aussi avoir des pratiques d’enseignement qui soient portées sur la compréhension en lecture. Il faut aussi la formation des enseignants. Et puis le dédoublement s’est accompagné d’une méthode prescriptive, de méthodes toutes faites pour apprendre. On voit bien que ce n’est pas cela qui fait que les élèves progressent. C’est un tout. Et n’oublions pas que nos élèves d’éducation prioritaire, ce sont ceux qui sont aussi socialement le plus défavorisés et donc, ce n’est pas suffisant pour améliorer leurs compétences.

Le niveau de lecture des élèves de sixième est-il alarmant ?

C’est inquiétant. Cela veut dire qu’il faut changer le mode de fonctionnement de la politique éducative en France. Il faut axer sur autre chose, c’est-à-dire qu’il faut travailler sur les compétences de niveau, les compétences en compréhension en lecture. Cela veut dire aussi la résolution de problèmes. On voit que c’est là où les écarts se creusent. Si l’on veut que les élèves réussissent après la sixième, il faut travailler ces compétences en compréhension, c’est essentiel. Donc, il faut modifier les pratiques. Et puis, il faut donner plus aux élèves. On a vu qu’il y a quelque chose qui est abandonné depuis quelques années, c’est le dispositif "Plus de maîtres que de classes", un enseignant supplémentaire dans les écoles pour aider justement à avoir un double regard sur les élèves. Il faut revenir à ces pratiques pour pouvoir justement faire évoluer nos élèves.

Extrait de francetvinfo.fr du 16.11.21

 

École : les effets du confinement ont-ils vraiment été gommés ?
Par Marie-Estelle Pech
Le niveau des élèves de CP et de CE1 progresse par rapport à la rentrée 2020, selon les évaluations nationales. Ces chiffres rappellent cependant que notre école demeure profondément inégalitaire : un élève sur deux arrive en sixième sans vraiment savoir lire.

[...] CONSÉQUENCES ENCORE VISIBLES CHEZ LES PLUS DÉFAVORISÉS
On peut néanmoins s’interroger sur ce qualificatif de « rattrapage » du confinement, brandi un peu vite : les élèves dont le niveau avait été évalué comme affaibli en raison du confinement étaient alors en CP et CE1, deux classes fondamentales pour l’apprentissage de la lecture et des mathématiques. Or, ces élèves sont aujourd’hui en CE2 et CM1, deux niveaux non pris en compte dans les évaluations de 2021. Impossible donc, d’assurer qu’ils ont « rattrapé » les semaines de classe perdues. On ne le sait pas. Ces évaluations ne s’intéressent pas, par ailleurs, au niveau des élèves de collège et surtout de lycée qui en 2020 ont connu plusieurs mois de cours à distance par intermittence…

À LIRE AUSSI : Le dédoublement des classes à l’école permet (un peu) d’élever le niveau

Dernière difficulté soulevée par Guislaine David, du Snuipp-Fsu, syndicat majoritaire dans l’enseignement primaire, les évaluations se concentrent exclusivement sur les mathématiques et le français : « Or, les enseignants mesurent encore les conséquences du confinement, surtout sur les compétences transversales : la capacité à respecter les règles de vie collective, la capacité d’attention, la capacité à travailler avec les autres, à prendre la parole en public, etc. Un problème qui concerne surtout les élèves de milieu défavorisé dont certains ne sont pas revenus en classe avant septembre 2020 et ont donc raté plus de trois mois de cours. »

[...] Écart entre les élèves de REP+ et les autres
Pour autant, l’écart entre les enfants de REP + et les autres reste important alors que 11 000 postes d’enseignants ont été consacrés à la réduction des effectifs de classes depuis le début du quinquennat. Les élèves progressent peu en résolution de problèmes ou en compréhension de l’écrit, par exemple, deux compétences de haut niveau déterminantes pour une poursuite d’études. À titre d’exemple, la compétence « lire à haute voix » en CE1 met en difficulté 26 % des élèves dans le public (18 % dans le privé) mais 41,7 % des élèves inscrits en REP + !

Encore faut-il reconnaître que l’effet d’une telle politique de réduction des effectifs ne peut être immédiat, ni spectaculaire. Il dépend beaucoup de l’évolution des pratiques professionnelles des enseignants qui demandent du temps. Enfin, d’après un suivi portant sur les élèves entrés en CP en septembre 2020, la Depp relève que les écarts ont certes tendance à se réduire entre le début et le milieu de CP, mais ils augmentent entre le milieu de CP et le début de CE1. « L’hypothèse la plus forte est celle d’un effet vacances qui creuse les inégalités »note la DEPP. Plusieurs études l’ont déjà montré dans le passé. Les élèves de milieux défavorisés souffrent des coupures scolaires liées aux longues vacances d’été et perdent une partie de leurs acquis scolaire.

À LIRE AUSSI : Le recrutement d’enseignants "sur profil" peut-il rendre attractifs les établissements REP ?

Extrait de marianne.net du 16.11.21

 

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