> Carte de l’EP et Carte scolaire en EP, > Carte EP. Modifications (entrée/sortie) locales et acad. > La grève du jeudi 26 janvier dans les ZEP de Seine-Saint-Denis

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

La grève du jeudi 26 janvier dans les ZEP de Seine-Saint-Denis

27 janvier 2006

Extrait de « L’Expresso », le 27.01.06 : Actualité : La grève du 93

Selon les syndicats, 50 à 60% des enseignants de Seine Saint-Denis ont fait grève le 26 janvier. Ils protestent contre la nouvelle carte scolaire, le manque de moyens dans l’académie et la remise en question des ZEP par Gilles de Robien. "Comment peut-on dire qu’on va aider les lycées à rattraper leur retard si on sort les meilleurs ?" fait remarquer, selon l’AFP, une CPE, faisant allusion à une mesure annoncée par Robien : la possibilité pour les bons élèves de ZEP de déroger à la carte scolaire. Une mesure gouvernementale assez typique puisque sacrifiant les établissements ZEP en exaltant la méritocratie et l’individualisme.

----------

Extrait du site « VousNousIls », le 27.01.06 : La réforme des ZEP vilipendée par les enseignants du 93 en grève

La disparition programmée des Zones d’éducation prioritaire (ZEP) au profit d’un nombre restreint de collèges "Ambition réussite" révolte les professeurs de Seine-Saint-Denis, en grève jeudi, qui redoutent un contre-effet de ghettoïsation.

La grève des écoles, collèges et lycées de Seine-Saint-Denis a été suivie à 33,9% selon le rectorat, entre 50 et 60%, selon les syndicats. "Les annonces Villepin, Borloo, Robien dans la lignée de la loi Fillon sacrifient l’éducation des jeunes de milieux populaires", estime le principal syndicat des collèges et lycées, le Snes-FSU 93, pour qui la refonte des ZEP annoncée mi-décembre par le ministre Gilles de Robien est "un dynamitage de la politique d’éducation prioritaire".

Si le nouveau classement des établissements prioritaires n’est pas encore définitivement arrêté, la liste provisoire circulant parmi les professeurs faisait l’unanimité contre elle dans les rangs des manifestants réunis devant l’Inspection d’académie à Bobigny. Dans ce département qui compte actuellement 64 collèges classés ZEP (sur 119 au total), une quinzaine d’établissements devraient être classés EP1 (Education prioritaire 1er niveau), selon le Snes-FSU.

Les collèges EP1 bénéficieront de moyens accrus (tant dans l’encadrement des professeurs que des élèves), et d’une dérogation à la carte scolaire qui permettra aux élèves "méritants" (ayant eu mention bien ou très bien au brevet) de choisir un autre lycée que celui du secteur. "Cette dérogation sera catastrophique pour Clichy-sous-Bois", estime Antoine Germa, professeur au lycée Nobel à Clichy-sous-Bois, "un lycée qui avait de bons résultats mais l’on condamne à mourir en le vidant de ses meilleurs éléments".

Selon ce professeur, les trois collèges de la ville d’où sont parties les violences urbaines il y a trois mois, seront classés EP1. "C’est une double-peine sociale subie par la ville, après la stigmatisation liée aux émeutes, nous subissons maintenant la peine éducative".

"Comment peut-on dire qu’on va aider les lycées à rattraper leur retard si on sort les meilleurs ?", fait aussi remarquer Julie Gentien, Conseillère principale d’éducation (CPE) au collège République à Bobigny. "Et que vont devenir les collèges ZEP qui ne s’en sortent pas trop mal parce qu’ils avaient justement des moyens supplémentaires, et qui, classés EP3, les perdront ?", ajoute la jeune femme, enveloppée dans une banderole.

La notion même d’élèves "méritants" suscitait des interrogations parmi les professeurs grévistes. "Celui qui a 10/12 de moyenne en vivant dans des conditions matérielles épouvantables est tout aussi méritant que celui qui eu une bonne mention au brevet", déclare Laurence Derrey, professeur de français au collège Jean Vilar à La Courneuve, où les enseignants se disent à 75% grévistes. Elle dénonce "cette politique éducative qui ne propose que des mesures individuelles et dérogatoires au lieu d’avoir l’objectif d’une éducation pour tous".

"Le mouvement des banlieues, qui avait pourtant mis en évidence l’insupportable exclusion d’une partie de la population, n’a été compris par personne au gouvernement", juge Guy Trésallet, secrétaire général de la FSU, qui ajoute qu’"au contraire le gouvernement décide d’exclure du système de plus en plus de jeunes des quartiers populaires".

-----------

Extrait de « Libération » du 26.01.06 : Mobilisations et tensions à l’école

La gueule de bois post-mouvement social du printemps 2003 se dissiperait-elle à l’Education nationale ? Deux mouvements offriront un début de réponse aujourd’hui.
Le premier a lieu en Seine-Saint-Denis où les enseignants sont appelés à cesser le travail pour protester contre le manque de moyens. Plusieurs actes de violence ont été à l’origine d’arrêts de travail sporadiques ces derniers jours. Hier encore, on apprenait qu’un élève de 6e avait tenté d’étrangler une enseignante du collège Lenain-de-Tilmont, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), entraînant une grève des enseignants aujourd’hui et un possible exercice de leur droit de retrait demain.

Mais c’est tout un contexte qui est dénoncé. Les établissements sont actuellement informés des moyens dont ils disposeront (ou pas) l’an prochain et constatent souvent des baisses. Par ailleurs, la réforme de l’éducation prioritaire alimente l’inquiétude puisque certains établissements perdront leur statut de ZEP et les moyens afférents.

Le second mouvement s’exprimera à Paris avec une manifestation des étudiants en sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps), déjà très mobilisés en province. Ils protestent contre la diminution du nombre de postes ouverts aux concours d’enseignement (- 50 %) et ont déjà signé quelques actions spectaculaires : annulation d’un des concours après une manifestation à Aix-en-Provence, chahut en direct dans l’émission télévisée On ne peut pas plaire à tout le monde où le ministre Gilles de Robien était invité...

Ces mouvements coïncident avec une période traditionnellement tendue : la carte scolaire dévoile en ce moment ses ouvertures et fermetures de classes. Elle suscite déjà des révoltes, comme à Pau où 200 parents d’élèves ont manifesté mardi contre un projet de suppression de classes.

Un scénario se dessine donc dans les états-majors syndicaux, celui d’une convergence avec le mouvement de contestation du contrat première embauche et la grève du 2 février dans la fonction publique. Occasion rêvée, espèrent certains syndicalistes, d’oublier l’annus horribilis 2003 où les enseignants s’étaient mobilisés, certains plus de deux mois, sans obtenir la moindre inflexion du gouvernement

Emmanuel Davidenkoff

-------------

Extrait de « 20 minutes », le 26.01.06 : En Seine-Saint-Denis, trop de violence, profs en colère

Violence et manque de moyens font grimper la tension dans des établissements de Seine-Saint-Denis. Les enseignants du collège Lenain-de-Tilmont à Montreuil sont en grève aujourd’hui pour dénoncer l’agression d’une enseignante enceinte mardi. Cette dernière s’était interposée dans une bagarre, et un élève de 6ème à qui elle réclamait son carnet lui a sauté à la gorge, sous les applaudissements de ses camarades. L’enseignante n’est pas blessée, mais elle a porté plainte.

Au lycée Jean-Moulin du Blanc-Mesnil, les cours n’ont pas été assurés non plus hier. L’équipe enseignante avait décidé de faire valoir son « droit de retrait » à la suite d’un incident survenu la veille, aux abords du lycée. Au cours d’un règlement de comptes, un élève a tiré un coup de pistolet à gaz lacrymogène. Une prof a cru qu’il s’agissait d’un vrai revolver et « a été très impressionnée », relate la proviseure.

Enfin, plusieurs syndicats du primaire et du secondaire appellent à une grève aujourd’hui dans tout le département. Les enseignants dénoncent la réforme des ZEP (zones d’éducation prioritaire) et de l’apprentissage. Des occupations nocturnes de collèges ont aussi commencé depuis le début de la semaine. Avec la participation de parents d’élèves

-----------

Extrait du « Monde » du 26.01.06 : Un élève de 6ème a tenté d’étrangler une enseignante à Montreuil

Un élève de 6e a tenté, mardi 24 janvier, d’étrangler une enseignante du collège Lenain-de-Tilmont, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), entraînant une grève des enseignants ce jeudi et un possible exercice de leur droit de retrait vendredi.

Mardi matin, une enseignante d’une trentaine d’année, enceinte, s’était interposée dans une bagarre et avait réclamé son carnet à un élève de 6e. Alors qu’elle insistait, l’élève lui a sauté à la gorge, applaudi par ses quelques camarades présents dans le couloir, a raconté Sandra Briffon, professeure d’anglais et déléguée SNES-FSU dans ce collège difficile

La principale de l’établissement a confirmé cet incident, en se refusant à d’autres commentaires. L’élève, connu comme très perturbateur et dont les parents étaient "impossibles à contacter", a immédiatement été exclu du collège, selon Sandra Briffon. L’enseignante a vu un médecin et porté plainte, mais elle n’est pas blessée. "Elle a été choquée, car l’élève l’a accusée d’avoir essayé de le frapper", ajoute sa collègue.

Journée de grève départementale

Mardi après-midi, les enseignants ont remplacé les cours par des discussions sur la violence avec leurs élèves, selon madame Briffon, puis ils se sont réunis en assemblée générale. Ils ont décidé de rejoindre jeudi la journée de grève départementale contre la "politique de renoncement au service public d’éducation" du gouvernement.

Jeudi, à 11 heures, ils ont prévu d’accueillir les parents d’élèves - qu’ils ont contactés ces deux derniers jours - pour leur expliquer la situation. Vendredi, "beaucoup d’entre nous voudraient que nous exercions notre droit de retrait", a assuré madame Briffon, certifiant que l’équipe enseignante était "très solidaire parce que ça fait longtemps qu’on signale un manque de moyens, de surveillants".

Le collège Lenain-de-Tilmont, récemment classé "éducation prioritaire 1, ambition réussite" par le ministère de l’éducation nationale, c’est-à-dire appartenant aux 200 collèges français les plus difficiles, accueille 500 collégiens. Le taux de passage en seconde générale et les résultats au brevet sont "extrêmement faibles", a précisé l’enseignante.

Avec AFP

Répondre à cet article