Zacharias Dosseur poursuit ses portraits d’élèves de ZEP

19 février 2008

Extrait de « Rue 89 », le 19.02.08 : Petit portrait d’élèves de ZEP : Yamina l’abandon, triste épilogue-

Petit portrait d’élèves de ZEP : Yamina l’abandon, triste épilogue

Depuis près d’un an, Zacharias Dosseur, professeur dans un collège de ZEP, relate les aventures de Yamina, élève en classe de quatrième cette année, emblématiques des difficultés rencontrées dans ces établissements.

Cette année, je n’ai pas de classe de quatrième. Je n’avais donc plus de nouvelles de Yamina . Une ou deux fois, j’avais aperçu son ombre à la porte de ma salle, le soir, vers 17 heures. Deux ou trois mots échangés dans le couloir. Cette démarche insolemment lente. Contente de venir me dire qu’elle était un peu plus calme, "cette année, c’est bon, m’sieur". J’étais étonné et ravi qu’elle s’en sorte seule, personne sur son dos tous les jours pour rectifier son attitude ou aiguiller son travail, comme l’an dernier.

Hier, j’ai appris qu’elle passait en conseil de discipline. Avec deux autres élèves, ils se sont organisés pour bombarder en cours le professeur d’arts plastiques de vieux chiffons mouillés et autres projectiles.

Le même jour nous apprenons que notre DHG (Division Horaire Globale, c’est-à-dire les heures données par l’Etat à notre Collège pour que les cours et les projets particuliers aient lieu) est encore amputée de trente-cinq heures ! Il va encore falloir se battre, tenter de récupérer de quoi éviter "une fabrique de l’illettrisme", comme l’a dit Michèle (professeure d’Espagnol) en roulant les "r". En quelques années, les élèves ont en effet perdu une heure de français environ par niveau ! Dévastateur en ZEP. Et l’on répète que les élèves n’y parlent pas français ! On prétend que "l’ascenseur social" n’y fonctionne pas.

Comment peut-il fonctionner si les élèves ont moins d’heures pour apprendre une langue souvent peu parlée chez eux... Cette baisse horaire signifie aussi quatre adultes en moins dans notre collège.

Je ne peux pas m’empêcher de voir un lien de cause à effet direct entre ces décisions politiques et ce qui arrive à Yamina.

[...]

Le "Plan Banlieue" montre bien, lui aussi, cet abandon des élèves, des professeurs et des personnels de ZEP. C’est le bon élève ayant des facilités qui semblerait à l’honneur et qu’on va sortir des "collèges ghettos" qui ne peuvent s’occuper de lui, plus délaissés que jamais.

Zacharia Dosseur (Enseignant en ZEP)

[Lire l’article intégral>http://www.rue89.com/lardoise/petit-portrait-deleves-de-zep-yamina-labandon-triste-epilogue]

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Le blog

L’Ardoise est un blog qui, de portraits en portraits, d’épisodes en épisodes, tente de vous faire vivre le quotidien d’un collège ZEP de banlieue. Vous suivez la vie des élèves et des professeurs, vous participez aux conseils de classe, aux murmures dans les couloirs ou la salle des professeurs, aux hurlements de la cour de récréation, pour approcher la réalité de l’école.
Parmi les grandeurs et grincements du travail qui s’y opère, entre émotion et réflexion, vous voilà au coeur de cette vie souvent stigmatisée ou ignorée.

L’auteur : Je suis professeur de lettres. Titulaire remplaçant pendant six ans et après de nombreuses expériences dans des lycées et collèges de très bonne et de très mauvaise réputation, sensible à l’éducation des élèves de banlieues très défavorisées, je décide en 2000 d’être nommé en poste fixe dans un collège ZEP.

Auteur d’ouvrages pédagogiques, professeur en ateliers de pratiques artistiques, formateur, je suis à la fois participant et observateur des innovations et erreurs inhérentes au travail en ZEP.

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