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Deux évaluations de la DEPP en fin de primaire et fin de 3ème sur le niveau en histoire-géographie montrent une proportion beaucoup plus importante d’élèves en grande difficulté en ZEP

30 décembre 2007

Extrait du Monde du 28.12.07 :L’apprentissage de l’histoire et de la géographie dépend étroitement de la maîtrise de la langue

Une bonne connaissance du français est indispensable à l’apprentissage des autres disciplines : c’est ce que confirment deux études sur les acquis des élèves en histoire, géographie et éducation civique rendues publiques, mercredi 26 décembre, par la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du ministère de l’éducation.

La première évaluation porte sur la fin de l’école primaire, la seconde sur la fin du collège. Les résultats de ces deux études, qui recoupent les inquiétudes fréquemment exprimées par une partie des enseignants sur l’affaiblissement des repères chronologiques en histoire, peuvent être interprétés avec ou sans dramatisation, selon que l’on classe les élèves moyens du côté des "presque bons" ou des "déjà mauvais".

Mais elles confirment, de façon incontestable, l’importance du français comme discipline ouvrant à toutes les autres : qu’il s’agisse de l’école ou du collège, le "niveau" des élèves est étroitement associé à leurs capacités de compréhension et d’expression de l’écrit.

Réalisée en mai 2006 sur un échantillon représentatif de 5 856 élèves en fin de classe de 3e, l’évaluation des collégiens en histoire, géographie et éducation civique porte sur leurs acquis, au regard des finalités intellectuelles des programmes de cette discipline composite, sur les quatre années de collège. Sur une échelle de performances commune à l’ensemble des compétences testées ("identifier, traiter l’information, interpréter"), les résultats distinguent 5 groupes, classés de 0 à 5 selon un niveau croissant.

Seul le groupe 5, soit 10 % de l’échantillon, réalise l’ensemble du travail demandé dans les tests. Le groupe 4 (soit 16,9 % des élèves) témoigne de "connaissances approfondies". Les élèves du groupe 3, le plus nombreux (30 %), "ont acquis des connaissances élargies correspondant aux attendus de fin de collège" : dotés d’un vocabulaire leur permettant de passer "du particulier au général", ils "commencent à justifier et reconnaissent des points de vue". Passés ces trois groupes, qui représentent ensemble 56,9 % de l’échantillon, le vocabulaire utilisé par les auteurs de l’étude se fait plus péjoratif. Les élèves du groupe 2 (soit 28 % de l’échantillon) "savent réactiver des connaissances et rechercher des informations simples à partir de documents", mais "ne vont pas au-delà". Ceux du groupe 1 (12,7 %) n’ont que des "connaissances fragmentaires et restreintes".

Enfin, les membres du groupe 0 (une frange de 2,3 %) ont "très peu de connaissances et des lacunes dans la compréhension de l’écrit qui les empêchent d’accéder aux compétences attendues". A tous les niveaux, ce sont les capacités en lecture documentaire et en rédaction qui concourent le plus fortement à faire la différence.

Egalement réalisé en 2006, et publié le même jour, le "bilan" sur les acquis en histoire, géographie et éducation civique à la fin de l’école primaire a été effectué sur la base d’un échantillon représentatif de 7 688 élèves de CM2. Bien qu’il s’agisse d’une classe d’âge différente, la méthodologie de l’enquête est similaire et, au final, les mêmes groupes de niveaux se retrouvent quasiment dans les mêmes proportions. Ainsi, de 2,8 % pour le groupe 0, on passe à 12,2 % pour le groupe 1 (ce qui permet de retrouver les fameux "15 % en grande difficulté" cités par toutes les enquêtes), puis 26,7 % pour le groupe 2 qui témoigne de "connaissances parcellaires dans tous les domaines". Le groupe 3, tel un gros peloton d’élèves moyens, rassemble 30,3 % des effectifs ; les groupes 4 et 5, respectivement 18 % et 10 %. Selon l’étude, seuls les élèves de ces deux derniers groupes "maîtrisent de façon satisfaisante les exigences de connaissances et de compétences attendues" et sont "capables de cerner une notion historique".

Ainsi, dans l’exemple du château fort, ils le situeront au Moyen Age, seront capables "d’indiquer une date, de nommer des personnages de cette période historique" et de "citer des événements importants", alors que les groupes 2 et 3 se contentent généralement d’identifier "les éléments constitutifs du bâtiment" en reconnaissant qu’il s’agit d’une "fortification destinée à défendre un territoire".

L’étude note que "quel que soit le groupe", les résultats des élèves aux tests sont moins bons dès lors qu’ils doivent "mettre en jeu des repères temporels et spatiaux". Les items "dater" et "remise en ordre chronologique" sont ceux qui recueillent le moins de bonnes réponses. Enfin, soulignent les auteurs, "les difficultés rencontrées à des degrés divers par quatre élèves sur dix sont étroitement liées à leur maîtrise insuffisante, voire très insuffisante de la langue française et du langage".

Ces deux études s’inscrivent dans un cycle "d’évaluations-bilans" par disciplines scolaires, en fin d’école et de collège, engagées en 2003 avec la "compréhension écrite et orale" et destinées à être renouvelés tous les six ans afin de suivre l’évolution du "niveau des élèves". Les prochains résultats, en 2008, porteront sur les sciences et les maths.

Luc Cédelle

[en encadré] Les conclusions de la première évaluation-bilan

Un tiers des élèves "ont des performances qui permettent de considérer qu’ils maîtrisent de façon satisfaisante les compétences attendues par les programmes de l’école primaire", indiquait la première évaluation-bilan disciplinaire publiée par le ministère de l’éducation et portant sur des données de 2003. 15 % sont en difficulté : 3,4 % en grande difficulté cette proportion monte à 11 % dans les zones d’éducation prioritaire), qui ne maîtrisent "aucune des compétences attendues" même s’ils "peuvent répondre à quelques questions", et 11,6 % "capables de prélever une information explicite" dans un texte, mais perdant pied sur "tout support dépassant un court paragraphe". Entre les deux, un peu plus de la moitié des élèves (54,3 %) "ne maîtrisent certainement pas les compétences attendues, mais devraient pouvoir profiter de l’enseignement du collège".

Lire le bilan fin de l’école
page 5 : "Les élèves scolarisés dans des écoles
publiques hors ZEP ont des performances
similaires à celles observées sur l’ensemble
de la population.
En revanche, les élèves scolarisés dans
des écoles publiques en ZEP ont des performances
plus faibles, ils sont surreprésentés
dans les groupes 0 et 1 [élèves en très grande difficulté] (29 % des élèves
de ZEP) et sous-représentés dans les
groupes 4 et 5 (11 % des élèves de ZEP),
c’est presque trois fois moins que dans
l’ensemble de la population.

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