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Selon "Libération", l’accompagnement éducatif dans les ZEP, lancé cette année, manque pour l’instant d’élèves

27 octobre 2007

Extrait de « Libération » du 26.10.07 : L’école du soir : peut mieux faire

Ce soir-là, Kevin et Elias, tous deux en quatrième B au collège Gabriel-Péri d’Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, ont choisi l’atelier faune et flore, animé par le professeur de sciences. Assis par terre, ils rangent dans un herbier des feuilles du catalpa - « un arbre découvert par des tribus indiennes », précise le prof - et du charme houblon - « très rare, il vient du Mexique » - qui trônent sur la pelouse du collège. Puis ils vont examiner dans la « mare pédagogique » comment les libellules nagent dans la vase. « On adore les sciences », dit Kevin qui porte les clés de chez lui autour du cou. En fait, les deux amis sont surtout là pour l’animateur, l’un des enseignants les plus populaires du collège.

Exemptions fiscales

L’« accompagnement éducatif » est l’une des grandes nouveautés de la rentrée. Limité aux zones d’éducation prioritaire (ZEP), il sera étendu à tous les collèges à la rentrée 2008. L’idée a été lancée par Nicolas Sarkozy pour réparer une injustice faite aux « orphelins de 16 heures ». Alors que les collégiens des catégories aisées bénéficient de cours particuliers ou d’activités après l’école, a-t-il expliqué, ceux des quartiers sont laissés à eux-mêmes, avec des parents souvent incapables de les aider scolairement. L’école doit donc rétablir davantage d’équité sociale, le terme d’« égalité des chances » étant passé de mode.

Tous les collèges ZEP doivent, d’ici la rentrée des vacances de la Toussaint, mettre en place cet accompagnement, sorte d’école après l’école, deux heures par jour, quatre fois par semaine, généralement à partir de 16 h 30. Les deux tiers du temps doivent être consacrés à des études dirigées - de l’aide aux devoirs - sous la houlette d’enseignants volontaires payés en heures supplémentaires défiscalisées, ainsi qu’à des études surveillées. Le tiers restant va à des activités culturelles et sportives.

Alors que l’on supprime 11 200 postes au ministère de l’Education nationale, le dispositif a reçu des moyens non négligeables. Le collège Gabriel-Péri, qui compte 730 élèves, s’est vu allouer 1 880 heures supplémentaires pour l’année, destinées aux enseignants, surveillants et autres intervenants qui s’y engagent. « Malheureusement j’ai dû rendre 500 heures à contrecœur au rectorat, explique la principale, Marie-Caroline Vitte. Des enseignants intéressés à la rentrée se sont finalement rétractés, soit parce que leur emploi du temps avait changé, soit parce qu’après la fatigue d’une journée, ils ne se voyaient pas rester dans l’établissement. »

Sur une équipe enseignante de 58 personnes, 27 participent au dispositif, parfois pour une heure hebdomadaire, d’autres pour plusieurs heures. Pour certains, c’est un vrai complément de salaire. Pour d’autres, un moyen de suivre leurs élèves en difficulté ou d’avoir une relation différente avec eux. L’attrait financier n’est pas négligeable, surtout pour de jeunes enseignants, nombreux dans les ZEP, qui gagnent 1,3 fois le smic. L’heure sup est payée pour les certifiés 33,66 € de l’heure grâce aux exemptions fiscales. Elle peut aller jusqu’à 52 € pour les agrégés « hors classe », peu nombreux.

Le problème est pour l’instant la faible fréquentation. En moyenne, au collège Gabriel-Péri, une trentaine de collégiens restent après l’école. Ce soir-là, quatre salles sont consacrées à l’aide aux devoirs. Dans l’une, une professeure de physique explique l’oscilloscope à six élèves. A côté, un enseignant d’une classe d’intégration (réservée aux non-francophones) aide des collégiens au faible niveau de français à faire leurs devoirs.
Associations.

Les études n’ont commencé, il est vrai, qu’il y a trois semaines. Certains ateliers fonctionnent - la gym musculaire ou l’étude de films historiques -, les échecs et le cirque ne sont pas encore lancés. Mais comment attirer le public visé en priorité : les élèves en grande difficulté ? La principale est passée dans les classes présenter le dispositif. Les enseignants ont reçu pour mission d’encourager les plus faibles à s’inscrire. Présents ce soir-là, Kevin et Elias ne sont pourtant pas de mauvais élèves. Fulya, Sarah et Kahina, qui préparent un article pour le journal du collège le Périsien, suivent correctement en troisième.

A Aubervilliers, comme dans de nombreuses villes de banlieue, tout un réseau d’associations travaillent déjà avec les élèves des quartiers. Elles sont souvent installées dans les cités même et bénéficient de subventions municipales. Les élèves n’ont pas toujours envie de rester entre les murs de l’école, souvent entourés de hauts grillages pour éviter les caillassages.

Au collège Gabriel-Péri, les activités sportives sont en plus limitées : le gymnase a brûlé lors des émeutes de 2005 et n’a toujours pas été reconstruit.

Championne du nombre d’établissements ZEP, l’académie de Créteil, dont fait partie la Seine-Saint-Denis, se veut aussi la bonne élève de l’accompagnement éducatif. Tous les collèges concernés l’ont déjà mis en place. Ailleurs aussi, tout se passerait bien. D’ici peu, le ministre devrait annoncer la réussite de cette première.

Véronqiue Soulé

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