REP et RRS en débat public à La Réunion

2 février 2007

Extraits de « Témoignages », le 01.02.07 : Le recteur : « Venons-en à la réussite »

Les moyens académiques et les grandes orientations de la rentrée 2007

« Venons en à la Réussite »

Hier, le recteur de l’académie de La Réunion, Paul Canioni, présentait les moyens mis en œuvre pour la rentrée 2007, ainsi que les grandes orientations de la politique éducative du programme stratégique académique 2008-2011. Moins de personnels, plus de réussite, le recteur préconise une meilleure utilisation des moyens. Dans « une logique qualitative qui définit des objectifs, cible des moyens et responsabilise tous les acteurs » affiche-t-on au rectorat

« L’Etat ne dépense que ce qu’il a », déclarait hier Paul Canioni. Et le recteur se dit satisfait de l’intervention gouvernementale, notant par avance l’intérêt prioritaire que porte le budget 2007 pour la recherche, et l’enseignement supérieur. D’un plan national, 21,3 milliards d’euro constituent le budget pour ce secteur de l’éducation nationale. 1000 postes seront créés dans l’enseignement supérieur, 1000 autres dans les organismes de recherche.

Par ailleurs, la vie étudiante bénéficie des sollicitudes budgétaires, augmentées de 75 millions d’euros, pour conforter la revalorisation des bourses sur critères sociaux. Une enveloppe de 11 millions d’euros est réservée dans la mise en œuvre de la politique d’égalité des chances, dont 7,5 millions d’euros pour l’accompagnement pédagogique des étudiants handicapés. Espérons que l’Université de La Réunion bénéficiera d’un intérêt tout aussi prononcé, notamment pour épauler la classe sociale estudiantine dans leur parcours universitaire. Encore faut-il consulter les critères sociaux mis en avant pour l’obtention d’une bourse plus considérée ! Espérons aussi que cette revalorisation des bourses corresponde à l’évolution du coût de la vie d’un étudiant.

93 emplois dès la rentrée 2007

14 postes de professeurs sont créés, pour conserver un taux d’encadrement en dessous de 19 élèves en moyenne par enseignant. 786 élèves découvrent le premier degré à la rentrée 2007. Tendance à la baisse dans le second degré (-0,2%), où il faudra soustraire 168 élèves de la population scolaire concernée. Mais contre toute attente, le recteur Paul Canioni annonce la dotation de 44 équivalents temps plein (ETP) pour la rentrée 2007, soit une augmentation de 0,52%. Auxquels devront s’ajouter 18 postes d’assistants pédagogiques, pour renforcer les réseaux d’éducation prioritaire.

« Sérénité et santé des élèves », les mots d’ordre. La vie de l’élève ferait partie des priorités académiques. 2 médecins scolaires, 12 infirmières, 2 assistantes sociales feront leur rentrée dans l’effectif académique. Et un deuxième poste de médecin de prévention a été créé pour les personnels de l’académie. Faisons le compte : 93 emplois dès la rentrée 2007. Par contre, les services académiques se passeront de 7 emplois temps plein. Le bémol est vite passé. Le recteur annonce que « spécifiquement à notre Académie, le ministère a décidé de doter les collectivités territoriales, afin de recruter 138 ETP supplémentaires pour les collèges et lycées ». Selon le recteur, il ne s’agirait donc pas de s’inquiéter. Mais il faudra bien faire avec les moyens du bord. Le bateau rectorat se destine au cap Réussite.

L’école de la réussite

« Il faut donner les meilleures chances de réussite à nos élèves », déclarera le recteur. Les principales orientations de la rentrée veulent soutenir « la rénovation de l’éducation prioritaire pour une égalité des chances mieux garantie ». Avec l’intensification des cours de français et des mathématiques ! Ou davantage de moyens ? Tout se fera en tout cas dans le cadre de la mise en œuvre du socle commun de compétences. Pivot des projets d’Académie, d’établissement et d’écoles, il se fonde, vous l’aurez compris, sur les volontés du Ministre de l’éducation nationale. Gilles de Robien souhaitait en effet que l’enseignement de la langue française accorde davantage de place à l’apprentissage de la grammaire. Sera donc révisé les programmes à cet effet.

Autre point fort de la révision des programmes : les mathématiques. Les professeurs des écoles devront organiser l’apprentissage des quatre opérations à l’école élémentaire et la pratique régulière du calcul mental. Mais pour l’ensemble des réseaux à public prioritaire, le recteur préconise la constitution d’un réseau de réussite scolaire, selon « le critère d’origine sociale ». Il s’agira d’apporter aux élèves des réponses pédagogiques et didactiques concrètes et appropriées en prenant compte des difficultés sociales des familles.

Le 9 février prochain, le comité technique paritaire se verra proposer une liste de 21 collèges, « qui constituerait le réseau de réussite scolaire dès la prochaine rentrée ». La moyenne du nombre d’élèves sera dans la fourchette de 24 à 26 élèves par enseignant. Les collèges traditionnels garderont la valeur de 28 élèves par division. La démarche éducative s’orientera vers la réussite scolaire et le devenir professionnel. L’option de découverte professionnelle en classe de troisième sera généralisée. Les élèves devraient être mieux informés quant à leur orientation. L’entretien individuel d’orientation en classe de troisième sera proposé à tous les lycéens de première.

Mais pour réussir, le recteur implique ses troupes, et requiert un contrat d’objectif pour tous les établissements. Peut-être pour mieux voir les contours de son nouveau programme stratégique académique 2008-2011, porté à réflexion durant cette année.
Bbj

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Extraits de « Témoignages », le 01.02.07 : Le SNUipp moins optimiste que le recteur

Après la rencontre avec le recteur mercredi

Réaction de Didier Gopal, Secrétaire général du SNUIPP

On n’est pas si optimistes que le Recteur au SNUIPP. Il n’a pas relaté les difficultés que nous avons mises en avant à la rentrée 2006. L’année dernière, 29 postes ont été créés contre 14 pour la rentrée 2007. Il n’y a pas lieu de se réjouir. Au niveau national, 15.000 postes de fonctionnaires sont supprimés, 8.500 pour les premiers et seconds degrés. Le Recteur a eu la consigne de faire passer la pilule. On note aussi beaucoup de dysfonctionnements dans la mise en place du Réseau Ambition Réussite (RAR). Un exemple très simple : il y a des profs qui ont postulé pour intégrer le RAR, ils se sont retrouvés sur des postes pour lesquels ils n’avaient pas postulé. Le fonctionnement reste d’ailleurs flou.

Autre chose : la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH - NDLR). Avant la rentrée, il y a eu un rassemblement de maîtres qui avaient été affectés dans cet organisme. La MDPH est un lieu qui centralise et gère les élèves handicapés. Même constat : ça ne fonctionne pas par manque de moyens et parce que les missions sont mal définies. Cela a été relégué au Recteur et à l’Inspecteur d’Académie. Ce dernier a fait le même constat. Et pour nous, au SNUIPP, le bilan est négatif.

Le Recteur parle aujourd’hui de réseau de réussite scolaire. 21 collèges sont concernés. Nous aimerions surtout parler de la réussite de tous les élèves réunionnais. Les chiffres sont clairs : le public scolaire réunionnais est composé de 65 à 70% d’élèves qui appartiennent à une Catégorie socio-professionnelle (CSP) dite défavorisée. Il y a une large corrélation avec l’échec scolaire. Un réseau n’est pas suffisant, il faut aller plus loin que cela. Et puis, on devrait parler du mal-être des enseignants. Par exemple, le Ministre de l’Education nationale a laissé penser que la grammaire n’est pas enseignée à l’école, ce qui est archi-faux.

Autre chose encore : l’application des évaluations de CE1 ne s’est pas faite de manière efficace. Les enseignants ont ainsi découvert qu’il y avait une incohérence dans les épreuves retenues, dans les instructions données et dans le codage des résultats. Ce qui a fait que les résultats étaient catastrophiques. Il y a même des régions où des recteurs ont retiré l’évaluation.

Pour ce qui est de la loi du 11 février 2006, concernant la prise en charges du public handicapé à l’école, en France, il doit y avoir 105.000 élèves handicapés, et selon nous, 3.000 à La Réunion. On regrette l’effet d’annonce. On a promulgué une loi, mais il demeure un manque de moyens. Il n’y a pas assez d’Assistants de Vie Scolaire. On ressent une déficience des services de soins. Le Recteur parlait aussi d’assistants d’éducation, 18 en tout, qui seront recrutés pour la rentrée 2007. On déplore encore une recrudescence de précarité dans l’Académie.

Enfin, je transmets une information : un décret concernant des établissements publics d’enseignement primaires sera soumis au Conseil Supérieur de l’Éducation (CSE). Le SNUIPP et quelques syndicats ont refusé de siéger au CSE, parce que ce décret a été écrit pour avis. On n’a jamais été consultés. Ce décret va changer l’organisation des écoles dans le 1er degré, c’est-à-dire que l’on va créer un établissement public qui aura pour objectif de gérer le regroupement des écoles. La gestion sera faite par un Conseil d’administration composé à 60% d’élus des collectivités territoriales et des Communautés de communes. L’éducation ne sera plus nationale, et ce sera la rationalisation des moyens. L’association des Maires de France vient d’ailleurs d’émettre un avis négatif.

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Extraits de « Témoignages », le 01.02.07 : D’autres réactions aux propos du recteur de La Réunion

• Jean-François Rialhe, secrétaire générale de l’UNSA Réunion

« Les moyens qui sont mis en place ne sont pas suffisants, au vu de la situation de l’Académie. On peut le constater en observant les Collèges ambition réussite, où il n’y a pas de véritable pilotage, parce qu’il n’y a pas tous les moyens nécessaires. D’ailleurs, on observe un flottement entre professeurs des écoles qui vont intervenir en collège, et vice-versa. Notre syndicat est très dubitatif sur les moyens donnés. Mais, le recteur est dans son rôle, de dire que ce que fait le gouvernement est merveilleux. Nos collègues sur le terrain se questionnent. Avec le rectorat, c’est beaucoup d’effets d’annonce, et je ne pense pas que les collègues l’entendent de la même façon. Nous sommes très critiques sur la politique éducative menée. Le ministre est parti de constats qui ne reflètent pas la réalité. On peut même dire que le ministre travaille contre la profession, et on saura le dire au moment des élections. Pour ce qui concerne la vision académique de la réussite, nous n’allons pas dans le sens. D’ailleurs, nos propositions n’ont jamais été entendues. »

SGEN-CFDT

« C’est un auto satisfecit. Mais le recteur doit abonder dans le sens du ministère. En tout cas, pour ce qui concerne les moyens mis en œuvre, ce n’est pas à la hauteur des besoins de l’Académie. Pour le second degré, il y a donc 27 emplois en plus sur le stock de 8.457, pour pallier l’évolution démographique. Les 17 autres seront créés pour les Unités Pédagogiques Intégrées (UPI) et les dispositifs relais. Ça fait un total de 44, ce qui n’est pas le bout du monde en termes de dotation. On a encore des besoins qui sont importants à La Réunion. La situation de l’Académie de La Réunion est très loin de ce que semble vouloir présenter le recteur. Pour l’encadrement administratif, on est en deçà des besoins. Mais ça ne m’étonne pas que le recteur parle comme ça. Pour le premier degré, on assiste globalement à la diminution du nombre de places au concours, tant au niveau national que localement. Ainsi le nombre de postes créés baisse. On va vers une augmentation des effectifs dans les classes, et vers la perte de la qualité de l’enseignement.

• Patrick Corré, SGPEN-CGTR

« A chaque fois, quel que soit le recteur, on fait l’impasse sur les problèmes qui fâchent. Par exemple, le fait que le gouvernement veuille réduire les crédits de suppléance pour le remplacement des personnels TOS. Moins de 300.000 euros sur les budgets alloués aux collectivités. Il faut aussi noter le problème des mutations des TOS. Avant, ils pouvaient muter d’un établissement à un autre, aujourd’hui ce n’est plus possible. Des contractuels administratifs vont être bordés, leurs contrats ne seront plus reconduits. Et puis, nous sommes quand même dans l’Académie la plus précaire de France. À quand des concours pour réduire cette précarité dans l’Académie ? Et encore, nous sommes la seule Académie où le transfert des TOS n’a pas fait recette. Une seule personne à La Réunion a fait valoir son droit d’option. Bref, les problèmes, il y en a. le recteur joue son rôle, mais derrière on constate ce qui se passe dans la réalité. »

• Gilles Leperlier, porte-parole régional de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF)

« On ne peut que se réjouir de ces annonces, mais cela me fait sourire. Le recteur annonce cela, c’est bien, mais cela ne correspond pas aux besoins, à la réalité du terrain. Et il y a plus urgent. Certains personnels administratifs se verront dans l’obligation d’aller à l’ASSEDIC de juillet à septembre, parce qu’il n’y a plus les moyens de payer. On note alors des problèmes : comment se dérouleront les inscriptions ? D’ailleurs, même pour les personnels administratifs, on peut se questionner sur les problèmes d’ancienneté, et même de possibilité d’avenir. Comment pourront-ils faire une demande de crédits s’ils sont soumis à un tel régime ? En plus, pour revenir à la vie étudiante, les services rendus à l’étudiant vont prendre un coup, puisqu’ils ne seront pas là. »

Bbj

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