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Groupes de niveau : la Lettre de ToutEduc (n°700) analyse l’arrêté et soulève la question du changement de groupe

22 mars

La Lettre de ToutEduc n° 700

La lettre du 20 mars 2024.

Editorial. L’arrêté finalement publié ne parle ni de "groupes de niveau", ni de “groupes de besoin”, mais précise que "les groupes des élèves les plus en difficulté bénéficient d’effectifs réduits". Les élèves seront donc répartis en fonction de leurs "difficultés". Les groupes seront constitués sur toutes les heures de français et de mathématiques, durant la plus grande partie de l’année. Ils ne répondent donc pas à l’expression de besoins ponctuels, circonscrits. Dès lors, est-ce très différent de "groupes de niveau" ? Il est possible que, dans certains collèges et malgré les instructions officielles, par souci de simplification, la composition des classes corresponde à celle des groupes, ce qui rappellerait la division en trois voies d’avant la réforme Haby et le "collège unique". Rappelons que cette division correspondait presque exactement à celle des classes sociales. Il s’agit là d’un risque souvent évoqué par les organisations syndicales et de nombreux observateurs, mais dont la ministre assure qu’il sera évité.

Un autre point saillant a été beaucoup moins souvent signalé. Pour que les élèves puissent changer de groupe, en fonction de leurs progrès ou de leurs difficultés, il faut que les trois groupes en soient au même point du programme. Comment le groupe des élèves "les plus en difficulté", même à effectif réduit, pourra-t-il avancer à la même vitesse que celui des meilleurs ? En admettant ce problème résolu, il faudra que les enseignants s’accordent sur leurs progressions. Ce n’est pas impossible. Dans les années 80’, le collège Saint-Louis de la Guillotière à Lyon donnait aux élèves la possibilité de changer de classe tous les 15 jours, ce qui supposait une parfaite harmonie entre professeurs. Ils y parvenaient, mais au prix d’un gros travail de concertation pour lequel ils étaient volontaires. Et ils partageaient les mêmes convictions pédagogiques. Il est peu probable que ces deux circonstances se retrouvent dans tous les collèges. Seule solution dès lors, suivre pas à pas un manuel, plus petit dénominateur commun entre eux. Pour beaucoup, c’est renoncer à imprimer leur marque personnelle dans leur enseignement, ce qui fait le prix de leur métier. Ce serait accomplir une tâche et des gestes prescrits, comme le fait un ouvrier. C’est sans-doute d’ailleurs, dans le premier degré, la raison du refus de la “labellisation” des manuels, vécue comme un moyen d’imposer méthodes et pratiques et donc comme une prolétarisation, une perte de considération.

Extrait de touteduc.fr du 20.03.24

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