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ToutEduc rend compte de la rencontre OZP des coordonnateurs du 11 octobre

20 octobre 2023

Les coordonnateurs.rices de Réseaux d’Education Prioritaire, récit d’une rencontre avec l’OZP

“Il ne faut pas simplement une structure mais des personnes qui animent, qui impulsent, qui coordonnent." C’est ainsi que Marc Douaire, président de l’OZP (observatoire des zones prioritaires), présentait le rôle des coordonateurs.rices de réseaux d’Education Prioritaire, invités à échanger la semaine dernière autour de leur métier.

Membre du conseil scientifique de l’OZP et elle-même ancienne coordonnatrice, Michele Coulon évoque une “mission originale dans le système éducatif“ qui a été plus ou moins suivie par le ministère de l’Education nationale dans le temps, mais “plutôt moins“ que plus, et aussi “assez malmenée“, souligne-t-elle. En découle un besoin de la regarder de plus près, d’autant plus que les coordonnateurs.rices sont “souvent seuls à incarner le réseau“, ce qui peut leur conférer un sentiment de solitude, d’où l’intérêt “de pouvoir mutualiser, de trouver des espaces d’échanges“, ce que souhaite proposer plus régulièrement l’observatoire.

Marc Douaire a retracé la genèse de ce métier, des animateurs de soutien présents dans les 363 ZEP introduits après la création de l’Education Prioritaire en 1981, à leur mise en place (accompagnés de deux pilotes responsables) suite aux lois de 89-90 (notamment de politique de la Ville). Invariablement, leur nombre semble restreint, et parfois les conditions “pratiques“ de travail sont limitées (pas de bureau, de téléphone, d’ordinateur, pas de lettre de mission), ce qui tend à rendre “floue“ la fonction.

Pour rappel, les missions du coordonnateur REP/REP+ (telles que définies par l’Académie de Paris, voir ici) sont d’assurer “l’ensemble des tâches d’animation du réseau“, à savoir notamment de “veille(r) à la continuité pédagogique et éducative entre les cycles et entre les degrés, au service du parcours des élèves“, de “contribue(r) à l’impulsion, la mise en place, le suivi et l’évaluation des actions des réseaux“, d’“oeuvre(r) aux complémentarités entre temps scolaire et activités périscolaires et est en contacts réguliers avec les structures, associations, dispositifs intervenant sur le territoire“, de “contribue(r) à la définition et à la mise en place des actions de formations définies dans le projet de réseau“.

Interrogé.e.s via un questionnaire établit par l’OZP, les 49 coordonnateurs.rices qui y ont répondu sont à 88 % issu.e.s du 1er degré. 28 % exerçent depuis moins de 2 ans et tout autant depuis 2 à 5 ans, 26 % ont entre 5 à 10 ans d’ancienneté à ce poste et 16 % y sont affilié.e.s depuis plus de 10 ans. Six coordonnateurs sur dix ont leur bureau installé au collège, quand 10 % n’en ont pas. 4/5 d’entre eux.elles ont une lettre de mission. 80 % ont des réunions de travail avec 2 pilotes, parfois 3, mais certains ne voient qu’un seul pilote ou aucun. Leurs rencontres ont lieu très régulièrement pour un quart d’entre eux, ponctuellement pour la majorité (54 %), rarement pour 20 %. Des réunions sont organisées très régulièrement ou régulièrement avec les directeurs d’écoles pour 90 % d’entre eux, elles sont occasionnelles pour 46 %.

Au niveau qualitatif, les réponses à l’enquête font apparaître l’importance du lien, avec les collègues, avec les pilotes, les partenaires, les autres écoles, et les autres coordonnateurs “comme un besoin et comme cœur de la mission“, précise Anne Armand, ancienne inspectrice générale et membre de l’OZP qui elle aussi a travaillé sur l’Education prioritaire. Le “projet“ est un item qui ressort également, tout comme la question du “pédagogique“ ou du “statut“. En effet, les coordonnateurs.rices se posent des questions en lien avec les missions du Pacte enseignant, de la revalorisation salariale (i.els sont les seul.e.s à ne pas en avoir bénéficié) et de leur avenir.

Les sept coordonnatrices présentes à la réunion ce jour là ne disent d’ailleurs pas autre chose, le manque de visibilité nationale et de considération se retrouvant à l’échelle de leur vécu, l’une d’entre elles pouvant par exemple être oubliée lors de la présentation d’un séminaire, ce qui est “assez blessant“, ou une autre ne se voyant “pas remplacée“ alors qu’elle était en congé formation.

Si une majorité d’entre elles a constaté un turn-over important chez les IEN et les principaux avec qui elles collaborent, ce qui tend à “malmener les dynamiques“, des différences apparaissent en revanche sur la lettre de mission dont leurs actions découlent. Certaines n’en ont pas, parfois il arrive au contraire que les missions ne soient pas redéfinies au bout de 8 ans alors que “le diagnostic n’est plus le même“, ou qu’elles soient “tellement larges que l’on peut tout mettre dedans“.

Pourtant, cela “arrange bien“ cette coordonnatrice qui semble aimer être “seule à construire tout“. Il est justement question du temps nécessaire pour créer un réseau, parfois deux ans, pour moins se faire “instrumentaliser“, pour connaître ses missions et “poser le cadre“ face aux multiples demandes qui peuvent être faites. “Globalement, il n’y a aucun moment où je sens que ce n’est pas ma mission“, explique cette coordonnatrice, ajoutant malgré tout sa “grande frustration permanente“ et son “impression d’émietter“ face au manque de temps.

Sont décrites des fonctions qui tournent principalement autour des partenariats entre acteurs (dans une vision “horizontale“ de l’action, au contraire d’injections verticales et descendantes), du référentiel de l’EP (voir ici), et de l’inter-degrés. Une coordonnatrice raconte cependant travailler sur tous les cycles, et pas seulement le cycle 3, afin d’avoir “une vision très large du parcours de l’élève“, en témoigne l’exemple de la mise en place d’un ENT fonctionnant du CP jusqu’à la 3ème.

Des tensions sont aussi relevées entre le “purement pédagogique“ et “l’organisationnel“. Ainsi cette coordonnatrice souhaite ne pas être vue comme une “conseillère pédagogique“ (CPC), tandis que pour cette autre, “on nous dit qu’on n’est pas formateurs mais on a de plus en plus de missions de formation“. Parmi les témoignages, on retiendra encore “une méconnaissance de (la) fonction de la part de la hiérarchie“, la difficulté “de toucher un enseignant du 2nd degré“, même si malgré tout, assure cette coordonnatrice, “le cœur de mon métier c’est la réussite des élèves“.

Le site de l’OZP ici

Extrait de touteduc.fr du 19.10.23

 

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