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Rencontre OZP des coordonnateurs. La transcription des échanges : 4/8. Comment procéder à la hiérarchisation des tâches de coordination ?

8 novembre 2023

OZP Observatoire des zones prioritaires
Compte rendu de la rencontre consacrée aux coordonnateurs le mercredi 11 octobre 2023

4. Comment procéder à la hiérarchisation des tâches de coordination ? Cela dépend de la situation initiale selon qu’on est nouveau dans la fonction ou qu’on est bien installé dans le réseau.

Anne Armand
Justement, vous faites un lien avec le point suivant qui est la hiérarchisation dans le trop plein. Voilà, je le dis un petit peu brutalement, mais je vous écoute, je me mets à la place d’une autorité qui dirait que vous faites une profession libérale et vous pouvez faire ce que vous voulez en gros. Je sais que ce n’est pas ça. On a vu que la lettre de mission, ça peut vous permettre un cadrage pour dire non, « ça ce n’est pas dans ma mission ». La différence avec le CPC peut aussi vous permettre de dire « ça, ça relève pas de moi ». Mais dans ce qui relève de vous, il y a ce sentiment, comme vous venez de le dire pour vos collègues CPC de ne plus en pouvoir face à toutes les demandes qui vous arrivent ou bien avec le temps, puisque vous êtes aguerris, on arrive à trouver à la fois la hiérarchie (des priorités) et le sens, puisque ça, ça va ensemble.

Coordo
Quand on arrive sur le réseau, on doit animer, créer, même créer du réseau. C’est à dire que dans un premier temps, quand on arrive, on ne connaît personne. Donc le premier boulot, c’est d’aller voir tout le monde, connaître tout le monde, savoir les missions de chacun, etc. Ca prend énormément de temps, c’est normal. Moi je me rappelle les premières réunions avec les partenaires, je ne connaissais rien, les sigles, je ne savais même pas ce que c’était. Au bout d’un quart d’heure de réunion, j’avais décroché. Je notais justement pour me dire, « qu’est ce que ça veut dire » ? « Et ça, c’est qui » ? « Et ça » ? Mais c’est normal. Après, effectivement, quand on est installé il y a un peu de turnover finalement sur le territoire, mais on maîtrise, on connaît, on sait qui on va voir, quel est l’interlocuteur, l’interlocuteur va savoir pourquoi il doit me joindre. Donc je trouve que c’est super agréable. Et puis surtout qu’on peut approfondir vraiment. C’est plus riche au fur et à mesure et on sait prioriser aussi. Après il y a des petits trucs quand même de secrétaire qui sont restés comme des questions de crédits. Il y a un peu des incontournables du secrétariat. Voilà, gérer, je sais pas moi… l’accompagnement éducatif, les crédits au premier degré, des petits financements qu’on nous donne… Évidemment, on nous les donne toujours la veille pour le lendemain, mais quand on a un peu de bouteille, on sait qu’à un moment ça va arriver, donc on prévient les équipes. Moi, par exemple, j’ai envoyé un mail à tout mon réseau. On n’a toujours rien sur l’accompagnement éducatif, mais on nous a dit que ça existait toujours. Donc mettez vous en ordre de bataille, ça va arriver. A priori, d’après ce que j’ai compris, ça sera à peu près de l’ordre de ce qu’il y avait l’année dernière. Donc voilà, voilà, on s’organise comme ça. (Nous, on a toujours rien, rien n’a été signé, mais on nous a dit que ça existait).

Coordo
Pour rebondir sur ce que tu disais au début. Le premier temps, c’est le temps de la connaissance, de l’interconnaissance. Parce que moi j’ai mes jeunes collègues qui arrivent, mais le problème c’est qu’on a des comptes à rendre au bout, déjà de la première partie du premier trimestre, dès cette période là, on nous dit « bon, alors, les projets, vous en êtes où ? » « Bah oui, mais attendez, là on arrive, on veut faire connaissance ». Ce qui est illogique, c’est qu’on attend aussi, nous, les résultats des évaluations sixième, CM1 et quatrième, etc. Donc moi j’ai du mal à commencer mes projets tant que j’ai pas encore une connaissance des évaluations. Alors on a l’impression qu’en attendant, on ne fait rien.

Coordo
Je pense que nous dans notre département l’équipe, tout le monde est assez accueillant et rassurant sur le fait qu’au départ on ne maîtrise pas grand chose, mais tous les nouveaux sont formés toutes les semaines. Ce qui veut dire que toutes les semaines on attire leur attention sur le fait que là il va y avoir les résultats des évaluations, il y a un peu ce qu’on appellerait des incontournables. « là, attention, vous allez recevoir l’accompagnement éducatif. Voilà comment il va falloir procéder ». Donc, il y a toujours quelque chose, il y a au moins un conseil écoles-collège de cycle trois qui s’organise autour de ça, parfois plus, plus à l’échelle du réseau avec les évaluations CP, CE1. Ca dépend un peu des pilotes. Donc pour ceux qui arrivent, même s’ils sont un peu paumés, ils sont quand même un peu sensibilisés au calendrier, aux choses un peu incontournables. Mais dans un premier temps, on les rassure en leur disant de rencontrer les assos, de rencontrer les autres… Moi par exemple, second degré, j’y connaissais rien. Enfin si, je suis allée à l’école comme tout le monde dans le premier degré, mais à part ça… J’avais aussi un enfant qui était encore à l’école à l’époque. Mais au départ ça s’arrêtait là ma connaissance du premier degré.

Michèle Coulon
Dans ce qui est remonté là, on disait tout à l’heure qu’il y a effectivement une difficulté à faire le tri dans tout ce qu’il y a à faire, dans les priorités qui s’accumulent. La question que j’avais envie de poser, c’est « à quel moment, vous sentez que vous êtes vraiment bien dans ce qu’il faut que vous fassiez », et « à quel moment vous sentez que là ça devrait pas vraiment être votre travail » ? Est ce que ça vous pouvez l’identifier ? Je me souviens, et j’imagine que c’est pire maintenant, que quand j’étais coordo, c’est pratiquement une question qui me taraudait tout le temps. « Est ce que ce que je suis en train de faire, c’est bien ce que je dois faire ? » Je dis que c’est pire maintenant car pour moi c’était certainement moins cadré, parce que je n’avais pas de lettre de mission, il n’y avait pas vraiment de projet, on était laissés complètement à nous mêmes. Mais la situation que vous vivez, elle est différente dans la mesure où il y a beaucoup d’injonctions descendantes qui peut être interfèrent avec ce que vous aviez projeté de faire ou avec le projet. Donc, les situations ne sont pas identiques. Mais la question de se dire « est ce que là je suis bien à ma place » ou « là je sens que je suis pas à ma place, que je fais quelque chose, que quelqu’un d’autre devrait faire ou que personne ne fait et qu’on me dit de faire ». Est ce que vous pouvez analyser les choses comme ça ? Quand vous sentez vous bien ? Quand ne vous sentez vous pas bien ?

Coordo
On peut dire que c’est tout le temps les deux en fait. Pour ce qui me concerne, c’est pas du tout une histoire de me sentir à ma place par rapport aux missions. Parce que globalement, que ce soit quand je fais un planning pour les visites de la galerie d’art, c’est un exemple très précis, ou quand je fais tout un tas de planning du secrétariat pour l’organisation de projets ou quand je suis dans les classes pour aider à la mise en place de projets, ou quand, parce que j’ai aussi en charge la bibliothèque du réseau, ou quand les collègues me demandent : « il faut qu’on mette en place l’éducation à la sexualité, on est perdu, on sait que tu as travaillé dessus, Est ce qu’on peut se voir ? » Quand je fais la réunion de tous les cycles parce qu’on a un journal du rêve et que et bien on va faire le comité de rédaction ensemble. Il n’y a aucun moment où je sens que ce n’est pas ma mission. Mais encore plus important, j’ai toujours l’impression que c’est pas assez, que je vais pas au bout des choses, donc c’est plutôt une grande frustration permanente. C’est à dire que je voudrais être beaucoup plus dans les classes pour permettre l’accompagnement. Je voudrais faire plus sur ces petites informations qui me sont demandées et qui sont en dehors de tout. Enfin ça rentre dans aucune des 108 h, ou de quoi que ce soit, mais les collègues, elles ont envie que ce soit dans le lien avec la documentaliste, avec le collège avec qui je travaille beaucoup. Enfin, j’ai l’accompagnement sur la bibliothèque où j’aimerais bien aussi recevoir des élèves, alors que là, je fais que de la gestion. Par exemple, j’ai toujours l’impression de ne pas faire assez, de ne pas faire ce que je voudrais, d’aller au bout. J’ai l’impression d’émietter un peu partout et c’est extrêmement frustrant. C’est plus une histoire de frustration que de « non mission » en fait. Enfin voilà, pour ce qui me concerne, c’est plutôt ça.

Coordo
De mon côté, depuis quatre ans, j’essaye de garder au centre du cercle inter degré le partenariat et le lien en fait entre tout ça et je le redis aussi aux différents pilotes et je m’appuie toujours aussi sur le document le référentiel de l’éducation prioritaire pour savoir, comme vous le disiez, si ça entre bien dans le cadre de ses missions, si c’est ça fait de l’inter degré, si c’est en rapport avec le partenariat et je fais toujours attention pour pouvoir naviguer en fait dans ces différentes zones. Donc quand les partenaires me contactent parce qu’ils ont besoin d’un représentant de l’Education nationale pour assister à des instances d’organisation, des comités de pilotage ou à des groupes de travail, notamment pour le CLAS, pour différents dispositifs. Je fais attention à être présente. Et aussi inversement, quand dans l’Education nationale on a besoin d’avoir des représentants. Mais je le dis aussi aux pilotes, quand on a des CEC ou d’autres instances, à ce qu’il puisse y avoir aussi des partenaires associatifs, des partenaires de la commune, etc. Et que tout le monde puisse avoir sa place un peu à égalité, qu’il n’y ait pas une hiérarchie et que tout ne vienne pas que de l’Education Nationale, qu’il faut aussi qu’il y ait des transvasement dans l’autre sens aussi, et qu’il puisse y avoir donc la coordo au présent dans ces instances là, sans forcément passer par les pilotes et l’autorisation du premier degré et des IEN, etc. Et être présente aussi dans les collèges, parce que moi je dépends donc de deux collèges aussi. Un en REP et un en REP+ je suis tout le temps dans la salle des profs, régulièrement, toutes les semaines, je suis dans la salle des profs, je discute avec les enseignants. Maintenant, j’ai dû construire aussi ce rapport de confiance, cette connaissance du territoire aussi. Ça m’a pris bien deux années, à peu près. Deux ans, ça commence à y être, ça tourne. Donc être dans la salle des profs, les rencontrer, discuter, les écouter beaucoup, écouter leur classe, ce qu’ils font comme projet, quel est un peu leur cheval de bataille, etc. Parler des élèves. J’ai aussi coordonné les choses pour les vacances apprenantes. Et puis l’école ouverte, faire le lien avec toutes les écoles aussi, passer dans les écoles régulièrement manger avec les enseignants le midi, les directeurs et directrices, etc. Mais aussi les partenaires, toutes ces connaissances du territoire, des différentes personnes pour construire le réseau et faire réseau : ça m’a pris deux ans. Et puis je garde toujours ça en tête et j’essaye quand je construis mon emploi du temps de semaine en semaine, j’essaye aussi de mettre tout ça tout le temps au centre du cercle. Et donc je le redis à mes pilotes parfois quand on discute, ça commence à partir un peu dans tous les sens ou qu’on me parle d’analyse des évaluations ou de faire le suivi des classes, etc. Comme dès le début j’ai essayé d’être clair avec eux, je leur ai dit c’est pas mon rôle, je suis pas conseillère pédagogique. Le coordo c’est pas dans ses missions, Je ne vais pas aller dans les classes. Déjà parce que ça va porter à confusion pour moi dans l’esprit des enseignants, parce qu’il y a déjà les conseillers pédagogiques qui font ça, ils sont dans les classes et si en plus il y a la coordinatrice, ça ne va pas être clair. Par contre si c’est faire le lien pour construire des projets en inter degré ou faire du partenariat dans le cadre de ces classes dédoublées parce qu’ils veulent partir sur ce projet là avec leurs petits effectifs etc. Là je peux intervenir. Mais si c’est pour aller dans les classes avec une grille d’observation, bien sûr, j’aurais dit ça non. Pareil pour tout ce qui concerne le cycle trois et l’analyse des différentes évaluations. Mener des formations, donc présenter des formations ou construire le CEC, oui, mais le présider non. Parce que les pilotes ont essayé aussi quand il y a les changements des chefs d’établissement. Donc je leur ai rappelé en disant c’est vous les pilotes. Vous présidez le CEC ? C’est votre rôle. Par contre, on l’a préparé en amont. En fait, on l’a organisé ensemble, on a construit ensemble, défini des axes, etc. Et puis après c’est vous qui le présidez, c’est vous les pilotes, je vous rappelle qui sont les pilotes. Donc c’est l’IAIPR, l’IEN et puis le principal d’établissement, pas la coordinatrice. Donc ça je le répète assez régulièrement, surtout en début d’année quand on construit l’année. Maintenant c’est plutôt clair, ça fonctionne plutôt pas mal sur mes deux réseaux, mais les deux ou trois premières années, j’ai eu l’impression parfois de lutter contre ma propre institution parce que comme c’est un peu flou, c’est pas clair, il y a plein d’interstices, on essaye, on sait pas qui fait ça. La coordo pourquoi pas ? Un nouveau dispositif : la coordo ? Non, non, non, Je me suis un peu mis à dos les pilotes, mais on en a discuté etc. Alors comme je n’ai pas de lettre de mission donc je vous rappelle quelles sont les missions de la coordination.

Michèle Coulon
Vous avez trois fils rouges : partenariat, inter degré et référentiel de l’éducation prioritaire.

Coordo
Oui, donc à chaque fois je leur dis ça. En fait, le référentiel de l’éducation prioritaire, c’est ça le référentiel. Il y avait des pilotes qui ne connaissaient pas le référentiel.

Marc Douaire
C’est le cœur du métier.

Coordo
Exactement. Mais même beaucoup d’équipes en fait ne le connaissaient pas. Donc là, ça y est, sur mes réseaux. ils se le sont appropriés et l’IEN a aussi compris qu’il fallait le présenter aux équipes, aux directrices et directeurs, notamment sur un réseau. Et je lui ai parlé aussi des COPIL parce qu’il n’y en a jamais eu. Et comme elle confond avec le CEC, je lui ai rappelé ce que c’est un COPIL. Comme ils sont sur leur posture parfois hiérarchique etc. ils font semblant de connaître, mais là on voit bien que non, mais ils ne veulent pas le dire parce que dans l’éducation nationale, ça ne se fait pas de dire qu’on ne sait pas. Surtout quand on est pilote. Après on connaît tous ces jeux de postures, de hiérarchie, etc. On essaye toutefois de pas créer de tensions là où on en a déjà. Mais j’ai l’impression aussi parfois de faire la médiatrice, la diplomate. Donc j’essaye aussi de dire non quand il faut dire non parce que c’est pas dans mes fonctions, c’est pas dans mon rôle et que je veux pas superposer tout ça. Je veux garder pour moi le cœur du métier de coordinateur ou de coordinatrice : l’inter degré, le partenariat, le lien, connaître le territoire et mettre les bonnes personnes autour de la table pour construire les choses pour que ça puisse avancer.

Marc Douaire
Et la mémoire, en fait, vous êtes la mémoire du réseau, c’est ça, ça c’est clair.

Michèle Coulon
Et donc sur « être à la bonne place », il y a d’autres prises de parole ?

Coordo
Je pense que c’est bien une méconnaissance aussi de nos fonctions. Moi je passe beaucoup de temps à les rappeler. Quand il y a eu le changement des nouveaux programmes au collège, l’adjointe voulait m’envoyer sur toutes les formations parce qu’elle disait, « je sais pas ce qu’elle (la coordonnatrice) fait » ; à mon avis c’était une nouvelle adjointe, elle croyait que je ne faisais rien. Donc c’était assez compliqué de rappeler sans arrêt mes missions. Il y a un autre travers mais là c’est plutôt les enseignants, parce que comme je suis bien identifiée et qu’on est dans un jumelage avec un musée. Donc moi ça marche très bien sur mon réseau, il va y avoir une trentaine de classes impliquées. Et quand on a des réunions, alors ils me confondent, enfin ils me posent des questions qui relèvent du prof relais du musée. Et par contre le prof relais du musée n’arrête pas de venir me voir comme si j’étais un enseignant face à une classe et je lui dis non, c’est pas moi qui choisis à la place des enseignants le projet qu’ils vont faire avec tel ou tel artiste. Je n’arrête pas en fait de recadrer et de dire ce qu’est ma mission parce que il y a peut être un manque du côté des enseignants. Donc je suis la personne ressource, dès qu’on a une question, on vient vers moi.
La hiérarchie m’avait dit clairement « vous ne faites pas de jardinage avec les enfants ». Au début j’ai cru comprendre, mais finalement ça fait sens. C’est à dire que même si on est dans un projet, qu’on monte etc, on ne va pas aller, même si c’est sur le développement durable, on ne va pas aller faire du jardinage avec les enfants, c’est pas ça notre rôle en fait. Et donc c’est important de savoir exactement où s’arrête notre fonction. Mais c’est pas évident.

Michèle Coulon
C’est pour ça que je pose la question. Et parfois, faire du jardinage avec les enfants peut amener quelque chose.

Coordo
Et je suis d’accord avec toi. Par exemple pour les CEC, c’est moi aussi qui vais dire au pilote « attendez moi j’ai dit oui ok j’ai tout préparé mais je ne suis pas le pilote, c’est vous ».

Coordo
Alors oui, moi je voulais dire que j’ai été amenée, toujours avec tact et comment dire, diplomatie, à refuser des missions. Par exemple, mon prédécesseur faisait la répartition des classes de sixième et c’était ancré comme ça depuis des années. J’ai refusé, j’ai dit non et j’ai bien fait parce que ma collègue a accepté de le faire encore cette année et elle a eu de gros soucis parce qu’un élève devait être séparé d’un autre du fait de harcèlement. Ils ont été mis ensemble et vers qui on s’est tourné ? Vers la coordo qui a fait la classe. Alors voilà, il y a des missions qui sont inacceptables, le pacte, le pacte. Moi j’ai refusé aussi parce qu’il y a des financements pour ça, il y a des financements. Moi, je travaille sur le scolaire, sur le public, sur le quotidien. Je travaille pas sur ce qui est à côté. Moi, je leur explique, on m’a demandé, je dis ça, ça relève pas de mes missions et ça va parce que mon IEN est de mon côté aussi par rapport à ça. Et je voulais vous dire aussi, oui, par rapport à la pédagogie, moi je ne suis pas tout à fait dans ta façon de voir. C’est peut être parce que moi, dans mon passé, comme j’ai été « plus de maîtres que de classes » et que j’ai vu qu’il y avait des pratiques efficaces qui fonctionnaient au sein des classes. Et bien moi j’ai pas besoin d’être CPC pour essayer des choses dans les classes et essayer de co-construire avec des enseignants pour la réussite des élèves. Et c’est ça le cœur de mon métier. J’ai l’impression que c’est ça, la réussite des élèves, ça passe par le référentiel.
Tu as tout à fait raison. Le référentiel c’est ma Bible quoi. Je m’en sers, je le montre aux enseignants. J’ai vraiment envie alors d’aider les élèves au quotidien dans les classes. Après, le souci, c’est qu’on ne peut pas toucher tout le monde. Parce que pour toucher tout le monde et pour faire évoluer les résultats, il faut qu’on aie les résultats des évaluations pour travailler, pour convaincre les enseignants et encore même avec les résultats des évaluations, c’est tellement complexe, il y a tellement de problèmes comme la passation qui est compliquée et les ordinateurs : les élèves n’ont pas forcément d’ordinateurs dans l’élémentaire pour pouvoir passer. C’est complexe, mais c’est quand même nous, notre point d’appui pour essayer de convaincre les enseignants en leur disant « voilà, tu vois tout ce qui est compréhension, c’est compliqué, donc on va essayer de construire ensemble si tu es d’accord ». Après le problème, c’est qu’il faut aussi toucher un enseignant du second degré puisqu’on est missionné dans l’inter degré. Pas exclusivement, mais même si on est censé faire tous les cycles, on est quand même de plus en plus centré sur l’inter degré et sur le cycle trois en réalité. Enfin, en tout cas c’est ce que moi je ressens. Et après bon, les savoirs fondamentaux, oui c’est tout le temps. Mais les savoirs fondamentaux, c’est transversal à tous les parcours, à toutes les disciplines. Mais après, pour toucher un enseignant du second degré, c’est compliqué parce qu’on n’a pas la même culture non plus. On travaille pas de la même façon. Et les enseignants du second degré, ils sont plus dans leur discipline, tandis qu’un enseignant du premier degré est transversal à toutes les disciplines. Donc ça peut être compliqué parce qu’on a deux cultures différentes, deux façons de voir les choses, deux formations différentes. Alors nous, on se bat au quotidien. Enfin, nous, les coordos, on se bat. C’est pas négatif ce que je dis, mais pour essayer de faire une cohérence parce que c’est ce qu’on nous demande, une cohérence pédagogique inter degré. Mais on se bat tout seul en fait. Parce que moi je suis pas CPC, mais je m’appuie sur ce que j’ai eu antérieurement, ce qui a marché, et qu’on n’a pas pu évaluer.

Coordo
Tu parlais par exemple de la remédiation, justement, l’expertise, là, elle est davantage au premier degré. Et donc c’est justement l’inspectrice qui a dit « On va aller initier les professeurs ». On a pris une demi journée et on a invité les enseignants du collège dans le second degré à une réunion pour expliquer ce que c’était justement l’apprentissage de la lecture, etc. Et les enseignants de second degré ont dit « Nous, on ne sait pas faire ». Et donc tout de suite, binôme premier et second degré avec l’expertise dans le premier degré. Et là, ça a vraiment changé quelque chose je trouve. Ils sont experts de leur discipline. Là, ça a complètement fait vriller le truc. C’est à dire que les binômes, finalement, comme c’était des élèves du collège second degré, c’était plutôt nous, on est là, on est là pour apprendre vous nous former. Finalement, premier degré, qu’est ce que ça veut dire qu’apprendre à lire à un élève ? Et par contre, c’était plutôt le premier. Enfin l’enseignant professeur des écoles, qui était là pour mener sa barque.

Coordo
Je suis désolée de t’interrompre, mais qui vient du premier degré pour travailler avec le second degré ? Si c’est un PE contractuel ou un débutant. Il faut du pilotage et de la formation. Il faut des formateurs et du pilotage pour que ça fonctionne bien. Après, on peut avoir de la bouteille et que ça fonctionne pas non plus. On nous pousse à faire travailler le premier et le second degré ensemble. Et heureusement que ça existe. Mais le souci, c’est que si l’objectif c’est vraiment d’améliorer les résultats des élèves et de les faire réussir dans nos quartiers, c’est quand même la formation, le pilotage qui le permettront. Il faut que les deux pilotes ou les trois soient parties prenantes de cette réussite et donc qu’ils imposent des choses. Si en conseil école-collège ou en conseil de cycle trois, on a les trois quarts des enseignants qui sont absents, si on ne touche que des contractuels c’est moins intéressant. Mais c’est tellement complexe, c’est tellement au delà de ce que nous on peut faire. C’est pour ça que moi je suis frustrée, mais au quotidien je me dis que si j’arrive à travailler avec un enseignant du premier, avec un enseignant du second, c’est déjà bien parce que quelquefois on a envie de ne travailler qu’avec un enseignant pour essayer de mener le projet avec lui jusqu’au bout. Et ça peut prendre beaucoup de temps. Le problème, c’est que moi ça m’arrive de travailler avec des enseignants du second degré, mais après je me dis qu’il faut que j’aille chercher un enseignant du premier degré pour que ça colle. Et il ne faut pas que ce ne soit que des enseignants, il faut que les élèves soient impliqués parce que nous, à la limite, on voudrait se dire bon, si on co-construit avec deux enseignants, après ils pourront essayer dans leur classe. Mais en fait non, parce que dans les rendus de ce qu’on on attend de nous, il faut que les élèves aient travaillé avec les autres, les élèves du premier degré avec les élèves du second degré, c’est pas uniquement les enseignants.

Ci-dessous le texte 4 en format Word

 

En ligne demain :
5- Troisième partie des échanges : verticalité et horizontalité du réseau et rôle du coordonnateur
6- Quatrième partie des échanges : comment continuer à travailler entre OZP et coordonnateurs

Les comptes rendus de la rencontre déjà publiés

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