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Le décrochage scolaire, des pistes pédagogiques pour agir, par Philippe Goémé, Marie-Anne Hugon et Philippe Taburet, Scéren-CNDP / CRAP-Cahiers pédagogiques, 2012

15 novembre 2012

Additif du 29.08.13

Les Rencontres du CRAP 2013
Que s’est-il passé aux Rencontres d’été ?

Parmi les temps forts,
La rencontre, ou plutôt les retrouvailles avec Philippe Goémé et Marie-Anne Hugon.

Marie-Anne Hugon et Philippe Goémé sont bien connus du CRAP et du site des Cahiers pédagogiques. A l’occasion de la sortie de leur livre "Le décrochage scolaire", écrit avec Philippe Taburet disparu il y a quelques mois, nous les avions interrogés tous les trois, sur leur parcours, sur le travail en équipe. Michèle Amiel avait fait de cet ouvrage une recension. Une réunion avait eu lieu au CRDP de Paris également. Ils sont revenus nous parler des décrocheurs et de ce que l’on peut.

Le cercle vicieux. Le malaise. Regardé comme un animal qui fait peur. Le manque d’échanges. Marcher sans marcher tout en marchant. Un casier scolaire difficile.

Les expressions sont fortes. Dérangeantes. Elles tombent comme des couperets, de la bouche d’élèves identifiés décrocheurs, dans des vidéos marquantes. Le décrochage, insidieux, puis lancinant. Destructeur enfin. Tout bascule. Pas eu... pas eu le brevet, le bac, le courage de se lever le matin.

Dans la salle, les enseignants réagissent. Ces élèves devenus violents, ou étant en classe sans y être, ces élèves sages en classe qui n’écoutent pas, ils les connaissent bien. Trop bien. Dès le primaire. Ces chaises déjà presque vides...

Le nombre de décrocheurs est moins important qu’en 1980, c’est la bonne nouvelle. Mais la mauvaise nouvelle le risque d’exclusion est bien plus grand.

Ces enfants sont un miroir, une loupe, qui nous révèlent nos pratiques. Les paroles des enseignants un destin qui s’imprime : "Je ne suis pas capable. Je ne suis pas capable."

Parents désemparés. Enfants désemparentés.

Et lorsque l’école se met à externaliser la difficulté, parce que l’école ne peut pas, ne se sent plus, l’enfant se met à être hors jeu.

Les enfants en risque sont sensibles à la qualité de l’ordre scolaire à différents niveaux : l’enseignement lui-même, l’organisation de la classe, le climat de l’école. Reste à donner à l’enfant un cadre sécurisant.

La forme scolaire fabrique le décrochage : la pression pour la performance, la hiérarchie des disciplines, la non prise en compte des rythmes d’apprentissage différents, etc. Une solution : le travail collectif en étant attentif à chacun.

Les élèves se protègent : ils deviennent très forts pour cacher qu’ils se protègent. Difficile de les repérer, en particulier en primaire.

Le challenge, c’est que les élèves se sentent à leur place, aient leur place à l’école. Le cœur, c’est le projet.

Les structures contre le décrochage sont des aides précieuses pour mieux comprendre un phénomène, amener à réfléchir et faire bouger tout le système scolaire.

Extrait du site des Cahiers pédagogiques du 29.08.2013 : Que s’est-il passé aux Rencontres d’été ?

 

Le décrochage scolaire, des pistes pédagogiques pour agir
Philippe Goémé, Marie-Anne Hugon et Philippe Taburet,
184 pages
collection Repères pour agir,
Scéren-CNDP et CRAP-Cahiers pédagogiques, 2012.

Chaque année, 120 000 jeunes sortent du système scolaire sans diplôme ni qualification. Ce phénomène interpelle l’ensemble des acteurs de l’éducation.
Au sein de structures dédiées à ces « décrocheurs » et de certains établissements publics innovants, des équipes pédagogiques expérimentent chaque jour de nouvelles approches éducatives, didactiques et organisationnelles susceptibles de prévenir le décrochage et de favoriser le retour dans un parcours de formation.
Dans cet ouvrage, deux enseignants d’une structure de raccrochage, le pôle innovant lycéen, et une chercheuse universitaire analysent ces pratiques et proposent des pistes de travail autour de l’orientation, de la relation avec l’élève et sa famille ou encore de la pédagogie de la classe, pistes qu’il est possible de mettre en œuvre dans tout établissement.

Préface de François Muller

Sommaire

Recréer des liens avec des adultes dans l’école pour réinstaurer de la confiance
Une ressource : le temps scolaire
Construire ou reconstruire un projet personnel authentique
Tisser des liens avec les familles
Travailler en réseau et en partenariat à l’école et dans la ville
De quelques ruses professorales pour redonner le goût d’apprendre
Retrouver une image de soi acceptable : paroles d’anciens élèves
Conclusion : vers de nouvelles professionnalités enseignantes

Extrait du site des Cahiers pédagogiques Le décrochage scolaire, des pistes pédagogiques pour agir6

 

Décrochage : Philippe Goémé brandit l’arme de la bienveillance

Propos recueillis par François Jarraud

Chaque année 120 000 à 150 000 jeunes quittent l’Ecole sans avoir de formation reconnue. Ces "décrocheurs" sont un immense gâchis pour la société et un défi à la refondation de l’Ecole. Philippe Goémé pilote une structure parisienne pour décrocheurs depuis 10 ans [le Pôle innovant lycéen de Paris]. Il livre dans un ouvrage ses réflexions sur ce qui ’marche" avec les décrocheurs. Il propose des pistes de travail qui sont valables pour tous les enseignants.

[Ce livre] est basé sur notre expérience professionnelle, Philippe Taburet et moi, qui est soumise à l’analyse d’une universitaire Marie-Anne Hugon. Au départ, à une époque où personne ne s’intéressait à ces jeunes décrocheurs, j’ai travaillé avec G Longhi. Vers 1997 il a créé des structures pour décrocheurs, à une époque où ce n’était pas encore conceptualisé. C’était l’époque de "La ville pour école" qui s’adressait à des jeunes qui en alternance, du lycée intégral, plutôt destiné à des lycéens généraux ou encore du Lycée de la solidarité internationale. Depuis 2008 on est au PIL. On a ouvert une structure pour des jeunes en rupture psychologique et en 2009 une autre qui s’adresse plutôt à des jeunes décrocheurs ayant un très faible niveau scolaire. En 10 ans on a appris que les décrocheurs ne forment pas un groupe homogène...

Marie Anne Hugon nous accompagne depuis 10 ans. Elle nous aide à écrire et donc à réfléchir sur nos pratiques et à clarifier notre pensée. C’est fondamental aussi pour nous de ne pas être tout seul. Il faut un regard externe sinon on risque de "se regarder pédaler", comme disait Longhi.

Très souvent , après le décrochage, le jeune a rompu avec sa famille. Les parents se sentent découragés, souvent coupables. Ils ont abandonné le rêve d’une insertion sociale classique. Quand le jeune commence à raccrocher il est très important de chercher à renouer avec la famille. [...]

S’il est besoin on s’appuie sur notre réseau de psychologue, d’assistante sociale, d’entreprises. On sait par exemple qu’il faut accompagner un jeune chez l’assistante sociale, sinon il n’y va pas. C’est le rôle du tuteur. Mais on part surtout d’un principe de base : la bienveillance. Etre bienveillant ce n’est pas remettre en cause son statut d’enseignant, bien au contraire.

Ce qui nous paraît important c’est de redonner du sens aux apprentissages. Cela passe par le décloisonnement entre disciplines. On les regroupe en pôles : sciences, sciences humaines, lettres et langues. On travaille des sujets communs à l’intérieur du pôle. Et chaque enseignant sait qu’il peut intervenir un peu au-delà de sa discipline. On croit aussi beaucoup en une approche épistémologique des enseignements. On met les élèves en activités par exemple avec des sorties dont les matériaux, ramenés par les élèves, sont ensuite travaillés. [...]

D’ailleurs on ne prend pas tous les jeunes. On ne prend que les jeunes qui ont quitté l’école depuis 6 mois au moins. Globalement on perd 25% des élèves sur une année et la moitié des jeunes quittent notre structure puis obtiennent un diplôme.

Il y a des difficultés qu’on ne sait pas gérer : les problèmes psychologiques non suivis, les personnes trop agées, les jeunes qui ne veulent pas changer. Par contre on accepte des jeunes avec un niveau scolaire très bas.

Extrait de l’Expresso du 30.11.2012 : Décrochage : Philippe Goémé brandit l’arme de la bienveillance

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