> VI- PÉDAGOGIE (Généralités, Disciplines, Actions locales) > PEDAGOGIES (LES) > Pédag. Education nouvelle (Généralités) > Retour sur les Rencontres d’été 2023 du CRAP-Cahiers pédagogiques : (...)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Retour sur les Rencontres d’été 2023 du CRAP-Cahiers pédagogiques : Echange des savoirs et marché de connaissances

23 août 2023

Rencontres 2023 du CRAP-Cahiers pédagogiques
Outiller nos élèves pour le monde de demain, de la maternelle à l’université
du 17 au 23 aout 2023 au lycée agricole du Bourbonnais – 03017 Moulins

Planning

Comment bien échanger des savoirs

Ce samedi 19 aout, les participants aux Rencontres d’été du CRAP-Cahiers pédagogiques ont vécu un marché de connaissances, selon le principe qui veut que « personne ne sait tout, mais personne ne sait rien ». On vous raconte.

Savez-vous compter jusqu’à 10 en bambara ? Connaissez-vous une phrase sans voyelles en tchèque ? En participant au marché de connaissances organisé entre les participants des Rencontres d’été du CRAP-Cahiers pédagogiques, vous auriez pu l’apprendre. Il y avait aussi des propositions autour de la découverte de jeux ou d’applications et leur usage en classe, ou de l’orthographe rectifiée, ou simplifiée, de 1990. Ou encore, « Je ne sors jamais sans mon clitoris », « Faire de l’improvisation musicale à plusieurs », « Faire des boutures ou du marcotage », des recettes de gâteaux ou de produits d’entretien, etc. Il y a eu plus de soixante propositions au total.

Puis, après le marché, Carole Gauthié, enseignante en sciences de l’éducation à l’université Paul-Valéry de Montpellier, et Sylvain Connac, enseignant-chercheur en sciences de l’éducation à l’université Paul-Valéry de Montpellier, tous deux participants des Rencontres, ont proposé des apports théoriques sur les marchés de connaissances et les réseaux d’échanges réciproques de savoirs (RERS) conçus par Claire et Marc Héber-Suffrin.

Sentiment d’efficacité personnelle

Le marché de connaissances, c’est l’exact contraire de cette expérience filmée sur l’impuissance apprise, théorisée par le psychologue comportementaliste américain Martin Seligman (à ne pas reproduire chez vous, ça peut laisser des traces !). On y voit qu’il est possible de faire perdre confiance en soi à quelqu’un en cinq minutes. Mais faire l’inverse, c’est-à-dire renforcer le sentiment d’efficacité personnelle, la confiance en soi, est plus long et difficile.

L’intention principale des marchés de connaissances est d’entretenir et développer le sentiment d’efficacité personnelle. Avec un principe pédagogique : la réciprocité. Le chercheur Alain Baudrit préconise ainsi que chacun doit être tour à tour passeur et receveur, afin de profiter de l’ « effet tuteur » qui renforce le sentiment d’efficacité.

Quant aux RERS, qui peuvent être organisés avec enfants et adultes à l’échelle d’un quartier, on y retrouve l’impératif de réciprocité, bien sûr, mais dans le cadre de groupes constitués pour échanger selon leurs besoins. L’idée est de construire des collectifs où chacun se sent reconnu et en confiance. Et la principale différence avec les marchés de connaissance est qu’on y apprend réellement des choses, là où l’effet de renforcement de l’estime de soi est ce qui est recherché dans les marchés.
Organiser un marché de connaissances

Pour organiser un marché de connaissances avec ses élèves, il faut suivre plusieurs étapes :

– aider chacun à trouver une idée de savoir à partager

– faire remplir une fiche d’inscription qui formalise les propositions et engage le passeur

– préparer un plan des stands numérotés

– répartir les stands sur deux ou trois plages de temps

– lister les stands disponibles par plage

– laisser le marché se tenir, en étant vigilant sur l’occupation de tous les stands

Les enfants des participants ont aussi fait l’expérience d’un marché de connaissances pendant ces Rencontres.

Et comment faire avec les élèves qui se sentent trop « nuls » pour partager quelque chose ? Il faut imposer que si l’on n’a rien à partager, on ne peut pas participer au marché. Et il est risqué de présenter à deux, cela peut renforcer l’impuissance apprise si l’un des deux reste en retrait. Il faut alors aider ces élèves à trouver une idée et pour cela, prévoir un temps de préparation de plusieurs semaines en amont, afin d’avoir le temps d’accompagner les plus fragiles.

Le jour dit, que se passe-t-il si personne ne vient sur l’un ou l’autre stand ? Il faut prévoir plusieurs temps de rotation, conseiller des activités courtes. À noter : le stand « cocktails » a toujours du succès !

On peut aussi proposer un marché de connaissances intergénérationnel, organisé par exemple avec un Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) proche, car des élèves s’autorisent alors à présenter des choses qu’ils n’auraient pas osé proposer avec leurs camarades, typiquement sur des outils ou des applications sur smartphone. Il y a aussi la possibilité de faire du marché de connaissances un moment de coéducation en associant les parents.

Enfin, il faut insister sur l’importance d’en organiser plusieurs dans l’année, afin que les élèves puissent progresser sur les écueils observés au début.

Extrait de cahiers-pedagogiques.com du 21.08.23

Cécile Blanchard et Cyril Lascassies

Répondre à cet article