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A Saint-Denis le difficile #metoo des quartiers populaires (Le Monde)

14 octobre 2022

REPORTAGE Confrontées à de multiples discriminations, les femmes des quartiers populaires peinent encore à faire entendre leur voix. Mais la parole se libère doucement dans certaines structures d’accueil et chez les jeunes.

« Metoo, c’est quoi ? » Voilà la première réaction de nombreuses femmes interrogées lundi 3 octobre à la sortie de la ligne 13 du métro, à deux pas de la basilique de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Pourtant, en dialoguant avec les rares passantes disposées à en parler, on se rend compte qu’il y aurait des choses à dire. « On est souvent harcelées dans la rue dès qu’on s’habille un peu légèrement, concède Malvina, 39 ans, assistante sociale à la mairie. Les femmes sont encore trop maltraitées dans cette ville. » Souad, responsable d’agence dans le transport médical, reconnaît que « les mentalités évoluent mais il y a encore beaucoup de tabous ici ».

[...] Selon les militantes féministes de la ville, ce #metoo des banlieues n’a pas eu lieu aussi parce que les quartiers populaires ont été oubliés par un féminisme plus institutionnel, plus élitiste, plus parisien. Victimes de discriminations croisées, elles se retrouvent alors entre deux camps, dont aucun n’apporte des solutions satisfaisantes. « D’un côté, on a le camp antiraciste qui étouffe les questions des violences sexistes et sexuelles au sein de nos quartiers, déplore Hanane Ameqrane. On passe pour des traîtresses qui chargeons notre communauté où les hommes sont déjà stigmatisés et vus comme violents. » De l’autre, elles se retrouvent dans des groupes féministes parisiens, où elles s’exposent au racisme et au mépris de classe, dans des structures qui ne comprennent pas toujours les problématiques des quartiers populaires.

[...] Démarches de prévention
Les pouvoirs publics aussi se sont emparés du sujet. « On essaye de développer le volet prévention, notamment auprès des jeunes, indique Oriane Filhol, adjointe à la mairie chargée des solidarités et des droits des femmes. On prépare des ateliers sur [l’avocate] Gisèle Halimi dès la maternelle et l’école primaire pour que les jeunes arrivent au collège en étant sensibilisés à ces questions. » La libération de la parole chez la jeune génération est d’ailleurs soulignée par tous les intervenants, « même si elle pourrait être encore plus massive », note Ghada Hatem-Gantzer.

Extrait de lemonde.fr du 07.10.22

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