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Séminaire OZP nov. 2019. Le compte rendu de ToutEduc

6 décembre 2019

L’OZP réalise l’évaluation que ne fait pas le ministère

L’OZP publie les conclusions du séminaire "Bilan et perspectives pour l’éducation prioritaire" que cet observatoire a organisé le 30 novembre après avoir rappelé, l’an dernier, au cabinet du ministre l’engagement "pris en 2014 de procéder en 2019 à une évaluation des projets des réseaux et de la carte de l’éducation prioritaire". Le ministre ayant "décidé de ne pas respecter cet engagement", l’Observatoire a construit "une évaluation publique de l’éducation prioritaire refondée" via une "enquête collaborative" et un "document d’auto-évaluation" conçu par un conseil scientifique.

Cette publication intervient alors que, "depuis plusieurs mois, se succèdent différents rapports qui, sans aucune évaluation de l’existant ni prise en compte de l’expérience des professionnels engagés, préconisent des remises en cause radicales de la politique et de la carte de l’éducation prioritaire". L’OZP cite le rapports du Cnesco sur les collèges parisiens, celui de France Stratégie, celui du Sénat et le rapport Azéma/Mathiot. Ce dernier "apparaît hors sol, ne prenant pas en compte le travail engagé par de nombreux réseaux depuis la refondation de l’éducation prioritaire, les projets pédagogiques et les transformations professionnelles à l’œuvre qui font que l’éducation prioritaire constitue un ensemble vivant en pleine évolution".

Les inquiétudes de l’OZP

L’OZP ne cache pas son inquiétude alors que le ministre a exprimé "à plusieurs reprises" sa volonté de "changer de logiciel", et réduit "l’éducation prioritaire à la question des dédoublements en classe de CP, CE1 et GS d’école maternelle". De plus, "en déclarant adapter la carte de l’éducation prioritaire à la prise en compte des 70% d’élèves des catégories populaires qui seraient accueillis en dehors des REP", il oublie "que les difficultés des écoles et collèges de certains territoires ne sont pas corrélées avec la proportion d’enfants des classes populaires (ce qui sous-entendrait que l’école ordinaire de la république ne saurait les prendre en charge) mais par la concentration dans ces territoires de familles en grande précarité".

Les retours de l’enquête montrent notamment qu’ "il existe partout des éléments positifs des effets de la refondation" (entreprise en 2014, ndlr), qu’il s’agisse de "la centration sur l’action pédagogique", du développement des cycles, du travail collectif, des relations avec les parents d’élèves et du projet de réseau. Ils témoignent d’une "professionnalité en cours de construction", d’une "volonté de travailler collectivement". Ils témoignent aussi de l’existence d’obstacles, manque de temps, manque de formation, celle-ci devant être "à l’initiative des acteurs du réseau", difficultés rencontrées à faire des familles "des partenaires", mais aussi "les contrecoups sur le terrain d’une politique nationale trop discontinue" et de pilotages "départementaux, académiques et nationaux déconnectés des réalités locales".

Beaucoup des répondants "considèrent que rien n’est vraiment acquis car les ministres changent sans cesse les bases du travail" ; un peu plus de la moitié d’entre eux estime "que les difficultés sociales du réseau se sont accrues", deux sur trois "pensent que le référentiel (de 2014, ndlr) a été utile" (voir ici), et "que le travail collectif s’est développé". L’OZP constate que "certains fondamentaux ne sont pas remis en cause", notamment le cycle 3 (à cheval sur l’école élémentaire et le collège, ndlr) ou "l’importance primordiale du pédagogique", "les relations avec les parents", "les projets et en particulier le projet de réseau", "l’importance d’une formation adaptée qui réponde aux besoins…"

"Quand on leur demande ce qui est le plus important pour la réussite des élèves, les répondants privilégient largement la priorité 1 du référentiel ("Garantir l’acquisition du ’Lire, écrire, parler’ et enseigner plus explicitement les compétences que l’école requiert pour assurer la maîtrise du socle commun", ndlr) mais "si les enseignements de la langue sont proposés en priorité, la question des mathématiques et des sciences n’a pas encore fait son chemin. Les conceptions d’apprentissages exigeants et d’un enseignement plus explicite ne sont pas encore suffisamment clarifiées."

Une "embellie" des relations avec les parents et les partenaires

Les réponses évoquent une "embellie" des relations avec les parents et les partenaires (axe 3 du référentiel). Quant au travail collectif, il s’est développé, mais "il est difficile à mettre en œuvre surtout pour une question de disponibilité des uns et des autres".

Au total, l’OZP a "des raisons de cultiver un certain pessimisme face à la fragilité des acquis toujours à consolider par un pilotage résolu et respectueux des professionnels", mais aussi de "belles raisons d’être optimistes en voyant l’engagement raisonné (des) collègues répondants". L’enquête met en évidence "le manque de volonté de l’institution (parfois aussi des formateurs) d’associer les acteurs à la définition des plans de formation". La question de la relation école – familles constitue "un des chantiers urgents à travailler", car "le manque de savoirs et de savoir-faire" est évident. Les répondent évoquent également "un pilotage institutionnel vertical et injonctif" et plus encore "le manque de personnels spécialisés ou non". Et, ajoute l’OZP, "on lit le découragement de répondants qui ne peuvent pas réaliser ce qui leur est demandé ; sont ainsi soulignés le manque de réalisme des autorités, le fossé entre le pilotage national et académique et la réalité du pilotage d’une circonscription ou d’un réseau."

Tous ces obstacles "pourraient être levés grâce à une meilleure considération des acteurs, à une relance de la dynamique des équipes (...), à une politique publique qui continue d’abonder les moyens humains, et à un effort de recherche et de formation concernant, entre autres, la relation école–famille".

Les différents éléments de ce compte-rendu sont téléchargeables sur "La lettre de l’OZP"

Le référentiel de 2014 ici (PDF)

Extrait de ToutEduc.fr du 05.12.19

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