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Portrait de prof d’EPS dans la ZEP de Laval

10 mars 2006

Extrait de « Ouest-France » du 09.03.06 : David, 27 ans, professeur dans une ZEP depuis 4 ans

Il enseigne l’éducation physique et sportive au collège Alain-Gerbault. Un choix qu’il ne regrette pas, même s’il s’estime mal préparé à cela.

« Je suis arrivé en septembre au collège Gerbault. C’est mon 2e poste. Comme beaucoup de débutants, j’ai commencé en région parisienne. Trois ans dans un collège de ZEP sensible, à Trappes.

« Ici à Gerbault, la mixité sociale et le mélange culturel sont intéressants. Bien différents de Trappes. Là-bas, c’était un « collège-ghetto » avec un taux de réussite au brevet de 50 %. Des élèves turbulents, perturbateurs. Des gamins fragiles en fait, avec des conditions de vie tellement difficiles, qu’ils n’étaient pas dans un état d’esprit pour travailler. Remarquez, c’est une expérience enrichissante. Car on n’est vraiment mal préparé à ça à l’IUFM (1). Pas d’intervenant spécifique, pas de stage en ZEP... Alors forcément, au début, ça a été un peu dur. On se fait un peu marcher sur les pieds. Ce que j’en ai retenu : la notion de justice et d’injustice, très forte chez les enfants. Et leur besoin de rapports de force, de démonstration d’autorité. Ce qui n’exclut pas la discussion !

« J’assure ici 17 heures de cours, plus 3 heures consacrées à l’association sportive : club du midi et compétition UNSS le mercredi après-midi (2). Je m’occupe de 5 classes, de la 6ème à la 4ème. Et je suis professeur principal d’une 4ème. J’ai une journée de congé par semaine, plus le week-end. C’est un emploi du temps sympa. Le principal-adjoint essaie d’arranger tout le monde.
« Pas de copies à corriger chez moi, c’est l’avantage de la discipline. Mais ce n’est pas pour ça qu’il n’y a pas de travail à faire en amont. Mes cours, je les prépare. J’ai des objectifs pour chaque classe, par cycle... Durant ses années collège, un élève doit avoir découvert un maximum d’activités sportives. Évidemment, on est lié par les moyens du collège et les infrastructures municipales. Tout n’est pas possible.

« Le sport, la plupart des élèves aiment, parce qu’ils peuvent s’y défouler. C’est une activité qui leur paraît moins scolaire, donc plus motivante. Le revers de la médaille, c’est qu’il y a beaucoup d’énergie à canaliser et ils ne parviennent pas toujours à gérer leurs émotions. Et puis, il ne faut pas croire qu’un gamin démotivé scolairement fera forcément des miracles en sport ! Là aussi on cultive effort et concentration.

« Avec certaines classes, je travaille surtout le côté relationnel. Je crois beaucoup au « Vivre ensemble pour apprendre ensemble ». Comme j’avais du mal à me faire entendre au début et qu’on perdait pas mal de temps, j’ai mis en place une fiche de comportement. Un outil que j’ai découvert à Trappes. A la fin de chaque cours, on prend 5 minutes pour que les élèves la remplissent en fonction du comportement qu’ils estiment avoir eu. On note le positif et le négatif. Cette fiche en aide beaucoup à se contrôler. Le but est évidemment qu’ils parviennent à s’en passer. Et qu’ils soient autonomes dans le respect de ces règles de vie.

« Des petits soucis avec les élèves, il y en a. On en parle entre nous, en salle des profs. Si c’est un problème de classe, on organise une réunion pour voir comment y remédier. Un gamin qui vit des choses difficiles, ça se sent. Je ne peux pas ne pas en tenir compte. Ça ne veut pas dire que je vais lui trouver des excuses, ni être plus gentil avec lui ! Simplement, je vais faire attention. J’adapte ma pédagogie : enseigner la même chose, mais de manière différente. »

LP

(1) IUFM : institut universitaire de formation des maîtres.

(2) Au bout de 4 ans de carrière, il touche environ 1 650 € par mois, primes ZEP et de professeur principal comprises.

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