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Dans un rapport sur les conditions économiques des jeunes en France, l’OCDE propose d’"augmenter considérablement les moyens de l’éducation prioritaire" et de "rationaliser les politiques de zonage"

16 avril 2013

"Concentrer les moyens de l’éducation sur l’école primaire et les milieux défavorisés" et "développer l’autonomie des jeunes" sont deux des recommandations faites à la France par le département des affaires économiques de l’OCDE. Si ce texte apparaît à bien des égards comme une compilation de documents connus, il n’en constitue pas moins un encouragement très net de l’organisation internationale à la "refondation" lancée par Vincent Peillon, et à une "politique jeunesse" qui pourrait aller plus loin.

C’est ainsi que son auteur, Hervé Boulhol, estime qu’une "réelle extension du RSA aux jeunes adultes réduirait l’intensité de la pauvreté". Elle devrait être progressive, par exemple 240 € à 18 ans et 475 à 25, les étudiants pour leur part continuant à être soutenus par des bourses. Mais il considère surtout que notre pays doit améliorer son système éducatif, et que "les efforts doivent porter principalement sur le primaire et l’université". Il faut revoir le calendrier scolaire, "augmenter le nombre de jours passés à l’école, diminuer le volume horaire quotidien et raccourcir les vacances scolaires", "concentrer les moyens de l’éducation nationale, et en particulier de l’éducation prioritaire, à un âge précoce – écoles élémentaire et maternelle voire toute petite enfance" puisque "les mesures ciblées sur la prime enfance dans les milieux défavorisés (...) sont très rentables économiquement et réduisent les inégalités".

Education prioritaire et salaire des enseignants
Une meilleure allocation des moyens disponibles passe par "la suppression de nombreuses options disciplinaires dans l’enseignement secondaire, qui sont coûteuses et tendent à accroître les inégalités en tant que vecteur d’une sélection précoce déguisée". Quant aux "résultats décevants de la politique d’éducation prioritaire, [ils] ne doivent pas surprendre compte tenu de la faiblesse des moyens mis en œuvre (...), les expériences convaincantes à l’étranger s’appuient sur des moyens beaucoup plus importants, d’au moins 12 000 euros par enfant, soit environ le double des dépenses actuelles en France." Mais cela pose la question de l’efficacité de la politique de la Ville qui "n’a pas permis de réduire les difficultés de ces quartiers" : "Il n’est pas prouvé que le fait de cibler les politiques sociales sur des territoires plutôt que directement sur les personnes soit efficace."

L’auteur plaide aussi pour une revalorisation du salaire des enseignants, qui est, en France, "égal à 77 % du salaire d’un diplômé du supérieur en moyenne contre 86 % en moyenne pour les pays de l’OCDE", pour que les directeurs d’école aient "plus d’autorité" et qu’ils soient mieux formés, et pour que les parents soient davantage impliqués. "Les écoles de l’éducation prioritaire doivent redoubler d’efforts pour nouer des liens avec les parents les moins impliqués." [...]

Voici l’essentiel des recommandations de l’OCDE "pour améliorer la situation des jeunes"

I - Concentrer les moyens de l’éducation sur l’école primaire et les milieux défavorisés
- Réallouer substantiellement les dépenses d’éducation du secondaire vers le primaire (...)
- Consacrer le surcroît de dépenses publiques allouées à l’éducation [les 60 000 postes, ndlr] à rendre l’éducation prioritaire réellement prioritaire [p.20 et sq.] (...)
- Développer l’autonomie des écoles primaires et de leurs directeurs (...)
- Améliorer la formation des enseignants en mettant l’accent sur les pratiques pédagogiques
- Réduire drastiquement et rapidement le recours au redoublement
- Réformer les fonctions et mieux contrôler l’activité des conseillers d’orientation-psychologues (...) Introduire une première année de tronc commun dans le deuxième cycle des voies technologique et professionnelle (...)

II - Améliorer l’équité et l’efficacité de l’enseignement supérieur
- Réduire la segmentation de l’éducation supérieure en rééquilibrant le financement public des différents établissements en faveur des universités (...)
- Amplifier l’autonomie des universités (...) Augmenter les droits d’inscription (...)

III - Développer l’autonomie des jeunes et augmenter l’emploi des jeunes
- Faciliter l’accès des jeunes au logement social en élargissant l’offre de petits logements
- Etendre le RSA aux jeunes adultes (...) Éliminer en particulier le rattachement au foyer fiscal des enfants majeurs (...)
- Réduire le salaire minimum relativement au salaire moyen et réduire la dualité du marché du travail.
- (...) Mieux coordonner voire rapprocher les deux voies – scolaire et alternance – de l’enseignement professionnel. Évaluer la performance des centres de formations des apprentis (...).
- Améliorer la coordination entre les nombreux acteurs de l’insertion professionnelle (...)
- Envisager d’étendre le dispositif des Écoles de la deuxième chance en fonction des résultats de l’évaluation gouvernementale en cours.

III. Rationaliser les politiques de zonage [p 48 et sq.
- Mettre à plat la géographie prioritaire en rendant le(s) zonage(s) de la politique de la ville plus lisible(s) et en assurant sa cohérence avec celui de l’éducation prioritaire. Une réforme plus radicale (...) pourrait consister à remplacer les politiques axées directement sur les territoires par des politiques d’allocations de ressources basées sur les caractéristiques des individus (...)."

Extrait de touteduc.fr du L’OCDE milite pour l’éducation prioritaire et l’autonomie des jeunes, document de travail

 

Le texte intégral du document de travail : Améliorer la situation économique des jeunes en France, 5 avril 2013, 58 p.)

Extrait : En ce qui concerne l’éducation prioritaire, 40 % des ECLAIR et 75 % des RRS sont hors ZUS. Parallèlement, environ 40 % des collèges situés en ZUS ne sont pas classés en éducation prioritaire. La géographie prioritaire devait être mise à plat en 2010 mais la réforme a été repoussée en 2014. Il est souhaitable qu’elle soit menée le plus rapidement possible. Au-delà la question se pose de l’intérêt de maintenir un zonage trop strict quartier par quartier plutôt que d’allouer des ressources sur la base de critères précis (taux de chômage, part des jeunes sans qualification professionnelle, part des bénéficiaires de minima sociaux, etc.) et de laisser plus de souplesse aux préfets et aux élus locaux (voir Hamel et André, 2009).

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