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L’accompagnement éducatif dans les Bouches-du-Rhône

6 novembre 2007

Extrait de « La Marseillaise » du 05.11.07 : Education. A leur retour de vacances, tous les collégiens de l’éducation prioritaire pourront être pris en charge après les cours.

« Qu’est ce que tu fais le soir après les cours ? Après les cours, moi je reste au bahut ». L’école après l’école n’a rien d’une punition pour les élèves qui resteront le soir dans leur collège. Activités sportives ou culturelles, aide aux devoirs, les portes du collège s’ouvrent désormais en dehors du temps scolaire pour ceux qui en exprimeront le besoin ou le désir.

Initiée depuis les années 70, largement développée dans les années 80 avec la décentralisation, il n’est aujourd’hui pas une ZEP (zone d’éducation prioritaire) qui ne compte sur son territoire un dispositif d’aide aux devoirs, ou coup de pouce ou permanence devoirs. On estime que 150.000 à 200.000 élèves sont concernés en France. Ils devraient être davantage le jeudi de la rentrée, puisque le ministre a décidé de généraliser l’accompagnement scolaire à tous les collèges de l’éducation prioritaire. Ce n’est qu’à la rentrée de 2008 qu’il devrait s’étendre à l’ensemble des collèges (publics ou privés sous contrat) et par la suite à l’ensemble des écoles et lycées.

La prise en charge des élèves pour une durée maximum de 2 heures, quatre jours par semaine et tout au long de l’année, répondrait à une demande sociale forte. A un moment où la pression sur l’école n’a jamais été aussi importante, ce dispositif paraît pour les uns utile, quand elle passe pour de l’affichage politique pour les autres.

Lorsque dans l’Education nationale, le gouvernement veut supprimer 11.200 postes d’enseignants à la rentrée de 2008, on peut légitimement s’interroger sur cette école après l’école, qui va réclamer pour la seule Académie des Bouches du Rhône le paiement de 120.000 heures supplémentaires.

D’un côté moins de profs dans les classes, de l’autre des mesures d’accompagnement qui feront intervenir les profs (en dehors de leur temps de travail réglementaire), ainsi que des partenaires extérieurs à l’école. Du coup on ne sait plus trop bien qui fait quoi.

Les profs d’EPS qui n’ont pas été associés au projet seront sans doute en premier ligne, puisque les premiers sollicités. Andjeko Surdlin du Snep-Fsu craint une mise en concurrence entre les associations des établissements et les clubs sportifs. « C’est un choix idéologique. Là on trouve de l’argent, mais en aucune manière il n’est question de renforcer le service public d’éducation. » Et encore moins de développer les infrastructures sportives. Le syndicat ne manquera pas de rappeler que la réussite de tous passe par le doublement annoncé des heures de sport à l’école.

Mais la mesure inquiète aussi les collectivités territoriales qui se demandent si elles ne devaient pas à terme supporter seules le coût de ce dispositif.

Nadia Brya, directrice de l’association Pacquam qui fait depuis 20 ans de l’aide aux devoirs dans les centres sociaux défend « ce tiers lieu éducatif » qui n’est ni la famille, ni l’école. En travaillant sur la méthodologie, l’association qui entretient de très bonnes relations avec les collèges a fait de l’aide aux devoirs un lieu de remédiation totalement neutre, même si elle ne touche que 10% des élèves. « Il reste encore beaucoup à faire sur le créneau de la fin de journée » assure un brin philosophe Nadia Brya.

Si le dispositif est très attendu sur le terrain, Patrick Demougeot, inspecteur académique adjoint qui a piloté la mise en place de l’accompagnement éducatif dans les Bouches du Rhône se déclare quant à lui plutôt optimiste. « 44 établissements de l’éducation prioritaire se sont déclarés prêts à faire de l’accompagnement. Mais on ne part pas de rien, sur les 44, une grande majorité avait déjà des activités prévues en fin de journée. »

La plupart des établissements ont semble t-il enrichi l’existant. L’aide aux devoirs devrait arriver en tête devant le sport et la culture, et pourrait toucher en moyenne une centaine d’élèves par établissement. « Les réticences ne se sont pas confirmées sur le terrain » assure Patrick Demougeot. Le retrait du décret de Robien qui prévoyait d’allonger le temps de temps de travail des enseignants ne serait pas étranger à cette relative accalmie. Selon l’inspection académique au collège Massenet 13 professeurs, 2 CPE et 3 assistants d’éducation se seraient déclarés volontaires. Le chef d’établissement qui pilotera le budget de l’accompagnement éducatif sera seul maître dans la gestion d’un dispositif qui devrait permettre d’accueillir un tiers des élèves. Une opération qui aura au moins le mérite de clarifier les relations entre les différents acteurs du soutien scolaire et de calmer pour un temps les ardeurs des entreprises privées qui font du soutien scolaire une opération très rentable.

Catherine Walgenwitz

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