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Les ZEP dans le plan de diversification de recrutement des armées

25 septembre 2007

Extrait de « Libération » du 17.09.07 : Des officiers de France profonde et d’ailleurs

Un plan ministériel vise à diversifier le recrutement dans les grandes écoles militaires.

Plus d’ « égalité des chances », mais sans « discrimination positive ». Le ministre de la Défense Hervé Morin a présenté jeudi un plan d’action visant à favoriser l’accès des jeunes issus des couches populaires et donc, pour partie, de l’immigration, aux grandes écoles militaires. Ce plan, qui a pour objectif de diversifier le recrutement de la haute hiérarchie militaire, correspond à ce que Libération annonçait dès le 9 juillet.

Ce dispositif de soutien concerne « autant Dupond que Belarbi » a expliqué le ministre, qui refuse toute logique « ethnique ou raciale ». « Mon plan s’adresse aux jeunes de condition modeste, pas seulement aux banlieues. » Il a insisté sur les jeunes des campagnes ou de la France profonde, qui sont souvent exclus des classes préparatoires aux grandes écoles. « L’ascenseur social est en panne, constate-t-il. En 1955, 29 % des élèves des quatre plus grandes écoles françaises étaient issus des catégories populaires. En 2005, ils ne sont plus que 9 %. »

Le plan, qui reste modeste, prévoit d’organiser des tutorats pour 150 élèves dans des lycées situés en zones d’éducation prioritaires (ZEP) ou « au fin fond de la campagne ». Ce sont les élèves des grandes écoles militaires (Saint-Cyr, Navale, Air, etc.) qui assureront ces suivis individualisés. Puis, après le bac, ces jeunes seront accueillis dans une « classe tampon » en lycée militaire, qui leur permettra d’intégrer les classes préparatoires. « Nous ne voulons pas dégrader notre système, en créant des filières de recrutement spécifiques pour certaines catégories de Français, a précisé le ministre. Nous souhaitons donner à ces jeunes le coup de main qui leur permettra d’acquérir les codes, le vocabulaire pour réussir. »

Quatre cents places vont également être réservées, en internat gratuit, dans les six lycées militaires (Autun, Aix, Saint-Cyr l’Ecole, Prytanée de la Flèche, lycée naval de Brest, Pupilles de l’air dans l’Isère). Jusqu’à présent, les places dans ces lycées étaient réservées aux enfants de militaires (70 %) et de fonctionnaires (30 %). D’autres mesures, comme la création de « Cadets de la Défense » pour les 14-16 ans ou l’augmentation du nombre de préparations militaires (qui passeront de 5 000 à 150 000 places par an) visent à encourager les adolescents à tenter leurs chances dans les carrières d’officiers.

« Ce plan doit fonctionner comme un déclic psychologique pour convaincre les jeunes qu’ils ont toutes leurs chances chez nous », assure le général Olivier de Bavenchove, chargé de la mise en place de ce dispositif. Comme le constatait le Conseil représentatif des associations noires (Cran) à l’occasion du défilé du 14 juillet, les « minorités visibles » sont presque totalement absentes de la haute hiérarchie militaire. Pour le général Cuche, chef d’état-major de l’armée de terre, « il est opportun que l’armée soit le plus proche possible de l’image de la nation. »

Jean-Dominique Merchet

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