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Présidentielle. Dans « le Monde » : les positions des candidats à propos des banlieues

26 mars 2007

Extraits du « Monde », le 25.03.07 : Banlieues : les recettes classiques des candidats

Les banlieues, nouvelles vitrines électorales. Après François Bayrou en déplacement en Seine-Saint-Denis, la semaine dernière, c’est Ségolène Royal qui occupe l’espace médiatique sur les quartiers sensibles. Quelques jours près une visite à Pantin (Seine-Saint-Denis), elle devait participer, samedi 24, à Villeurbanne (Rhône), à une rencontre organisée par le Parlement des quartiers populaires, une instance autoproclamée de représentation des habitants des cités. L’occasion, pour la candidate socialiste, d’insister sur le fait que les banlieues "ne sont pas un problème" mais "une partie de la solution" aux difficultés de la France. Une manière, aussi, de rappeler que Nicolas Sarkozy n’a toujours pas effectué de déplacement significatif dans un quartier sensible - même si son entourage assure que les préparatifs sont en cours.

Avec le traumatisme des émeutes de novembre 2005, puis la vague d’inscriptions sur les listes électorales de décembre 2006, les quartiers sont devenus un enjeu majeur. Mais, sur le fond, au-delà de discours très volontaristes sur l’"égalité des chances" ou l’"Etat républicain", les trois favoris pour l’Elysée défendent des programmes assez classiques.

Nicolas Sarkozy emprunte ainsi ses propositions aux analyses habituelles de la droite : le candidat UMP insiste sur la logique de "responsabilité", d’aide directe aux individus et le refus de tout "assistanat".

François Bayrou et Ségolène Royal se situent, eux, dans une approche comparable en insistant très fortement sur le rôle de l’Etat et des collectivités locales dans la résolution des difficultés des banlieues : le candidat UDF privilégie une réorganisation de l’administration alors que la candidate socialiste parie sur la solution traditionnelle, à gauche, des emplois aidés.

Réorganiser les services publics

Les candidats ont fait le constat que l’Etat assurait souvent moins bien son rôle dans les quartiers sensibles. Au cours de son déplacement à Pantin, mardi 20 mars, Ségolène Royal a ainsi rappelé sa volonté de donner des moyens suffisants à l’école et de rétablir une police de proximité. "Je veux un Etat qui assure la présence des services publics en milieu urbain comme en milieu rural", a souligné la candidate.

François Bayrou estime que "l’Etat se montre là où ça va bien mais a totalement disparu là où ça va mal". Le candidat UDF préconise donc de réaffecter les services publics et de mieux les coordonner. Dans ce but, il propose de créer des postes de sous-préfets chargés d’organiser localement l’action de l’Etat : à la différence des postes actuels, leurs titulaires seraient directement recrutés dans les quartiers.

Nicolas Sarkozy reste plus discret sur le sujet, sauf pour défendre l’organisation actuelle des forces de l’ordre et son refus d’une police de proximité.

Favoriser la mixité sociale

Les candidats entendent jouer, de manière différente, sur deux leviers pour mettre fin à l’existence de "ghettos" en périphérie ou à l’intérieur de certaines villes. Le premier outil utilisé est celui de la carte scolaire.

Ségolène Royal propose d’assouplir l’obligation d’inscription dans l’établissement scolaire de son secteur : les familles auraient le choix entre deux ou trois collèges, par exemple.

Conformément à une revendication ancienne de la droite, Nicolas Sarkozy suggère d’assouplir la sectorisation avant de la supprimer.

François Bayrou, de son côté, n’envisage pas de changement, pariant sur la modification progressive, à long terme, de la composition sociale des quartiers.

La deuxième piste envisagée concerne le logement

Nicolas Sarkozy s’oppose à ses deux adversaires qui défendent avec force la loi SRU obligeant les maires à viser un minimum de 20 % de logements sociaux dans leur commune. Critique vis-à-vis de ce texte de loi, le candidat UMP entend plutôt développer le logement social au sein du parc locatif privé.

François Bayrou veut imposer la réalisation de logements sociaux dans tous les programmes immobiliers "y compris ceux de prestige".

Ségolène Royal insiste, elle, sur le durcissement des sanctions à l’encontre des communes n’appliquant pas la loi SRU. Elle évoque aussi le recours à des réquisitions de logements par les préfets.

Concentrer les moyens budgétaires

Intégrant les évaluations critiques sur la dispersion des moyens, les candidats évoquent des actions ciblées, concentrées sur les territoires ou les catégories les plus sensibles.

François Bayrou considère que la réorganisation de l’administration s’accompagnera nécessairement d’une réaffectation des moyens budgétaires sur les zones les plus en difficulté.

De son côté, Nicolas Sarkozy, sévère sur le bilan des ZEP, propose de "diviser par deux les effectifs des établissements les plus dégradés". Il reprend également la formule ancienne du "plan Marshall", déjà utilisée par le candidat Chirac en 1995, en promettant d’offrir des formations à tous les jeunes sans qualification.

Ségolène Royal compte aussi mieux cibler l’effort budgétaire, en particulier dans l’éducation : reprenant des revendications syndicales récurrentes, elle prévoit de limiter à 17 le nombre d’élèves par classe en CP et CE1. La candidate promet aussi de recourir, en masse, aux emplois aidés : une partie importante des 500 000 emplois tremplins serait destinée aux jeunes des quartiers, tandis que seraient créés des "emplois-parents", destinés à aider les pères et mères à retrouver une fonction sociale.

Luc Bronner

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