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Un bilan positif pour les "écoles de la deuxième chance" (ToutEduc)

10 avril

Un bilan positif pour les "écoles de la deuxième chance"

“C’est une très bonne année“ se félicite Alexandre Schajer en ce début d’avril lors de sa présentation du bilan 2023 des écoles de la deuxième chance (E2C) à la presse. 16 876 stagiaires ont en effet été accueillis en 2023, soit 12,5 % de plus que l’année passée, une dynamique reprenant celle qui avait été ralentie avec la crise sanitaire. Il semble également pour le président du réseau des E2C que la signature de nouvelles conventions avec France Travail et les missions locales a permis une reprise des réorientations des jeunes vers les E2C, ce qui n’avait pas forcément été le cas lors de la mise en place du Contrat engagement jeune (CEJ), dispositif qui peut proposer d’intégrer des écoles de la deuxième quand son prédécesseur (la Garantie Jeunes) entrait plutôt en concurrence avec celles-ci.

Il estime, “à titre personnel“, que la diminution du nombre de ces jeunes décrocheurs, une division de moitié ces 20 dernières années (de 160 000 à 80-90 000 aujourd’hui), est à mettre au crédit de l’action des gouvernements successifs, avec les différents dispositifs proposés en la matière (écoles de production, Epide, etc..) mais aussi grâce aux efforts de l’Education nationale et à la prise en compte de cette problématique dans la société.

Du coup “mathématiquement on a une concentration sur les cas les plus compliqués“, c’est à dire de plus en plus jeunes (31 % sont mineurs contre 24 % il y a 3 ans) et de plus en plus éloignés de l’emploi (90 % n’ont pas d’expérience professionnelle). Et quand ces jeunes rentrent dans une E2C, beaucoup “veulent être vendeurs de jean ou vendeurs de nike“, affirme-t-il. 6 % des entrants sont porteurs de handicap, tandis que la part de femmes a progressé de 14 % en un an, ce qui s’expliquerait par “l’ouverture aux jeunes titulaires d’un diplôme de niveau 4 (le niveau bac, ndlr) sans expérience probante“.

Et malgré les 1 875 stagiaires supplémentaires, le taux de “sorties positives“ (formation qualifiante, alternance ou contrat de travail) est presque équivalent à celui de l’année précédente (62 % vs 63 %). Si un accompagnement post-E2C d’un an permet de rehausser quelque peu ce taux (69 % de sorties positives pour les jeunes sortis en 2022), aucune étude ne donne d’indication sur l’insertion à plus long terme. Restent 16 % de jeunes (sur le total des stagiaires accuillis) qui se trouvent en “sortie dynamique“ (CDD de moins de trois mois, service civique) et enfin 22 % qui se divisent en une moitié de jeunes suivie par les missions locales et l’autre “dont on perd la trace“.

Les jeunes NEET qui rentrent en E2C seraient surtout assez motivés par la poursuite de ce parcours, dont les méthodes pédagogiques “ont beaucoup évolué“, explique encore le directeur du réseau E2C. Le référentiel a été réécrit avec l’idée de passer d’une éducation “matière“ à une éducation autour de 9 compétences, qu’elles soient de base ou transervales, et la création de 80 parcours spécialisés qui correspondent à 40 métiers.

D’ailleurs, il n’y a pas de notes dans les E2C, l’objectif étant “de leur faire sentir qu’ils réussissent“ en mesurant l’évolution dans la compétence travaillée. Une des obligations qui leur incombe est d’avoir dans chaque école des formateurs qui en français et en mathématiques sont capables d’évaluer le niveau comme le ferait l’Education nationale, pour le reste il s’agit de posséder “une palette de formateurs“ (issus à la fois du milieu professionnel, de l’animation sociale, etc...) pour que cela fonctionne bien : “on a pris des éléments des pédagogies de l’alternance, de la réussite, de projet et on les a mêlés ensemble pour faire notre propre dispositif“.

Autre approche qui “devrait progresser“, des “tiers lieu“ actuellement expérimentés en lien avec l’Education nationale, notamment dans les lycées professionnels (LP) dont la réforme a créé le dispositif “tous droits ouverts“. Pour réaliser ces “tests de suivi des décrocheurs“, il est simplement question d’intégrer deux salles de cours au sein du lycée et de placer le décrocheur dans cette filiale E2C pour qu’il ne parte pas, qu’il reste sous statut scolaire, et voir s’il veut revenir ou pas, le cas échéant il lui sera proposé une école de production, une EPIDE, une E2C complète.. “D’autant que parfois dans une petite ville il n’y a qu’un seul LP avec trois matières, on ne propose pas au jeune d’aller faire 200 km pour intégrer un autre LP, et vous mettez ce jeune dans une section électrique alors qu’il ne voulait pas faire ça, donc il décroche.“

Actuellement de 6 100 à 6 200€ par jeune accompagné 6 mois en moyenne, le coût de l’E2C progresse alors qu’il est resté stable pendant 10 ans, autour de 5 300 euros. Une augmentation qui peut se combiner avec celle du nombre de sites, 13 sites ayant ouvert l’an dernier, pour un total de 159 “sites-écoles“. Une année en lycée professionnel coûterait entre 10 et 12 000 euros par an au total.

Les régions financent en moyenne un tiers du budget des écoles, mais également l’indemnité de 500 euros par mois qui est versée aux stagiaires. Alexandre Schajer se félicite justement d’avoir “toutes les forces vives autour de la table“ pour y arriver, l’Etat pour un autre tiers, et le reste partagé entre la taxe d’apprentissage, la ville, le département, le FSE.. ainsi que des entreprises. Celles-ci sont “la clé de voute de l’E2C“, assure le président du réseau. Les “besoins terrain“ notamment en fonction des entreprises qui s’implantent dans des régions sont à l’origine des demandes de compétences, même si désormais des discussions s’opèrent directement via les branches professionnelles.

Cependant, certaines écoles auraient des difficultés de financement, et la question des coupes budgétaires récemment annoncées “nous inquiète un peu sans, que l’on soit pessimiste“, déclare Alexandre Schajer qui reste prudent en matière d’objectifs : “quand on aura 25 000 jeunes et 60 écoles de plus, on sera à notre étiage maximum. (…) Les jeunes ne dépendent pas tous de notre solution, il existe aussi des associations dans les quartiers qui font des choses superbes. On a besoin d’une diversité de dispositifs.“

Extrait de touteduc.fr du 07.04.24

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