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"Donnez-moi un peu de temps"... "Nous réfléchissons sur l’éducation prioritaire pour repenser la carte » (Pap Ndiyae à la table ronde du Café)

28 novembre 2022

Pap Ndiaye : « Donnez-moi un peu de temps ! »
Invité le 25 novembre à participer à une table ronde sur l’innovation pédagogique organisée par Libération et Le Café pédagogique, Pap Ndiaye a longuement plaidé pour L’école du futur en réponse aux questions de Laurence De Cock et Laurent Reynaud. Interpellé par Kai Terada sur les sanctions contre des enseignants, interrogé par des enseignants à propos de la réforme de la voie professionnelle ou de l’éducation prioritaire, Pap Ndiaye parle atmosphère nouvelle et dialogue. Face aux enseignants, le ministre veut lutter contre le scepticisme et la fatigue et convaincre de sa bonne foi.

L’École du futur, un modèle néo-libéral ?

« On veut donner de l’air au système ». Participant à la table ronde organisée le 25 novembre par Libération et Le Café pédagogique au Salon de l’éducation, le ministre de l’Éducation nationale a affronté les critiques de Laurence De Cock et de Laurent Reynaud et les questions des enseignants.

L’École du futur, un modèle progressiste…

« On a envie de vous croire, M. le ministre et pourtant on a envie de faire un diagnostic de l’École du présent avant de parler de l’École du futur », dit Laurence De Cock. « L’École du présent a tendance à confisquer les expertises venant du terrain. C’est une école qui réprime en particulier les militants Freinet ». Elle ajoute : « Dans ce programme de l’École du futur, il y a quelque chose qui va contre le pacte républicain. C’est difficile de dire qu’on va donner (les subventions du Fonds d’innovation pédagogique) à ceux qui méritent et rien à ceux qui n’ont pas présenté de projet… Cela s’inscrit dans un modèle néo-libéral concurrentiel qui considère que l’émancipation se fait dans la concurrence ». Elle invite à doter les écoles et établissements d’un « plan Marshall » pour tous.

« Il n’y aura ni gagnants ni perdants », répond le ministre. « L’École du futur ne sera pas dans une histoire néolibérale. Il faut la placer dans une histoire progressiste d’innovation par le bas qui a eu ses moments forts après 1968 et 1881… L’intérêt (de l’École du futur) c’est le but, mais aussi la démarche. On met en marche les communautés éducatives plutôt que déverser des moyens ».

Le désengagement des enseignants

« Vous dites que l’important, c’est de participer », reprend Laurent Reynaud. « Mais ce qu’on voit, c’est qu’il y a de moins en moins de collègues qui s’engagent, car ils sont pris dans un cadre pressurisant… Tous les enseignants font de l’innovation pédagogique. Peut-être ne faut-il pas investir, mais seulement le reconnaitre. Encore faut-il laisser le temps aux enseignants de se retrouver ensemble sans mettre de condition de projet derrière ».

Kai Terada intervient

Dans la salle, intervient Kai Terada, un professeur de maths des Hauts-de-Seine muté d’office dans les Yvelines sans qu’aucune sanction soit officiellement prise contre lui. « On constate un fonctionnement toujours plus vertical et autoritaire contre des enseignants engagés dans des pédagogies alternatives », dit-il. « J’en ai fait l’expérience. Que pensez-vous de ce fonctionnement et quel est votre réponse au recours hiérarchique que je vous ai adressé ? ». « Je ne parle pas des cas personnels », répond P Ndiaye. « Mais ce n’est pas moi qui vais engager des répressions syndicales ».

« Donnez-moi du temps »

Des enseignants interpellent le ministre sur l’éducation prioritaire et l’avenir des lycées professionnels. « « Nous réfléchissons sur l’éducation prioritaire pour repenser la carte de l’éducation prioritaire », répond P Ndiaye. « Nous allons faire des propositions volontaristes en matière de mixité et de lutte contre les assignations sociales dans quelques semaines ».

Mais Pap Ndiaye est surtout là pour porter un message global vers les enseignants. « Je reconnais le scepticisme, la fatigue des enseignants et des équipes de direction qui sont pris par des injonctions trop fortes et des tâches accumulées », dit-il. « Je ne suis pas là pour dire que tout va bien. Mais je pense qu’en dépit du scepticisme et de la fatigue, il est possible d’initier un mouvement et de le faire avec le maximum de pédagogie sans mettre en concurrence les établissements… Il y a un chemin pour avancer ensemble. Donnez-moi un peu de temps ».

François Jarraud

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