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Education prioritaire : une "ambition sans moyens" pour l’UNSA éducation

16 avril 2006

Extrait de « L’Enseignement public » n°106 : Une « ambition » sans moyens

Une relance était indispensable. Les ZEP ont été laissées à l’abandon depuis des années par le ministère. L’éducation prioritaire était absente de la loi d’orientation sur l’avenir de l’école. Les décisions annoncées par le ministre le 8 février 2006 sont bien éloignées de ce qui était attendu pour donner à tous les jeunes de milieux populaires de véritables chances de réussite.

Hiérarchiser les ZEP : la principale mesure du projet de réforme de l’éducation prioritaire consiste en l’attribution de moyens supplémentaires à 249 réseaux qualifiés « d’ambition réussite ». Il était nécessaire de concentrer des moyens importants sur les écoles et établissements confrontés à des difficultés sociales et scolaires majeures. Cela aurait dû se faire dans la transparence et le dialogue.

Le ministre a refusé catégoriquement toute discussion sur les critères et sur le choix des collèges. Certains critères, le taux d’élèves ayant un retard supérieur à 2 ans à l’entrée en 6è notamment, sont très contestables.

Une parodie de concertation

Une fois de plus, la concertation bien tardivement engagée a porté sur les seules conditions de mise en oeuvre de mesures déjà décidées. Les interventions de l’UNSA Education ont permis de faire évoluer le projet initial vers des réseaux associant au collège les écoles du secteur. Dans les premières annonces, il s’agissait de « collèges ambition réussite ». Les directeurs des écoles maternelles et élémentaires participeront avec les principaux de collège au fonctionnement du réseau, au sein d’un « comité exécutif ». Le ministre a reconnu que la réussite scolaire se construit dès l’école maternelle. Les inspecteurs de circonscription et les IPR-IA auront un rôle d’accompagnement et d’évaluation des projets.

Certaines mesures ne sont pas inintéressantes, le pilotage renforcé ou la contractualisation à partir de projets par exemple. Mais de nombreux points de désaccord persistent.

Une absence de moyens criante

La réforme Robien est financée uniquement par redéploiement. Les 1 000 postes d’enseignants supplémentaires attribués aux réseaux « ambition réussite » seront pris sur l’ensemble des collèges, qui perdront 1/2 heure d’enseignement en classe de 5è et de 4è. Pour l’UNSA Education, il est inacceptable de priver l’ensemble des collèges, y compris ceux qui sont actuellement classés en ZEP ou REP, de toute marge de manoeuvre pour mettre en place leurs projets pédagogiques. La mise en oeuvre s’improvise dans la précipitation pour faire face au calendrier contraint du mouvement. Les profils de postes devront au préalable être déterminés par les réseaux en fonction de leur projet. Beaucoup d’incertitudes demeurent sur l’utilisation de
ces moyens. Le ministre parle de travail en équipe et de concertation mais n’engage pas d’évolution de la définition du service des enseignants. L’amélioration des conditions de travail de tous les personnels serait pourtant un facteur déterminant pour la stabilité des équipes éducatives. Il est très regrettable que les personnels ATOSS soient totalement absents des annonces ministérielles, à l’exception des infirmières.

Quand le ministre légalise les dérogations à la carte scolaire...

Dans une démarche très idéologique, le ministre met l’accent sur l’approche individuelle, l’aide centrée sur les élèves, le mérite personnel. L’approche territoriale pourtant essentielle est quasi absente des décisions. L’Ecole ne peut à elle seule résoudre toutes les difficultés que connaissent les élèves, particulièrement dans ces quartiers. Elle doit s’inscrire dans des politiques éducatives territoriales, dans des partenariats avec les collectivités, les associations complémentaires, les différents dispositifs existants... L’articulation avec les dispositifs de réussite éducative du plan de cohésion sociale n’est pas traitée. Il n’y est fait allusion qu’à propos des études accompagnées. Il est par ailleurs proposé des dérogations à la carte scolaire pour les meilleurs élèves de 3è qui pourront demander une affectation dans le lycée de leur choix. L’UNSA Education est très hostile à cette mesure. C’est faire passer le message que l’on ne peut réussir dans les zones d’éducation
prioritaire qu’à la condition d’en sortir. Cela traduit bien le renoncement de l’Education nationale
à l’ambition d’offrir réellement à tous les élèves toutes les chances de réussite.

Des inquiétudes demeurent sur la suite du processus qui devrait conduire à exclure, dans un délai de trois ans, une partie des actuelles ZEP (ou REP) du dispositif d’éducation prioritaire. L’UNSA Education refuse que l’on fragilise encore plus des écoles ou des établissements qui connaissent des difficultés importantes en réduisant leurs moyens et en déstabilisant les équipes.

Marie-Lucie Gosselin

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