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Quels changements dans les banlieues ? Interview de Claude Dilain

26 mars 2006

Extrait du site du PS, le 26.03.06 : Agir au plus près des populations fragiles

Claude Dilain, maire de Clichy-sous-Bois, vice-président du Conseil national des villes (CNV).

Après les émeutes de novembre, l’État a débloqué près de 1,2 milliards d’euros en faveur des quartiers en difficultés pour 2006. Cet effort vous paraît-il suffisant pour relancer la politique de la ville ?

Ces fonds, pour impressionnants qu’ils soient, ne sont pas à la hauteur des défis que soulèvent les banlieues. Nous sommes, une fois encore, dans l’effet d’annonce, sans, pour autant, pouvoir apporter des réponses significatives aux problèmes de sécurité, d’éducation, de santé, de justice, de transports ou de logement. Ces politiques relèvent, pour l’essentiel, d’un redéploiement des crédits de droit commun et non d’une augmentation de moyens spécifiques.

À quelles conditions est-il possible de redonner espoir aux banlieues ?

Nous devons absolument agir au plus près des populations fragiles, en leur donnant le sentiment de ne pas les laisser sur la touche. S’il est impossible de changer le cours des choses en l’espace de quelques semaines, nous devons franchir un nouveau cap, en respectant les besoins exprimés au plus près du terrain. Ce qui suppose une écoute sans cesse renouvelée et une réponse au coup par coup. Ainsi, à Clichy-sous-Bois, l’État et la région se sont engagés à donner un sérieux coup de pouce à notre politique de transports pour assurer le désenclavement du territoire. Ces deux partenaires doivent aujourd’hui aller au bout de leurs intentions, en démontrant à la population qu’elle n’a pas été oubliée...

La solution ne transite-t-elle pas, également, par une présence accrue des services publics dans les quartiers, le renforcement des moyens alloués au tissu associatif et une action significative en faveur de la citoyenneté ?

Oui. L’important est de remettre les services publics au cœur des quartiers. Il n’est pas logique que nous ne puissions disposer, à Clichy-sous-Bois, du commissariat qui nous a pourtant été promis. La remarque vaut également pour les antennes de l’ANPE, des Assedic ou d’une caisse d’allocation familiale dont la présence fait défaut.
Bien entendu, la solution passe aussi par une lutte renforcée contre l’échec scolaire et les discriminations. Nous devons impérativement redonner espoir à une population qui cède, petit à petit, au déterminisme social. Ce qui nécessite des efforts accrus en matière d’éducation, de formation et de lutte contre les discriminations.

Propos recueillis par Bruno Tranchant

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Extrait de « Saphitnews.com », le 24.03.06 : Pour un mouvement politique autonome des quartiers

Par le MIB, Mouvement de l’immigration et des Banlieues

A l’occasion des 10 Ans du MIB

Forum le Samedi 15 Avril 2006 à la Bourse du Travail de St Denis

Cela fait 30 ans que les banlieues réclament justice. 25 années que des révoltes, des émeutes, des manifestations, des Marches, des réunions publiques, des cris de colère avec des revendications précises ont été formulées.

15 ans déjà que le Ministère de la Ville a été créé pour répondre à l’exclusion et à la misère sociale des quartiers dits défavorisés. Les Ministres passent avec leurs lots de recettes miracles : DSQ, ZEP, ZUP, BAC, ANRU.... La banlieue sert de défouloir pour des politiques et des médias en mal de petites phrases assassines sur les "zones de non-droit", "les parents irresponsables", la "mafiatisation" et autres "dérives islamistes".

Les habitant(e)s des quartiers, et notamment les jeunes, sont stigmatisés et désignés comme responsables de toutes les dérives de notre société. Ca ne coûte pas cher de donner des leçons de civisme et de montrer du doigt les "racailles" ou les "sauvageons" en les jetant à la vindicte populaire. Et ça peut rapporter gros. Les banlieues deviennent une problématique à part, dont on confie la gestion à la police et à la justice.

Pourtant des Minguettes (1981) à Vaulx-en-Velin (1990), de Mantes-la-Jolie (1991) à Sartrouville (1991), de Dammarie-les-Lys (1997) à Toulouse (1998), de Lille (2000) à Clichy, le message est clair : Assez des crimes policiers impunis, assez des contrôles au faciès, assez des écoles poubelles, assez de chômage programmé, assez des sous-emploi comme le CPE, assez de logements insalubres, assez des prisons, assez de hagra et d’humiliations ! Assez des justices parallèles qui protègent les hommes politiques corrompus et qui condamnent systématiquement les plus faibles. On s’habitue aux souffrances silencieuses de millions d’hommes et de femmes qui subissent au quotidien des violences sociales bien plus dévastatrices qu’une voiture qui brûle.

Pour le MIB, il est légitime de se révolter contre cet ordre social. Le MIB est issu de ces révoltes. La majorité de ses militants viennent de ces quartiers marginalisés et ont eu à subir directement la répression des politiques de gauche comme de droite, et parfois la prison.

Depuis des années, nous avons mené de nombreux combats contre la double-peine, contre les crimes policiers et leur impunité, contre les expulsions de logements, pour l’égalité tout court... Malgré le manque de moyens, malgré l’isolement, nous avons tenté de nous organiser, de créer des réseaux, de construire un rapport de force...

Nous ne déléguerons nos luttes et nos causes à personne, ni aux partis de droite, ni aux partis de gauche, qui font de la récupération, du clientélisme une politique pour nos quartiers.

Aujourd’hui, nous avons décidé de construire par nous-mêmes un mouvement politique structuré dont la priorité est la défense des intérêts du "peuple des banlieues" et de ceux qui ailleurs, subissent aussi les inégalités politiques et sociales.
A l’occasion des 10 ans du MIB, nous vous proposons de venir en débattre, de faire le bilan de nos expériences, et construire des perspectives pour l’avenir de nos cités..

RDV le SAMEDI 15 AVRIL 2006 à la bourse du travail de Saint-Denis à partir de 14h
11 Rue Genin - M°13 St Denis Porte de Paris

Renseignements 01 40 36 24 66

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