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Les ZEP en débat pour le « Projet 2007 » du PS

28 mai 2006

Extrait de « Libération », du 27.05.06 : Une invitation assez floue à enseigner autrement

Le projet socialiste au banc d’essai (4/7) : Faut-il demander aux profs de travailler plus ?

Sur terrain miné, une invitation assez floue à enseigner autrement. Une vingtaine de lignes, tout au plus, résume le pré-projet du Parti socialiste sur l’éducation.

Des « généralités » déconcertantes pour nombre d’enseignants : le PS n’a-t-il pas produit quelques ministres de l’Education, investis d’une réelle connaissance du secteur ? Pour les organisations syndicales, la peur de réveiller le « syndrome Allègre » (rupture de confiance, sanction par les urnes) aurait tétanisé les rédacteurs du projet.

Un point retient pourtant l’attention. C’est une invitation (assez floue) à « travailler autrement », qui s’adresse prioritairement aux enseignants des ZEP.

Désabusés par la réforme de l’éducation en cours, les profs y sont-ils prêts ? Depuis le conflit social du printemps 2003, chèrement payé au propre comme au figuré, puis les nombreuses réformes engagées ¬ à leurs corps défendant ¬ par les gouvernements Raffarin et Villepin, des enseignants espèrent, malgré tout, que de « vraies discussions » s’engagent sur l’Education. En faisant a priori davantage confiance au PS qu’à l’actuelle majorité pour y parvenir. Mais, pour qu’une « remobilisation » soit possible, ils insistent sur la nécessité d’« un discours valorisant sur la fonction d’enseignant et offensif sur la dimension de service public de l’Education », estime Guillaume Delmas, professeur dans un collège de La Courneuve (Seine-Saint-Denis).

Bourde

Partageant le constat d’un déficit criant de présence adulte dans les établissements, l’ex-ministre déléguée à l’Enseignement scolaire Ségolène Royal aurait mis les pieds dans le plat, lors d’une réunion de la commission du projet PS, en souhaitant que les enseignants effectuent « 35 heures » sur leur lieu de travail. Panique au PS, certains ont vite fait taire l’inconséquente. Ses ennemis préférant exploiter la bourde.

En général, les profs font cours 18 heures par semaine et comptabilisent au moins autant de temps de préparation et de correction chez eux. Beaucoup se disent prêts à redistribuer leur temps de travail, mais en restant dans le cadre des 18 heures de présence. Leur solution : faire classe 15 heures, et consacrer les trois heures gagnées à la concertation en équipe. Avec ce préalable : « Hors de question de diluer l’acte d’enseigner dans diverses activités ayant pour seul but de pacifier le climat dans les établissements », prévient Marie-Cécile Périllat, enseignante dans un lycée de Toulouse. « Il faut maintenir un niveau d’exigence de connaissances très fort dans les ZEP comme sur le reste du territoire, et donner aux enseignants la souplesse nécessaire pour se concerter et monter des projets », poursuit l’enseignante. Cette vieille revendication d’une décharge horaire est jugée trop coûteuse. Au PS, certains souhaiteraient maintenir les 18 heures de cours, en y ajoutant trois ou quatre heures dédiées au travail en équipe. En contrepartie, les enseignants disposeraient d’espaces de travail adaptés à leurs nouvelles façons de travailler. Mais la proposition semble tellement délicate à avancer que l’avant-projet se garde bien d’entrer dans les détails. Motus.

Apprentissage

Pour les enseignants et leurs syndicats, il est surtout « urgent » de retrouver « une ambition pour l’école, pour la réussite de tous les élèves ». Une ambition que la droite aurait enterrée avec le socle commun des connaissances et l’apprentissage à 14 ans. Les enseignants attendent « un vrai projet de gauche, alternatif, mobilisateur », résume Philippe Meirieu. Mais le PS semble faire fi des contributions des pédagogues, dont aucun mouvement n’a pour l’instant été invité à débattre. Comme s’ils n’étaient guère plus audibles au PS qu’à l’UMP. « Il serait pourtant utile de mettre à profit cette période électorale, pour faire entendre des propositions stimulantes », insiste Meirieu. Il reste du pain sur la planche.

Marie-Joëlle Gros

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