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Groupes de niveau : "souplesse" ou "rétropédalage" ? Les déclarations de Nicole Belloubet et du ministère. Les réactions (dossier)

8 mars

La FCPE refuse le tri des élèves !
La Lettre d’information de la Fcpe, 8 mars 2024

Quelle vision de l’école se cache derrière « le choc des savoirs » ? Sa mesure phare – les groupes de niveau – inquiète et remet en cause la réussite de tous les élèves.

A l’heure où nous bouclons cette lettre d’information, on nous annonce la fin des groupes de niveaux obligatoires, mais ce recul apparent dépendra des textes à venir qui ne seront pas resoumis à la communauté éducative en CSE, qui reste donc mobilisée contre toute volonté de tri des élèves.

L’autonomie qui serait laissée aux établissements dans l’application de la réforme ne doit pas conduire une nouvelle fois à la création de disparités territoriales entre établissements publics avec tous les effets délétères connus notamment en termes d’évitement scolaire ou permettre aux établissements privés de s’en affranchir et de poursuivre son séparatisme.

Ce premier recul obtenu par la mobilisation sans faille des enseignants, des parents et de toutes celles et ceux qui croient en l’école publique, est certainement lié à l’absence de moyens supplémentaires disponibles et à la hauteur pour mettre en œuvre le choc des savoirs voulu ces derniers mois par le gouvernement et unanimement rejeté par la communauté éducative. En effet, la coupe budgétaire qui vient d’être opérée devrait amener la majorité des établissements à utiliser la dérogation annoncée pour ne pas mettre en place les groupes de niveaux/besoins, comme ils l’ont fait pour les rythmes scolaires. A cela s’ajoute, l’impasse du recrutement de milliers d’enseignants dont le métier est dévalorisé faute d’une rémunération à la hauteur des enjeux et de conditions de travail acceptables dans des classes surchargées avec des réformes incessantes.

Dans l’attente des textes définitifs à venir au Bulletin officiel dans le courant de la semaine prochaine et de clarté sur les moyens qui seront affectés pour la rentrée 2024, les parents d’élèves FCPE restent donc totalement mobilisés contre cette réforme même apparemment amendée et continueront à défendre l’école des apprentissages et du vivre ensemble, seuls susceptibles de favoriser la réussite éducative de tous les élèves.

 

L’école a besoin de pragmatisme, de moyens et de stabilité
ÉDITORIAL
Le Monde

La révision du projet de Gabriel Attal sur le « choc des savoirs » par Nicole Belloubet, sa successeure au ministère de l’éducation nationale, est à saluer. Mais des obstacles structurels demeurent. Sans une politique volontariste, tous les discours prônant un renouveau pédagogique risquent de rester vains.

Extrait de lemonde.fr/idees du 08.03.24

 

La ministre de l’éducation Nicole Belloubet au « Monde » : sur les groupes de niveau, il faut « introduire une certaine souplesse »
Dans un entretien au « Monde », la ministre de l’éducation nationale détaille la manière dont elle entend appliquer la réforme lancée par son prédécesseur, Gabriel Attal.

Près d’un mois après son entrée en fonctions, le 8 février, la ministre de l’éducation nationale, Nicole Belloubet, détaille au Monde sa vision de la mise en œuvre des groupes de niveau au collège, rejetés par l’ensemble de la communauté éducative. Elle évoque également la crise de recrutement des enseignants, les violences dont ils peuvent faire l’objet, ainsi que ses projets à la tête d’un ministère qu’elle souhaite occuper « sur le temps long ».

A votre prise de fonctions, vous vous êtes laissé quelques semaines pour réfléchir à la mise en œuvre des groupes de niveau au collège. Qu’avez-vous décidé pour cette mesure qui doit entrer en vigueur à la rentrée ?
Mon objectif, partagé par le président de la République et le premier ministre, est de rendre notre école plus efficace pour les élèves, et d’améliorer les résultats scolaires. Cela ne peut se faire qu’avec une pédagogie adaptée. Pour le collège, celle-ci doit passer par la constitution de groupes qui nous permettront, dans les deux matières fondamentales que sont le français et les mathématiques, de faire progresser le niveau de tous les élèves en prenant en compte la situation de chacun d’entre eux.

Mais s’agira-t-il de groupes de niveau sur l’intégralité des heures de mathématiques et de français en 6e et en 5e, comme l’avait annoncé Gabriel Attal ?
Pour atteindre cet objectif du « choc des savoirs », ma préoccupation est de tout faire pour rendre possible cet engagement et de le rendre applicable sur le terrain. Je demande aux enseignants de travailler avec leurs élèves en groupes tout au long de l’année scolaire, en prenant en compte leur niveau et leurs difficultés dans telle ou telle modalité d’apprentissage. Nous allons introduire une certaine souplesse pour les principaux de collège. Ainsi, il appartiendra au chef d’établissement de voir à quels moments dans l’année il faut rassembler les élèves en classe entière, afin de réexaminer la composition des groupes dans ces deux matières fondamentales. Il y a 12 millions d’élèves [en comptant le premier et le second degrés], et les situations diffèrent d’un collège à l’autre. Ce n’est pas à moi, depuis le ministère, de dicter l’emploi du temps dans chaque [...]

Extrait de lemonde.fr du 07.03.24

 

Groupes de niveau au collège : voici à quoi va ressembler le dispositif à la rentrée de septembre
La ministre de l’Éducation a annoncé un assouplissement des futurs groupes de niveau au collège en mathématique et en français. Le dispositif doit entrer en place à la rentrée de septembre.

C’est un sujet explosif dans les collèges. Ils doivent préparer l’organisation des futurs groupes de niveau en mathématiques et en français, voulus et annoncés par Gabriel Attal en décembre dernier, quand il était ministre de l’Éducation. Ces groupes sont censés relever le niveau général des élèves. Les syndicats de professeurs y étaient farouchement opposés. La nouvelle ministre Nicole Belloubet a annoncé jeudi 7 mars ses arbitrages.

Il en ressort une mouture assez éloignée du projet initial de Gabriel Attal. Les établissements auront une marge de liberté pour appliquer cette mesure comme ils l’entendent, c’était une demande de leur part. Nicole Belloubet ne prononce d’ailleurs jamais l’expression "groupes de niveau" mais elle dit "groupes de besoin ou de compétences".

Concrètement, l’organisation est la suivante : imaginons un collège où il y a quatre classes de 6e. Ils ont cours comme d’habitude, en histoire-géographie, physique, arts plastiques etc. Chacun dans sa classe. Mais en mathématiques et en français, pour chaque gros chapitre, par exemple en géométrie, tous les élèves de ces quatre classes seront mélangés. Des groupes vont être reformés en fonction des compétences de chacun, ceux qui sont bien à l’aise, ceux qui sont moyens et enfin ceux qui sont en difficulté sur ce thème-là.

Le risque d’une usine à gaz
Ce sont les professeurs qui font cette répartition. Après quelques semaines, on reforme les classes initiales, où tous les niveaux sont mélangés. Il y a une ou deux semaines de brassage. Au chapitre suivant, les fractions par exemple, on reforme des groupes en fonction des besoins identifiés de chaque élève, mais on peut très bien avoir été avec les meilleurs en géométrie, et être avec les plus faibles pour les fractions. Tout dépend de son niveau dans chaque thématique. C’est en tout cas ce qu’imagine le ministère : un dispositif assez fluide.

D’autres y voient déjà une usine à gaz, très complexe à mettre en œuvre. Parce que si on alterne des périodes en classe entière et des périodes en groupes de compétences, il faut notamment que tous les professeurs avancent exactement à la même vitesse, et que tous aient fini le chapitre fraction, par exemple, à la même date. Cette liberté laissée aux établissements ne va-t-elle pas aboutir à une réforme appliquée a minima si les équipes éducatives y sont opposées ? Il faudra voir concrètement la mise en œuvre.

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Extrait de francetvinfo.fr du 07.02.24

 

Groupes de niveau au collège : le grand rétropédalage du gouvernement

ANALYSE - Le ministère de l’Éducation nationale annonce qu’il sera possible « à titre dérogatoire, sous la responsabilité des chefs d’établissement » de conserver des temps en classe entière. Ce qui revient à un abandon de cette mesure phare.

La « fin du collège uniforme », promise en décembre par Gabriel Attal, n’aura pas lieu. Les syndicats et la gauche s’en félicitent déjà. La mesure phare du « choc des savoirs » concernant les fameux « groupes de niveau » annoncée il y a trois mois par l’actuel premier ministre, a fini par faire pschitt. Nicole Belloubet, la nouvelle ministre de l’Éducation en poste depuis un mois, a porté un coup fatal au dispositif, en annonçant le 7 mars aux syndicats enseignants qu’elle allait introduire de la « souplesse », avec des possibilités de « dérogations ».

Une décision en phase avec ses convictions. Depuis son arrivée Rue de Grenelle, la ministre venue des rangs socialistes a pris soin de ne jamais employer le terme « niveau ». « Je parlerais plutôt de groupes de besoins en fonction des compétences à acquérir », explique-t-elle. Ces groupes « se mettront en place avec la possibilité d’avoir des classes entières ». Au-delà de la novlangue employée, le message…

[Extrait de lefigaro.fr du 07.02.24https://www.lefigaro.fr/actualite-france/groupes-de-niveau-au-college-le-grand-retropedalage-du-gouvernement-20240307]

 

Groupes de niveaux au collège : quand Nicole Belloubet détricote la réforme de Gabriel Attal
Rétropédalage

Les chefs d’établissement ont désormais la main pour appliquer la réforme comme ils l’entendent. Ils mettront très probablement en place une organisation a minima de très éloignée du projet initial. Surtout ceux qui ne disposent pas de moyens budgétaires supplémentaires, c’est-à-dire, la majorité.
C’est un camouflet pour Gabriel Attal, l’actuel Premier ministre. Lorsqu’il était encore ministre de l’Éducation nationale, ce dernier avait lancé une réforme importante à l’automne : une organisation en « groupes de niveaux » pour l’ensemble des cours de mathématiques et de français des classes de sixième et de cinquième dès la rentrée de septembre 2024, et en septembre 2025 en quatrième et troisième. Pour soutenir les élèves en difficulté. Et permettre aux autres d’avancer plus vite. Sur le papier, la mesure de Gabriel Attal avait de quoi plaire à une partie des enseignants décontenancés par l’hétérogénéité croissante du niveau de leurs élèves. Il était alors question de trois groupes par classe (forts, moyens, faibles) et pour celui des élèves faibles d’un effectif ne dépassant pas 15 élèves.

LES CHEFS D’ÉTABLISSEMENTS SONT MONTÉS AU CRÉNEAU
Las, entre-temps les dotations horaires globales de fonctionnement (les financements) sont tombées dans les collèges. Et les chefs d’établissements sont montés au créneau pour dénoncer le fait que les moyens supplémentaires annoncés par le Premier ministre (2 300 emplois) étaient en réalité largement insuffisants pour répondre aux injonctions gouvernementales. À terme, expliquaient-ils, ils devraient sacrifier des dispositifs existants, comme les demi-groupes en langues et sciences ou encore le latin, pour financer la réforme.

L’enseignement catholique a également protesté, affirmant qu’il n’était pas en mesure de mettre en place ces groupes de niveaux. Les chefs d’établissement ont dénoncé une « usine à gaz » en termes d’organisation de l’emploi du temps des professeurs. Enfin, l’ensemble des syndicats d’enseignants doutaient quant à eux de l’intérêt pédagogique de ces groupes et dénonçaient un risque de « trisocial » des élèves. Même le recteur de Paris - démissionnaire - avait fait savoir son désaccord sur le fond. [...]

Extrait de marianne.net du 07.03.04

 

Groupes de niveau : rétropédalage du gouvernement

Les élèves de sixième et cinquième seront-ils répartis dans des groupes de niveau à la rentrée prochaine ? « À titre dérogatoire, et sous la responsabilité des chefs d’établissement, il sera possible de préserver des temps d’enseignement en classe entière en français et en mathématiques », indique-t-on au ministère de l’Éducation nationale. Une façon de reculer sans perdre la face pour le gouvernement sur la mesure phare du Premier ministre Gabriel Attal. Autre reculade, et non des moindres, l’appellation de ces groupes. La rue de Grenelle n’évoque plus de groupes de niveau, mais parle de groupes de besoin. Un changement lexical loin d’être anodin.

Cela fait trente jours aujourd’hui, Nicole Belloubet succédait à la ministre aux multiples polémiques Amélie Oudéa-Castéra à la tête du ministère de l’Éducation nationale. C’est aussi aujourd’hui que Nicole Belloubet rencontrait toutes les organisations syndicales siégeant au conseil social d’administration pour faire le point sur le plan du « Choc des savoirs ».

« Quand la ministre est arrivée, certains travaux étaient déjà bien engagés tels que la refonte de certains programmes, la labélisation des manuels… » explique-t-on au ministère. « D’autres chantiers des mesures du choc des savoirs étaient programmés et sur le point d’être mis en œuvre. C’est le cas des groupes de besoin ». Et si la ministre a mis du temps à se positionner, c’est parce qu’elle souhaitait « recueillir et confronter les différents points de vue – syndicats enseignants, direction, parents, recteurs… » assure-t-on. « Elle s’est aussi saisie de toutes les occasions pour échanger avec les acteurs de terrain, pour recueillir leur questionnement, pour identifier les éléments qui rendent la mise en œuvre délicate ». Et si la mesure emblématique des groupes de niveau était au centre des principales « interrogations et craintes », « tout le monde partage la même préoccupation face aux résultats et à la difficulté de gestion de l’hétérogénéité en classe ».

Des dérogations possibles pour enseigner en groupe classe

Si on assure au ministère que l’ensemble des mesures du « Choc des savoirs » sera appliqué, la ministre laisse finalement les chefs d’établissements se dépatouiller. Elle souhaite que les équipes pédagogiques, supervisées par les chefs d’établissement réfléchissent à la manière d’organiser au mieux ces groupes dans leur établissement. « Ce qui est essentiel, c’est que les élèves puissent travailler en groupe toute l’année », affirme-t-on tout en indiquant qu’à titre dérogatoire et sous contrôle de l’inspection générale, des temps en classe entière seront possibles. « Les textes à paraître n’indiqueront pas de limitation de ces temps de travail en classe entière », assure-t-on dans l’entourage de la ministre. « Le principe est celui de l’organisation en groupe de besoins. Par dérogation et pour des périodes limitées, on peut avoir des regroupements en classe entière ».

Concrètement, sur le terrain, les chefs d’établissement auront la charge d’appliquer ou non cette réforme. Ils pourront décider de mettre en place des groupes de besoin sur certaines compétences, à certains moments de l’année – ce qui existe dans bon nombre d’établissements. Quant à la taille des groupes, aucune indication sur le nombre d’élèves qui les constitueront.

« Les groupes de besoins seront constitués en fonction des compétences à atteindre. Il n’y aura donc pas d’assignation à un groupe faible ou fort. Un élève qui rencontre des difficultés en géométrie sera donc un groupe adapté à ses besoins en géométrie. Et s’il est bon en numération, il sera dans un groupe adapté là aussi. Ces groupes, qui brasseront plusieurs classes, permettent de personnaliser pédagogiquement les approches ». C’est l’usine à gaz qui s’annonce pour les équipes, et surtout pour les chefs d’établissement. On imagine mal la mise en œuvre avec une telle personnalisation hors de la classe. Si un élève est bon en lecture, mauvais en grammaire et en production d’écrits, cela suppose combien de groupes différents ?

Quant à l’enseignement privé sous contrat qui avait indiqué qu’il ne pourrait pas mettre en place ces groupes de niveau, au ministère, on tempère. « Le secrétariat général de l’enseignement catholique ne s’est pas exprimé sur un refus de leur mise en œuvre, il a simplement attiré notre attention sur la difficulté à les mettre en œuvre ». « La ministre a exprimé très nettement sa volonté de voir appliquer cette nouvelle organisation dans l’enseignement privé sous contrat au même titre que l’enseignement public », assure-t-on.

Réactions syndicales

« Les groupes de niveaux disparaissent des textes, ils ne se mettront donc pas en œuvre à la prochaine rentrée, c’est un recul de la ministre à mettre au crédit de la mobilisation des personnels », se réjouit Sophie Vénétitay du Snes-FSU. « Il reste encore beaucoup de flou dans l’organisation, ce qui est annoncé – groupes sur tout l’horaire et à certains moments, il faudra vite des éclaircissements pour que les groupes se fassent bien dans l’intérêt des élèves et des personnels ». « Mais le gouvernement n’entend pas toucher au cadre général du choc des savoirs, alors même qu’il est massivement rejeté par les personnels, car il est le symbole de cette école passéiste et conservatrice », dénonce la secrétaire générale.

Au SE-Unsa, on ne crie pas victoire trop vite, même si le syndicat se dit très “satisfait de la suppression de la notion de niveau et donc du tri social des élèves”. “C’était très important pour nous. La profession, largement mobilisée contre ce dispositif – y compris à travers notre pétition NON au choc des savoirs – a fait infléchir le ministère », nous dit Élisabeth Allan-Moreno. “Pour autant, nous sommes en attente de précisions supplémentaires. Nous avons besoin que les textes à paraître nous donnent une souplesse réelle et de la confiance aux équipes pour organiser les groupes et les temps de retour en classes de référence. Nous avons aussi besoin de consignes rapides et claires, mais non contraignantes et que des temps soient dégagés pour préparer la rentrée ». La secrétaire générale fait aussi le lien entre l’abandon de ces groupes et l’austérité budgétaire annoncée par Bercy.”Il ne faut pas négliger le poids de l’insuffisance des moyens alloués dans ce rétropédalage“, souligne-t-elle. « Tout comme il ne faut pas imaginer une seconde une réorientation de la politique éducative macronienne ».

“La ministre a annoncé la disparition de la notion de niveau de l’arrêté présenté au CSE du 8 février et rejeté à l’unanimité. C’est une première victoire pour les personnels fortement mobilisés contre le tri social de leurs élèves” écrit la CGT Éduc’Action dans un communiqué. “La nouvelle version du texte n’a pas été communiquée aux organisations syndicales, mais elle semblerait, de façon alambiquée, ouvrir la voie à une remise en cause de l’obligation d’organiser l’intégralité des heures en groupes dans les deux disciplines”. “Le nouvel arrêté et les consignes ministérielles de mise en œuvre ne doivent pas instituer une usine à gaz qui serait inepte sur le plan pédagogique et dégraderait les conditions de travail des personnels. De même, cet arrêté ne doit pas conduire les établissements, pour son application, à devoir abandonner dédoublements en langues ou sciences, projets pédagogiques ou options” ajoute le syndicat qui demande l’abandon pur et simple du Choc des Savoirs.

La dérogation à la règle, on le sait, devient facilement la règle. Le cas de la semaine à 4 jours et demi dans le premier degré est assez révélateur de ce que signifie la dérogation dans un contexte d’opposition de la communauté éducative à une réforme. Très rapidement, l’exception est devenue la règle dans le cadre de la réforme des rythmes. La très grande majorité des communes a fait une demande de dérogation et fonctionne aujourd’hui sur quatre jours.

La nouvelle ministre de l’Éducation nationale a finalement désavoué le projet de Gabriel Attal. Une victoire à mettre sur le compte de la mobilisation des communautés éducatives – enseignant·es, chef·fes d’établissement, vie scolaire, parents, élus… Et de la réalité du budget de l’Éducation nationale…

Lilia Ben Hamouda

Extrait de cafepedagogique.net du 07.03.24

 

Choc des savoirs : entre assouplissement et complexité... (Ministère)

“L’ensemble des mesures du Choc des savoirs ne sera abandonné“ fait savoir le ministère de l’Education nationale dans un brief destiné à expliquer aux journalistes la mise en œuvre de la mesure la plus décriée du dispositif, les groupes de niveau, avant la publication des textes officiels prévue en fin de semaine prochaine.

“Peu importe le nom qu’on donne à ces groupes“, indiquent d’ailleurs les interlocuteurs qui expliquent que la ministre “souhaite qu’on puisse voir dans l’ensemble des classes de collège en 6e et en 5e, une pédagogie adaptée en Français et en Mathématiques“. Une manière de regrouper les élèves en difficulté afin de “permettre que leur situation soit mieux prise en charge“ mais aussi de “faciliter le travail des enseignants“, assure le ministère.

Il est souhaité, afin que cette mesure soit applicable sur le terrain, que les équipes pédagogiques supervisées et animées par le chef établissement puissent réfléchir à la manière de mettre en œuvre ces enseignements. Ainsi, deux demi-journées seront banalisées courant juin pour les professeurs de ces deux disciplines.

Pour “favoriser les brassages“ entre groupes et afin d’ “éviter l’assignation“ de certains élèves aux groupes les plus faibles, il sera possible “à titre dérogatoire et sous la responsabilité du chef d’établissement“ d’envisager un enseignement en classe complète “de manière distribuée dans l’année“, par exemple avant les conseils de classe “pour permettre aux enseignants de réexaminer la composition des groupes“ et d’assurer “la fluidité des parcours“.

Si les groupes de niveau existeront bien sur la totalité de l’année scolaire, il sera possible de commencer l’année en classe entière pour identifier les difficultés de certains élèves. Les groupes pourront être composés d’élèves de différentes classes. Le principe défendu est de partir des compétences maîtrisées ou non pour composer et recomposer les groupes avec des élèves qui seraient dans des groupes différents selon les thématiques. Le ministère indique ne pas fixer de cible concernant la proportion temporelle des regroupements dans la classe de référence, mais qu’il s’agit d’une dérogation limitée dans le temps et que c’est “aux équipes pédagogiques de terrain de trouver l’organisation la plus fine“.

Cette “autonomie“ et cette “confiance“ apportées aux équipes des établissements suppose cependant une certaine “responsabilité“, qui se retrouve dans la demande de production d’un “écrit synthétique opérationnel pour poser ce qui a été retenu“, et un contrôle par les corps d’inspection.

Si le groupe des élèves les plus en difficulté “sera réduit“, “limité“ pour faciliter leur prise en charge, la cible de 15 élèves précédemment annoncée par Gabriel Attal “peut être conservée mais n’est pas une contrainte dans l’organisation“. Les évaluations nationales “restent un élément déterminant dans la constitution des groupes“, a également précisé le ministère.

Pour assurer l’organisation du dispositif, le ministère a rappelé les “plus de 2 300 ETP“ prévus au départ pour sa mise en œuvre, et qu’à la lumière des évolutions mentionnées ce 7 mars, les “contraintes matérielles“ sont levées. Des précisions sont attendues concernant leur répartition en fonction des établissements.

A noter que la ministre a rencontré Philippe Delorme, du secrétariat général de l’Enseignement catholique (SGEC, les établissements catholiques représentant 96 % des établissements privés sous contrat, ndlr) et que celui-ci “n’a pas exprimé son refus de mettre en œuvre cette nouvelle organisation“ des enseignements de Français et de Mathématiques au collège, mais plutôt évoqué une certaine “difficulté“ à penser l’organisation dans certains établissements.

Extrait de touteduc.fr du 07.03.24

 

Groupes de niveau au collège : compte rendu du SNALC du 7 mars 2024
Audience multilatérale du 7 mars 2024
En présence de la ministre

Compte rendu du SNALC

THÈME
Décisions sur le « choc des savoirs », spécifiquement sur les groupes de niveau au collège

L’ESSENTIEL

La révision des programmes, socle et labellisation des manuels va se poursuivre.
Le travail sur l’épreuve anticipée de mathématiques en première se poursuit également.
Les 20 mesures du « choc des savoirs » seront mises en œuvre.
Sur les groupes de niveau

Les textes passés en conseil supérieur de l’éducation seront publiés, et préciseront plusieurs points (avec des modifications).
Rentrée 2024 : groupes en français et mathématiques sur tout l’horaire, selon les besoins des élèves. « Je fais confiance aux enseignants et aux chefs d’établissement pour constituer ces groupes, quel que soit le nom qu’on leur donne ».
La composition des groupes devra être réexaminée dans l’année. Des temps d’enseignement de français/mathématiques pourront être effectués dans la classe de référence pendant l’année.
L’appellation « groupes de niveau » disparaît, remplacée par « groupes » (tout court).
Après échanges

La ministre veut « que les choses se fassent sur le terrain ». Il y a un principe, mais aussi des dérogations « sur des temps limités ».
La ministre envisage de banaliser au moins deux demi-journées de concertation.
Article 4-1 : ajout d’un paragraphe « par dérogation, les établissements pourront organiser des temps en classe de référence ». L’essentiel doit se faire en groupe (souplesse, mais pas abandon). La notion de groupes à effectifs réduits est censée demeurer dans le texte.

LE SNALC A INSISTÉ SUR…

le fait que la réponse apportée aux difficultés et impossibilités organisationnelles sur les groupes de niveau ne semble rien résoudre ;
le fait que les dotations horaires sont insuffisantes dans la plupart des collèges ;
l’usine à gaz que constitue la réponse apportée si elle est mise en œuvre telle que décrite par le ministère (année scolaire découpées entre des périodes en groupe et des période en classe en français et en mathématiques) ;
la question de savoir s’il y a toujours des groupes à effectifs réduits ;
la nécessité de présenter le nouveau projet au conseil supérieur de l’éducation.

L’AVIS DU SNALC

À force de se concentrer sur le fait de savoir si les groupes sont « de niveau » ou pas par pure idéologie, on laisse complètement de côté le point central : la mise en œuvre, les moyens horaires, l’organisation. L’assouplissement annoncé, suivant la façon dont il va être écrit dans le texte règlementaire et redescendu à chaque étage du mammouth, peut être redoutable et complexifier encore la situation. La ministre raisonne sur l’année, sans se préoccuper de l’organisation hebdomadaire, partant du principe qu’on se réunira tous les quatre matins pour changer les groupes. Le SNALC insiste sur le fait qu’on reste sur une usine à gaz, à laquelle on vient d’ajouter de nouveaux tuyaux.

Les problèmes de dotation horaire demeurent. Les modifications présentées ne nous semblent rien changer sur le fait que de nombreux établissements doivent prendre sur leur marge horaire (et donc les dédoublements actuels, les options…) pour constituer ces groupes.

Extrait de snalc.fr du 07.03.24

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