B* Ouvrir des espaces au savoir, une innovation 2009-2010 à l’école ZEP Claude Monet à Angers

9 mai 2011

Ouvrir des espaces au savoir
Un PTI (Plan de Travail Individualisé) en cycle 3
(06. 2010)

Depuis le début de l’année, le professeur et directeur d’école, Olivier Blond-Rjewuski, a inauguré un nouveau mode de fonctionnement. Au départ de cette expérimentation, figurent un certain nombre de constats, liés au fait que les élèves de cette classe de ZEP ne vivent pas dans un milieu très propice au travail du soir. De fait, un grand nombre d’entre eux
viennent de logements réservés à des familles nouvellement arrivées ou en transit. Pour donner toute sa chance à chacun, il appartient donc à l’école de prendre en charge, même de manière partielle, les
apprentissages personnels et, si possible, en présence et sous les directives du maître.

Cette heure remplit donc, en partie, des objectifs traditionnellement
dévolus aux heures d’études dirigées. Construire l’autonomie liée à cette part personnelle de l’apprentissage requiert, en effet, une pratique régulière, voire quotidienne. Pour autant, cette mise en place individuelle
est étroitement articulée avec les objectifs de la classe. Dans cette classe de cycle 3, donc, tous les élèves doivent acquérir les fondamentaux pour entrer au collège, même si les échéances de chacun ne s’harmonisent
pas forcément.

De ce fait, une pédagogie différenciée revêt des allures d’évidence. Et ce, d’autant plus que l’hétérogénéité des niveaux liée à l’âge est souvent amplifiée par des disparités individuelles.
Niveau, rythme et degré d’autonomie sont autant de variables individuelles que le maître s’efforce de prendre en compte, concrètement, dans la conduite générale de la classe. Ce souci d’ajustement est encore
plus visible au sein du dispositif de remédiation et d’approfondissement, dévolu au dernier temps de la journée.

Ce mode de travail est né de la relecture et de l’adaptation de l’ouvrage L’école, mode d’emploi [Meirieu (Philippe) ESF collection “pédagogie”, 1992, p. 136-137]. et, particulièrement, du PTI qui figure en bonne place
dans cet ouvrage.

Un plan construit sur un socle

Si chaque élève se retrouve, chaque fin d’après-midi, dans une logique de travail autonome, c’est que le professeur a eu l’occasion, tout au long de la journée et des séquences, d’évaluer finement, d’apprécier les compétences de ses élèves. Depuis, la mise en oeuvre du socle commun des connaissances 2 et le repérage de ces compétences sont particulièrement mis en évidence. Les constats effectués appellent donc un dispositif de soutien et d’approfondissement auquel le PTI participe.

Chaque élève sait donc, en rentrant de récréation, qu’il va travailler des points qui lui sont personnels et cela, de manière autonome.
Les objectifs et les niveaux ont été préalablement déterminés et établis comme des priorités. Quatre domaines déterminants sont concernés : mathématiques, littérature, étude de la langue ou renforcement
méthodologique. Au préalable, l’enseignant, aidé aussi par les conseillers pédagogiques, a, pour ces points fondamentaux, défini des compétences et des savoirs à effectuer et renforcer. L’ensemble se trouve consigné sur une fiche dite “fiche enseignant” qui sert de tableau de référence tout au long des apprentissages.

Chacune des compétences est ventilée en trois niveaux (voir ci-dessus). Pour permettre un meilleur suivi des travaux de chacun, le maître dispose d’un récapitulatif par matières, intitulé “groupes de besoins” (voir page 14).
C’est ainsi que la compétence “produire un texte” pourra être déclinée en tâches selon des paliers de complexité croissante. On peut en donner la gradation suivante en guise d’exemple.

Un élève devra d’abord écrire un haïku ou une charade, puis un compte rendu et une histoire. À chaque fois, les objectifs sont concrets et finalisés. Cela se trouve facilité par le fait que, dans cette classe, écrire
s’envisage par rapport à des destinataires et avec les contraintes d’un support concret, le site ou le journal de l’école.

Seul, peut-être, mais dans un cadre

Pour sept semaines donc, après un premier temps d’année consacré à l’évaluation et à l’observation, chaque élève reçoit son plan de travail individuel.

Ce sont cinq PTI qui se succéderont après chaque période d’évaluation, contribuant ainsi à imprimer un rythme pour l’année de chacun. Le PTI figure dans chaque carnet de liaison.
L’ensemble est repris dans un tableau commun qui sert de cadre à l’enseignant.

On y retrouve le tableau des compétences initiales, mais cette fois, il est décliné en tâches précises et les outils à utiliser sont dûment mentionnés et cela, de manière claire et pour chaque enfant. Cela implique que, pour chaque compétence et niveau, l’enseignant ait constitué un ensemble d’activités et de fiches autocorrectives qui constituent autant de cadres de travail.

C’est ainsi que tel élève timide qui ne sait pas communiquer à l’oral va devoir préparer, à ce moment, une lecture expressive à la classe. Pour cela, il va trouver des fiches avec des textes poétiques à lire, mais aussi des exercices de diction sous la rubrique “Virelangue” ou des exercices qui incluent le travail sur les liaisons. Mais le cadre fixé ne se contente pas
d’assigner une tâche, il inclut et précise les modalités de travail.
Le règlement est construit avec la classe et, une fois établi, appliqué à la lettre. Il stipule que l’élève s’engage à ne pas faire appel au maître, à ne
pas rester sur la même activité plus de cinq séances, à ne pas regarder la correction en cours d’exercice, à remplir le tableau de planification. Bref, l’engagement est double, au sens où il exige que chacun tienne le
sien. L’élève doit prouver qu’il va progresser. L’enseignant se doit de mettre à disposition de chacun des outils adaptés, et se fait le gardien d’un cadre sécurisant.

Pour bien marquer le respect mutuel qui préside à ce temps, il existe même une sorte de cahierde doléances du PTI sous la forme d’un panneau de réclamations PTI, en bonne place dans la classe (voir ci-contre). C’est ainsi qu’il appartient à l’enseignant de construire les conditions de l’autonomie.
[...]

 

Extrait du site de l’académie de Nantes le 07.05.2011 : Ouvrir des espaces au savoir (5 pages)

 

Rubrique Innovations

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