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Un colloque du Cnesco fait un bilan très fouillé de la formation continue des enseignants en France et de ses insuffisances (mais oublie l’éducation prioritaire)

10 février 2021

Cnesco : Un appel pour une formation continue plus efficace
"La France est en net progrès sur la formation continue mais on est au milieu du gué". Ce bilan du colloque international organisé par le Cnesco sur la formation continue des enseignants résulte d’une double constatation. D’une part, après des années de désintérêt, l’Education nationale a augmenté le volume de la formation continue. Mais la conception qu’elle s’en fait et le management de ces formations les rendent particulièrement inefficaces. Le Cnesco plaide pour que les formations prennent en compte les attentes des enseignants et qu’y soient associés chercheurs et collectifs enseignants. A quelques jours des conclusions officielles du Grenelle, le Cnesco a t-il une chance d’être entendu ?

Un effort de formation réel...

Après deux années de recherche et une conférence de comparaison internationale particulièrement éclairante, Nathalie Mons, Régis Malet et Olivier Maulini, présentent les conclusion du colloque en essayant de pointer d’abord le positif.

Selon le Cnesco, il y a "une dynamique en marche" pour la formation continue des enseignants. Le Cnesco montre par exemple que dans TIMSS le nombre d’enseignants ayant suivi une formation en maths a doublé depuis 2015. 71% des enseignants du 1er degré ont suivi une formation en présentiel. On sait que le plan français et le plan maths vise à former tous les enseignants du 1er degré. Mais ce mouvement avait commencé bien avant JM Blanquer avec, par exemple, les formations mises en place dans les Rep+ en essayant de coller aux besoins des enseignants, formations en voie de disparition. Malgré tout le retard français par rapport à nos voisins reste très important. La France est dans le peloton de queue sur ce point.

Mais particulièrement inefficace...

Ce qui caractérise davantage la France c’est les effets "mesurés" des formations sur les enseignants. 38% des professeurs des écoles considèrent que leur participation (obligatoire) aux formations continues n’ont aucun effet sur leurs pratiques (contre 9% en Angleterre ou 19% en Suède selon Talis). Et les enseignants français émettent des besoins de formation de façon plus importante que leurs collègues des autres pays. Ils se sentent moins compétents pour appliquer des méthodes pédagogiques différentes ou aider les élèves.

Car déconnecté des demandes du terrain

Comment expliquer cela ? A vrai dire les enseignants savent ce que le Cnesco met à jour de façon scientifique. "Les formations fécondes sont celles qui sont ancrées dans les besoins des enseignants", explique Olivier Maulini. "En France elles sont parfois conçues par le ministère ou des experts de manière distante par rapport aux préoccupations du terrain". En fait selon le Cnesco 83% des professeurs de collège par exemple ne sont jamais consultés sur leurs besoins de formation. C’est le cas de la moitié des professeurs des écoles. Le Cnesco n’insiste pas mais on sait que ceux-ci sont entrainés de façon obligatoire dans des formations imposées par le ministère sur sa vision pédagogique qui croise rarement les besoins du terrain.

Le Cnesco souligne aussi qu’il faut combiner formation individuelle et collective. A vrai dire le ministère tente de faire cela avec ses "constellations" dans le 1er degré. Mais ces constellations sont définies et imposées par la hiérarchie.

Le résultat est mis en évidence par le Cnesco : c’est que les enseignants vont se former en dehors de l’institution. 44% des professeurs des écoles et 47% d eceux du second degré suivent des formations proposées par d’autres structures, notamment les mouvements pédagogiques (Icem, Gfen etc.) ou les syndicats, selon l’enquête du Cnesco.

Régis Malet parle "d’un modèle de formation très descendant" en France et souligne que "la question de l’obligation n’est pas la clé d’une réforme réussie de la formation". Pour lui c’est la motivation intrinsèque des enseignants qu’il faut chercher. On sait que la loi Blanquer a amplifié les effets négatifs du modèle français en rendant la formation continue obligatoire et en prévoyant qu’elle ait lieu sur les congés à raison de 5 jours par an. La mesure est passée mais n’a pas encore été massivement appliquée.

Les 15 propositions du Cnesco

Alors quelles seraient les voies d’une réforme de la formation continue ? Pour Régis Malet il faut "envisager la recherche comme une posture à développer chez les enseignants" pour les engager dans des collectifs enseignants de formation. Ce qui passe par l’aménagement du temps de travail et par la reconnaissance institutionnel.

Le Cnesco fait 15 propositions pour relancer la formation continue en France. Il invite à prendre en compte les besoins des personnels en formation et à donner du temps pour construire des communautés apprenantes dans les établissements. Il invite à développer des formations universitaires qualifiantes et à mettre en place des "établissements apprenants" sur le modèle des lesson studies japonaises. Cela passe par la valorisation de la formation dans la carrière des enseignants par exemple à travers des missions.

Cette dernière recommandation pourrait être entendue. En effet le Grenelle de l’éducation , dans les conclusions du groupe formation et du groupe revalorisation, prévoit de revaloriser en fonction des participations aux formations. Pour le reste on voit mal le ministre, qui a fait le ménage dans les formateurs comme le rappelle récemment R Goigoux, renoncer à imposer ses choix pédagogiques à tous les enseignants. On le voit donc mal renoncer aussi à sa vision autoritaire et très hiérarchique du métier enseignants. L’éducation nationale risque fort de continuer à développer de vastes plans de formation d’une façon splendidement inefficace.

François Jarraud

La conférence du Cnesco sur la formation

Les comptes-rendus du Café sur cette conférence et les enjeux du développement professionnel des enseignants->]

Les recommandations du Grenelle

Extrait de cafepedagogique.net du 09.2.21

 

Formation continue des enseignants : un bilan "mitigé" (CNESCO)

Le bilan de la France en matière de formation continue des enseignants est "mitigé", estime Nathalie Mons au terme d’une "conférence de comparaisons internationales" et d’une enquête du CNESCO. Mais la titulaire de la chaire "évaluation des politiques publiques d’éducation" au CNAM, lorsqu’elle en présente le détail à la presse hier 8 février, est, au total, plus sévère. Les quinze recommandations qui concluent sont exposé listent en effet les conditions d’efficacité de la formation continue, et elles sont loin d’être remplies. C’est d’abord vrai quantitativement, puisque, "en dépit des efforts récents", le pourcentage d’enseignants français ayant participé à des actions de formation en présentiel est parmi les plus faibles de l’OCDE. Mais c’est plus encore en termes qualitatifs que la situation laisse à désirer.

La formation doit être en rapport avec les besoins or 83 % des enseignants de collège disent n’avoir jamais été consultés sur l’offre qui leur est faite. Dans le 1er degré, où 18h/an sont prévues statutairement, ce sont des formations "clés en main" qui s’imposent le plus souvent, seuls 5 % des professeurs des écoles choisissent les contenus pour la totalité des 18h. Les actions doivent également être suffisamment longues et comprendre des aller-retour avec le terrain. Ce sont le plus souvent des "grands messes" sur un jour ou deux, sans que soit prévu un suivi. Ces formations peuvent être individuelles ou collectives, et le dispositif des "constellations" récemment mis en place (voir ToutEduc ici) va dans le bon sens en favorisant les relations entre pairs, mais reste limité.

Autre condition d’efficacité, des mesures incitatives, mais elles sont rares en France. Les formations, sauf exceptions, ne sont pas diplômantes, elles sont peu prises en compte dans les déroulements de carrière, et les stagiaires ne sont pas toujours appelés à donner leur avis sur leur qualité ni leur utilité.

La recherche internationale le montre bien, les résultats des formations sont décevants quand elles s’inscrivent dans un climat de défiance, quand elles apparaissent comme des injonctions au changement, quand elles ne prennent pas en compte l’expertise des personnels et sont "descendantes".

Le CNESCO préconise notamment que soit inscrit à l’emploi du temps des enseignants et des établissements des temps de formation, que les jeunes enseignants bénéficient de formations complémentaires pour lesquelles ils disposent d’un temps dédié et d’un accompagnement de proximité assuré par des collègues expérimentés qui soient missionnés à cet effet. Il faut aussi que puissent se constituer des équipes mixtes chercheurs - praticiens répondant aux besoins et à des "appels à projets de recherche". Les liens qui se nouent entre rectorats et INSPE sont d’ailleurs, en ce sens, "potentiellement prometteurs".

C’est que la formation continue peut avoir des effets très positifs sur le système scolaire. Elle accroît le sentiment d’efficacité des enseignants, et leur bien-être rejaillit sur tout le système éducatif, y compris les apprentissages des élèves, si ses conditions d’efficacité ne sont pas négligées. Elle doit s’appuyer sur une formation initiale solide, comme en Finlande ou en Corée, amener les enseignants à développer une posture de chercheurs, grâce à l’analyse de pratique par exemple, comme en Angleterre, s’appuyer sur des collectifs de travail, comme au Québec ou en Ontario, être prise en compte dans les carrières...

Le site du Cnesco ici

Extrait de touteduc.fr du 09.02.21

 

Trop courte, trop hors-sol : les faiblesses de la formation continue des enseignants
Un rapport du Centre national d’étude des systèmes scolaires, publié mardi 9 janvier, dresse un état des lieux mitigé de la formation continue des enseignants français, pourtant régulièrement considérée comme un levier important d’évolution du système éducatif

Extrait de lemonde.fr du 09.02.21

 

Les dossiers du colloque

Le dossier de synthèse du Cnesco, par Nathalie Mons (28 p.)

Les préconisations du Cnesco (46 p.)

Le rapport scientifique (Comparaisons internationales) coordonné par Olivier Maulini (88 p.=

Le rapport scientifique (Situation nationale) coordonné par Régis Malet (132 p.)

Le rapport scientifique (Les effets du développement personnel) coordonné par Lessard (55 p.)

Le rapport d’enquête (Le parcours de formation), par Aurélie Pâris (22 p)

 

Note du QZ : on peut regretter qu’une enquête aussi vaste et fournie, "un bilan scientifique complet" dit le Cnesco, ait ignoré les actions de formation continue à destination des personnels de l’éducation prioritaire.
Ainsi, sauf erreur de notre part, nous n’avons relevé dans les différents textes de cet imposant dossier aucune référence aux actions dites de "pondération" menées dans les équipes des REP+ au moment de la refondation de l’éducation prioritaire. Le Cnesco préconise pourtant de donner du temps aux enseignants pour constituer des "communautés apprenantes". Seul le Café fait allusion à ce dispositif en REP+ dans son compte rendu.
Voir le mot-clé GRH. Concertation, Pondération (gr 3)/ .

L’étude du Cnesco ignore également la création des formateurs REP+ en éducation prioritaire, alors qu’elle souligne que, selon la recherche, "la formation se développe grâce à des formateurs de qualité".

Enfin elle passe sous silence les nombreuses actions de formation et productions spécifiques proposées par le Centre Alain Savary à l’attention des différents publics exerçant en éducation prioritaire, alors qu’elle insiste sur l’idée qu’une "formation continue efficace doit répondre aux besoins de terrain des professionnels".

Il est étonnant qu’un état aussi détaillé de la formation continue ignore trois initiatives qui font une fois de plus de l’éducation prioritaire un dispositif pionnier en matière d’innovation.

L’ensemble des actions de formation menées en éducation prioritaire est regroupé dans la sous-rubrique Educ. prior. Formation(s) et colloques
Par contre cet article a été classé dans la sous-rubrique Inégalités territoriales (Rapports officiels)

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Ainsi d’après la
recherche, une formation continue efficace doit répondre aux besoins de terrain des professionnels,
elle s’inscrit dans la durée pour permettre aux personnels de questionner leurs nouveaux apprentissages à partir de leurs expériences de terrain, elle s’appuie sur la recherche, mobilise souvent
un collectif (un établissement plutôt qu’un enseignant isolé) et se développe grâce à des formateurs de qualité.

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