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Journée nationale de la réussite éducative (MEN et Ministère de la Ville, 15 mai 2013) : les tables rondes

16 mai 2013

CONFERENCES, TABLES RONDES et ATELIERS

Nous avons regroupé ici les comptes rendus de 4 sources différentes : Café pédagogique, Tout Educ, Cahiers pédagogiques, Education & Devenir

 

"Rencontre inédite", la Journée nationale de la réussite éducative a réuni en Sorbonne près de 400 acteurs le 15 mai. Invités par George Pau-Langevin, ils ont assisté aux noces difficiles de l’Education nationale et de la politique de la Ville. Un mariage pour tous qui n’est pas allé sans frictions mais qui se veut le début d’une vie de couple durable. A l’issue de la cérémonie un texte définissant la réussite éducative est diffusé. Une circulaire sur les relations parents - école devrait suivre. Presque un contrat de mariage...

[...] Pour appuyer cette politique, G Pau-Langevin a organisé deux tables rondes qui elles aussi échappaient à la routine habituel des cérémonies officielles. Face à Frédéric Berthoumieu, président de l’ANARE, ou à Jean-Paul Delahaye, directeur de la Dgesco, la ministre avait invité des sociologues critiques.
Agnès Van Zanten a dénoncé l’empilement des dispositifs, le manque d’accompagnement sur le terrain et la difficulté à transférer les "bonnes pratiques" d’un lieu à un autre. Jacques Donzelot a mis en garde sur les pratiques de réussite éducative. "La vraie réussite est scolaire", a -t-il rappelé. La réussite éducative permet aussi de sortir de la classe des élèves gênants. "Attention à ce que la réussite éducative ne soit pas un simulacre de réussite scolaire" explique-t-il affirmant même que c’est "son destin". François Dubet a rappelé l’incapacité de l’Ecole à reconnaitre les parents : "l’Ecole appelle les familles mais ne franchit pas le pas".

J Donzelot, François Lamy, ministre de la Ville et Vincent Peillon sont intervenus pour marquer leur soutien à la réussite éducative. Pour F Lamy, les Programmes de Réussite Educative "ont fait leurs preuves" et "la mobilisation a eu lieu". Il a annoncé de nouveaux contrats de ville et une convention avec l’éducation nationale. V Peillon a promis d’accepter un amendement au Sénat sur la place des parents à l’école.

Extrait de cafepedaggoique.net du 16.05.13 : Le mariage de l’Education nationale et de la Ville célébré en Sorbonne

 

Dans une première table ronde, Agnès van Zanten, sociologue (Sciences po), plaide pour un accompagnement plus systématique des politiques et des expérimentations, pour assurer leur succès, leur évaluation et leur généralisation. Elle explique aussi qu’il "faut revenir à une conception plus positive des territoires" au lieu de vouloir en extraire les meilleurs élèves.

Pour Jacques Donzelot, sociologue (Paris X Nanterre), cette approche est représentative de l’idéologie de gauche : "jouer la ’carte territoire’ depuis les années 80, c’est la gauche. A droite, on compte sur les motivations individuelles, celle des entrepreneurs pour bénéficier des exonérations fiscales par exemple, et sur la possibilité de sortir des territoires." Claude Dilain, sénateur de Seine-Saint-Denis, lui répond que "les conditions de vie dans certains territoires amènent mécaniquement à des échecs scolaires." Il donne l’exemple de famille de 6 ou 7 personnes dans un F4.

Educatif "à toutes les sauces"
Jacques Donzelot considère pour sa part qu’il faut en priorité une présence de 25 heures minimum des enseignants dans les établissements, une plus grande autonomie des collèges et une démarche collective des enseignants. Il souligne qu’en mettant le terme "éducatif à toutes les sauces, on masque le fait que "la réussite est avant tout scolaire." Les actions éducatives ne sont-elles pas du "travail social amélioré" ? Le risque est que les établissements "se débarrassent des cas difficiles sur les personnels extérieurs à l’école".

Jean-Paul Delahaye, directeur général de l’enseignement scolaire, rétorque "on ne peut à la fois demander à l’école de s’ouvrir et en même temps l’accuser de délestage. 6% des collèges reçoivent 75% des élèves favorisés. Et on note les mêmes pourcentages à l’autre extrème."

A propos de l’ouverture de l’école aux parents, Jacqueline Costa-Lascoux, sociologue au CNRS, remarque qu’on ne peut parler des parents en général : "il y a d’un côté les associations de parents d’élèves, qui sont là depuis plus d’un siècle. Et de l’autre les parents lambda, qui sont divers. Il y a des parents trop présents et d’autres qui sont invisibles."

Interrogée sur le concept de confiance, Jacqueline Costa-Lascoux, explique qu’il faut que "les parents soient considérés comme les premiers éducateurs et considérer les enfants dans leur globalité, avec leur histoire, leurs attentes et leurs potentialités hors scolaire. (…) Ce manque de confiance se perçoit dans les évaluations internationales. Les élèves de France sont ceux qui osent le moins répondre lorsqu’ils ne sont pas sûrs de connaître la réponse et sont mauvais à l’oral."
François Dubet, sociologue (EHESS) souligne de son côté que dans notre système scolaire, pour que certains réussissent, "il faut que d’autres réussissent moins et certains se demandent ce qu’ils font là alors que leurs chances sont ridicules. Une grande partie du décrochage est due à cette perte de confiance. Les élèves n’acceptent pas de jouer un jeu auquel ils sont sûrs de perdre".

A propos de la place des parents à l’école, il espère que cela changera les relations au sein de l’école : l’enseignant, au lieu d’enjoindre aux parents d’aider leurs enfants à faire leurs devoirs, leur dira "je vais vous aider à aider vos enfants à faire leurs devoirs. Et les accompagnera davantage dans le choix des orientations." En maternelle, cela pourrait aussi faire changer d’avis les parents, qui restent très attachés à la notation, car c’est leur seul moyen de contrôle.

Jean-Paul Delahaye rappelle qu’une circulaire est en cours de préparation pour créer un espace spécifique pour accueillir les parents dans chaque établissement.

Extrait de touteduc.fr du 166.05.13 La réussite est avant tout scolaire

 

A l’issue du grand rassemblement de la Sorbonne du mercredi 15 mai, en présence de quatre ministres et plusieurs centaines de participants d’horizon divers (Education, Ville, collectivités territoriales), on ne sait toujours pas vraiment ce que signifie la notion de « réussite éducative ». Mais l’objet de cette réunion n’était sûrement pas de parvenir à une définition, plutôt de faire se poser de bonnes questions, en évitant si possible la langue de bois (qui revenait par intermittences) et en ouvrant des perspectives qui passent par la poursuite du questionnement.[...]

La réussite éducative, par exemple, est-ce la même chose que la réussite scolaire, est-ce que c’est davantage, ou autre chose ? Est-ce que cela peut être le renvoi par une Ecole en crise et en proie au doute de ses problèmes à d’autres acteurs, selon l’interrogation iconoclaste de Jacques Donzelot ? Est-ce que cela passe par ces notions plutôt en vogue de « bien être », « confiance en soi », « estime » (un atelier spécialement dédié à ce point-là) ?

Oui, mais n’oublions pas l’importance extrême de réussir à l’école, comme le rappelle Jean-Paul Delahaye, directeur des enseignements scolaires, citant des mères de famille d’un collège de banlieue se demandant si avec le projet novateur présenté par l’équipe enseignante on était toujours dans une « vraie école », avant d’être rassurées ? Et comment justement travailler avec les familles autrement qu’avec cette « stigmatisation compassionnelle » dénoncée par François Dubet ? Ou encore comment évaluer sur le long terme les effets (atelier avec notamment l’intervention de Claude Seibel qui dirige le comité de pilotage des programmes de réussite éducative) ?
De nombreux acteurs donc pour travailler ces questions. On aurait peut-être aimé quelques présentations d’expériences, deux petits bouts de film seulement, c’était un peu juste !

Faisant suite à sa ministre déléguée, George Pau-Langevin, défendant sa politique avec conviction, Vincent Peillon en fin de journée, confie qu’il comprend mieux aujourd’hui ce que peut signifier cette réussite éducative qui marque aussi le refus de cette fausse opposition éducation-instruction qu’il aime à dénoncer. Le même jour, la commission du Sénat insiste, à travers des amendements, sur la nécessaire mixité sociale à l’école. Ne faut-il pas accélerer un peu le mouvement, monsieur le ministre ?

Juste avant les discours de clôture des ministres, nous avons eu droit à une prestation savoureuse d’un Daniel Picouly en grande forme, lui qui se considère comme une anomalie du système scolaire (« venant d’un lycée poubelle, il a réussi à sortir du tri sélectif », il est vrai sans le bac) et qui clame, lui « mec de gauche » à la fois son amour de l’école et sa désolation devant son élitisme croissant. « Finalement, on est un peu des cancres, car on n’arrive pas à diminuer les injustices à l’école ».
Jean-Michel Zakhartchouk

Avec le compte rendu de 2 ateliers
Atelier 1 : persévérance scolaire
Atelier 7 : les pratiques artistiques

Extrait de cahiers-pedagogiques.com du 16.05.13 : Faire réussir : les bonnes questions

 

Journée nationale de « la réussite éducative » : je m’attendais au pire et ce fut plutôt une agréable surprise, un changement de paradigme dans l’approche de ce que doit être la réussite éducative et l’apparition de préoccupations qui ne font pas partie du « code génétique » du système : le Bien-être, la bienveillance, la confiance…

Le protocole : Je sais que certains d’entre vous sont très sensibles au protocole de la « Monarchie républicaine » dont même le président normal ne parvient pas à se dépêtrer. Or donc, accueil à la Sorbonne…Tapis rouge « blasonné » dans le grand hall et huissier en « queue de pie », nœud papillon blanc (ça j’approuve) et épée au côté gauche. Ca va de soi ! Le recteur de Paris n’était pas en toge entouré, comme c’est le cas pour le grand protocole, de deux hallebardiers…Nous n’accueillions que trois ministres ! Cette débauche d’étiquette aurait tendance à me faire éclater de rire si elle ne confinait pas, in fine, au corsetage de l’institution.

Les tables rondes : Une première « Dynamique territoriale et réussite éducative », avec Agnès Van Zanten, Jacques Danzelot, Fréderic Bourtoumieu et Claude Dilain, sénateur. Chacun a joué sa partition, la présence de Claude Dilain, ancien maire de Clichy, pédiatre, a donné de la chair au débat et rappeler quelques évidences en matière de réussite éducative. Les notions de territoires, de cohérence des politiques (empilement des dispositifs qui relèvent de plusieurs ministères qui ne veulent rien lâcher de leurs prérogatives alors que le collectif est la clef de la réussite et qu’il faut un Chef de file), d’autonomie des établissements et de dynamiques locales ont été récurrentes. Donzelot, un brin provocateur, a rappelé que la réussite éducative reposait sur une présence affirmée des personnels dans les établissements (au moins 25 h) et sur le recrutement sur profil d’enseignants motivés. La continuité et la cohérence des actions « temps scolaire », « temps périscolaire » est une des conditions de la réussite, l’investissement et la volonté des maires sont déterminants, ils doivent « aimer l’école » et piloter le PEL qui ne se limite pas au périscolaire mais doit être l’expression globale d’une politique locale d’éducation, temps scolaire compris. Enfin, les ambitions de « bien-être », de bienveillance et de confiance doivent constituer le socle de ce projet.

Une seconde « Réussite éducative : quels enjeux pour les familles ? », avec François Dubet, Jacqueline Costa-Lascoux, Pierre-Yves Madignier et Jean-Paul Delahaye. Dubet a insisté sur le fait que l’Ecole accentuait les inégalités sociales et que pour certains, une Ecole massifiée était une Ecole « envahie » ! Costa-Lascoux a développé la proposition d’une « Ecole hospitalière », ouverte, transparente. JP Delahaye, DGESCO, a insisté sur le fait que la France consacrait à la dépense d’éducation un % du PIB qui se situe dans la moyenne de l’OCDE ( Mais en régression de 0,8% en 5 ans) mais que nos choix « historiques » étaient contestables puisque nous consacrons beaucoup trop de moyens aux lycées (+ 30%, multiplication des filières, des options, des LV étudiées) au détriment des écoles dont le financement est insuffisant ; des révisions douloureuses vont donc s’imposer à périmètre budgétaire constant.

Ont été évoqués les travers du système : notation et appréciations humiliantes, refus de répondre des élèves qui savent ne pas avoir droit à l’erreur, compétition permanente, statut dévalorisé de l’oral, opacité des décisions, orientation contre productive. Dominique Bertinotti , ministre, souhaite que soit renforcée la présence et le rôle des parents au sein des établissements ce qui implique de leur permettre d’acquérir les compétences nécessaires au débat et d’obtenir de la part de l’institution qu’elle rende compte dans un langage accessible à tous.

Extrait de educationetdevenir.fr du 16.05.13 : la journée de la réussite éducative vue par Gérard Moreaur

Voir aussi
Une convention EN / Ville établira une meilleure cohérence entre les dispositifs de réussite éducative (ACSE et collectivités) et les actions de droit commun du MEN (discours d’ouverture de la journée nationale)

Journée nationale de la réussite éducative : les annonces du discours de clôture de George Pau-Langevin

Journée nationale de la "réussite éducative" (MEN et Ministère Ville) : comptes rendus des ateliers 1 (Persévérance scolaire), 3 (Bien-être à l’école), 7 (Pratiques artistiques)

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