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Le rapport Grande pauvreté fait-il l’impasse sur le numérique ? (Bruno Devauchelle)

13 mai 2015

La lecture du rapport sur la grande pauvreté pose plusieurs questions fort intéressantes dont la plus importante est formulée dans la conclusion : "En 1992, nous l’avons rappelé, était publié un premier rapport « grande pauvreté et réussite scolaire ». Vingt-trois ans après, dans un contexte d’aggravation des inégalités sociales et scolaires, notre mission rend des conclusions finalement très proches de celles de 1992. "Et d’enchaîner sur l’idée que rien ne change.
Or entre temps le numérique est arrivé et Internet s’est généralisé. Certes Madame Becchetti Bizot a été auditionnée par le groupe de travail (voir l’interview de la Directrice du Numérique pour l’Education dans ce dossier).

[...] Beaucoup de témoignages recueillis auprès des services sociaux font état de la présence massive d’écrans de grande taille dans les foyers les plus défavorisés, pour peu qu’ils aient un logement fixe. Ce que l’on a pu percevoir, et cela depuis longtemps dans les études sur les raisons d’équipement des familles en informatique d’abord, et par la suite en numérique sous toutes ses formes, c’est l’image sociale de soi.

Exister socialement, c’est posséder et utiliser ces appareils. Si la cour de récréation est un des lieux bien connus de confrontation à ce sujet pour les jeunes (après avoir connu celui de la télévision au début des années 1980) c’est aussi dans les interactions sociales entre adultes que se poursuit cette gestion personnelle d’image de soi. Dès lors que l’habitat devient précaire, voire inexistant ce sont les objets qui disparaissent le plus vite. Certes le téléphone portable parvient parfois à résister à cette exclusion, mais rarement de manière suffisamment opérationnelle. Du coup la grande pauvreté se traduit par une exclusion relationnelle.

[...] En oubliant cela, car centré sur le système scolaire et éducatif, ce rapport semble confirmer une interrogation de plus en plus vive : les analystes de l’école peuvent-ils aller voir en dehors de l’école pour penser les questions qui se posent à la société qui vient ?

Si une partie du rapport est consacrée aux parents, on en sent vite les limites. Pour ce type de travail, difficile de sortir du point de vue académique pour adopter un autre regard. Car le point de vue social, non scolaire sur l’école et son rapport à la grande pauvreté aurait sûrement complété celui-ci. Et l’interrogation des familles les plus défavorisées, hors prisme scolaire, aurait probablement pu révéler la place prise par le numérique dans la société, dans l’insertion sociale actuelle et donc renforcé la nécessité pour le monde scolaire d’interroger tous les volontarismes et plans numériques sous cet angle : accès aux ENT, tablettes, smartphone et autres BYOD sont désormais dans le paysage quotidien ! Mais de quelle population et pour quel projet de société ?

Bruno Devauchelle

Extrait de cafepedagogique.net du 13.05.15 :Le rapport sur la grande pauvreté fait-il l’impasse sur le numérique ?

 

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